ÉQUIPE DE FRANCE FUTSAL

Mouhoudine : « Qui n’aimerait pas cette pression ? »

jeudi 5 octobre 2023 - 10:10 - RÉDACTION
Souheil Mouhoudine

Un match clé contre la Croatie attend les Bleus ce jeudi à Laval (21h05, La Chaîne L’Équipe) dans la course à la qualification à la Coupe du monde 2024. Un rendez-vous qui les met en appétit, à l'image de leur meneur de jeu.

L’Équipe de France arrive à un tournant dans le tour Élite qualificatif pour la Coupe du monde que les Bleus n’ont encore jamais disputée. La double confrontation face aux Croates (ce soir 21h05 à l’Espace Mayenne à Laval, en direct sur la Chaîne L’Équipe et mardi prochain à Zagreb) sera déterminante pour la première place, synonyme de qualification directe, ou pour la deuxième,  synonyme de barrage potentiel.

Souheil Mouhoudine (28 ans, 82 sélections, 45 buts) et ses coéquipiers veulent marquer un grand coup. Cela tombe bien, le meneur de jeu des Bleus est en grande forme.

« Comment qualifier cette double confrontation contre la Croatie : cruciale ? décisive ? déterminante ?
Décisive, on peut le dire. Décisive parce c’est le match que l’on voulait, je l’ai assez répété. On peut continuer à espérer soit cette place actuelle de barragiste, soit de passer premier du groupe et d'essayer de le rester avec notre destin entre nos mains avant les deux dernières échéances (France-Slovaquie le 14 décembre à Laval et Allemagne-France à Dresde le 20 décembre). Ce premier round face aux Croates sera déjà hyper important. Un match avec de la bonne pression, de la pression positive, le genre de pression que tout le monde aimerait avoir. Qui n’aimerait pas ? Ce n’est que du plaisir.

On sent que c’est un match que vous attendez de pied ferme…
Bien sûr. Déjà on a retrouvé notre groupe quasiment au complet depuis notre dernière défaite contre les Croates au Maroc en fin de saison dernière (4-5 au Tournoi de Rabat). C’est un match test face à une belle équipe qui a l’habitude de jouer ce type de compétitions. Cette confrontation nous permettra de jauger notre niveau actuel, de prendre le bon chemin, le chemin celui pour arriver au sommet, pour arriver à cette qualification et pourquoi pas un jour jusqu’à la finale d’une Coupe du monde. On sera obligé de passer par là.

Le secret reste toujours le même : prendre du plaisir et être heureux sur le parquet pour se battre les uns avec les autres, les uns pour les autres.

 

Justement, quel est le niveau actuel de cette Équipe de France ?
On a le niveau international. Celui qui permet de se frotter aux meilleures équipes actuelles. Pour rivaliser, il faut continuer de performer. Le coach le dit souvent : on doit être une équipe imbattable, pas forcément la meilleure, mais une équipe redoutable et redoutée. Il faut que les équipes que l’on affronte se disent : « Ah non ! On ne veux pas la France, on ne veut pas tomber sur cette équipe ! ». C’est ce regard-là, ce sont ces mots-là qu’on veut entendre des autres nations envers nous.

Les résultats de ces derniers mois vous donnent-ils de la confiance ? 
Bien sûr. On le voit au niveau de notre progression. Avec le coach "Raph" (Raphaël Reynaud), on ne comptabilise pas beaucoup de défaites. On a obtenu beaucoup de victoires ou de matches nuls. On est sur une bonne lancée. Ces résultats font du bien au mental. Mais cela reste le passé même si c’est un passé récent. Maintenant, il faut passer au présent et au futur.

7
La France et la Croatie se sont affrontées à 7 reprises. Bilan tricolore : 2G, 1N, 4 D, 18 bp, 27 bc.
4
Les deux équipes ont été opposées 4 fois en compétition, pour 1 victoire française, 1 nul et 2 revers.

Le premier France-Croatie à Laval, le 17 septembre 2022 en amical, avait tourné largement à l'avantage des Bleus, vainqueurs 4-0 (photo Pauline CARRÉ / APL / FFF).

Comment se prépare t-on à ce genre de confrontation importante ?
Le plus important est déjà de savoir où l’on en est actuellement, comment on se trouve, l’état de forme physique. Reprendre la base, les automatismes avec chacun parce que l’on travaille différemment dans les clubs. Le secret reste toujours le même : prendre du plaisir et être heureux sur le parquet pour se battre les uns avec les autres, les uns pour les autres. Le sentiment qui circule entre nous joueurs c’est qu’on veut vraiment aller à cette Coupe du monde. On est conscient que cela passe forcément par un très bon résultat à la maison pour avoir plus de chances à Zagreb et ne pas aller là-bas pour jouer les seconds rôles. Ce n’est pas ce que l’on cherche. On veut tout de suite montrer le tempo chez nous et y aller, comme on dit, avec "la dalle".

Le groupe est plutôt jeune et n’a pas encore l’habitude de ces rendez-vous…
C’est vrai, on a un groupe jeune donc pas habitué à ce type de rencontres, à ce type de pression. Comme dit souvent le coach, ce sont des événements qui nous dépassent sur l’aspect terrain et hors terrain également. Notre jeunesse nous joue des tours parfois. On a pris des cartons jaunes par exemple sur les deux premiers matches de qualification (Abdessamad Mohammed, Ouassini Guirio, Ayoub Saadaoui, Inza Kone, Amine Benslama), on aura des joueurs sous la menace d’une suspension. Donc il faudra bien gérer cette première finale pour avoir tout le monde à Zagreb et au-delà pour finir le tour Élite.

Ce que l’on veut, c’est être à la même table que tout le monde et ça passe par ces matches-là. 

Quel regard portez-vous sur les deux premiers matches en Slovaquie et face à l’Allemagne ? 
Un peu mitigé. Du premier on est sorti avec de la frustration et de la déception parce qu’on avait ce match en mains mais le groupe est jeune et n’a pas été assez concentré du début à la fin. Du deuxième, malgré des petites erreurs, des petits détails, on ne retient que le positif, les trois points qui nous permettent de conserver cette deuxième place. Mais on est assez satisfait quand même car on fait nul en terre slovaque et à domicile on n’a pas beaucoup de défaites. On est assez confiant.

À quelle Croatie vous attendez-vous ? Revancharde après l’épisode de 2017 (la France s’était qualifiée pour la phase finale de l’Euro 2018 en barrages en Croatie) ?
Ils seront, je pense, confiants dans la mesure où ils nous ont battus lors de notre confrontation la plus récente au Maroc. Cela sera une Croatie aux aguets. Sur le papier, ils sont favoris et ça nous arrange puisqu’on a moins de pression pour notre jeune équipe. On est outsider, tout en voulant montrer aux autres nations que l'on n’est pas là pour être à la seconde ou à la troisième place. Ce que l’on veut, c’est être à la même table que tout le monde et ça passe par ces matches-là. 

Que reste-t-il de ce barrage de 2017 et dans quelle mesure peut-il vous servir à l’approche de ce rendez-vous ?
Forcément, on garde toujours en tête 2017, pour ceux qui y étaient, comme moi. Il y a toujours ce regard lointain. On les a privés de cette place à l’Euro, donc forcément ils voudront nous rendre la pareille. Mais je pense qu’on est prêt et on va répondre présent dès jeudi.

Entre-temps, il y a eu deux confrontations plus récentes à Laval en début de saison dernière et au Maroc en fin de saison. Quels enseignements en retirez-vous ?
Le premier match, on gagne 4-0. Il y a le score, la manière, clean sheet, notre premier match à Laval, à guichet fermé, le public qui nous pousse. Rien à dire ! Et au Maroc, on perd et tout de suite on se remet en question, on travaille, on se dit que ce n’est pas la même équipe, que les équipes évoluent, qu’ils travaillent bien aussi de leur côté. Donc à nous de travailler encore plus et de montrer que ce n’était pas un coup de chance la fois d’avant.

82
Souheil Mouhoudine totalise 82 sélections en Équipe de France.
45
Le meneur de jeu tricolore a inscrit 45 buts pour les Bleus.

Les Croates ont pris leur revanche sur Souheil Mouhoudine et les siens (5-4) le 13 avril dernier à Rabat (photo Ludovic BRUNEAU/FFF).

Quand on regarde le classement mondial, les deux nations sont proches (Croatie 14ème, France 15ème). Cela préfigure d’une rencontre serrée ?
Cela se joue à une place ou deux entre nous. Tout le monde veut grimper au classement, c’est le but. À nous de gratter encore des places, de montrer que la défaite au Maroc c’était une erreur et que ça ne se reproduira pas deux fois. Ça sera serré, forcément. On est avantagé à mon avis parce que la première manche sera chez nous. On sera poussé par nos supporters. On doit rester confiant et la tête froide pour ne pas tomber dans des fautes ou de la mauvaise frustration. La gestion des émotions sera importante lors de ce premier round.

À titre personnel, vous restez sur un triplé en championnat et trois buts inscrits avec les Bleus lors des deux derniers matches. En forme au bon moment ?
Que ce soit en sélection ou en club, je me sens bien physiquement et mentalement en ce moment. La préparation porte ses fruits, celle du début de saison avec l’Étoile Lavalloise et celle effectuée avec Arnaud (Arnaud Gaillard, le préparateur physique de l’Équipe de France). C’est le moment de récolter ce que l’on a semé durant cette préparation. Si je peux aider le groupe, c’est le plus important. Les buts inscrits dernièrement sont importants. Sur l’aspect individuel, c’est plaisant car je me rapproche du top 3 des meilleurs buteurs de l’histoire de l’Équipe de France, j’ai des bons coéquipiers qui me font les passes au bon moment, donc une pensée pour eux.

Lorsqu’on entend La Marseillaise a capella, on a les frissons, on est tout de suite concentré, on se dit qu’on aura notre sixième homme avec nous. 

 

Le staff vous accorde une grande confiance. Vous avez plus de responsabilités dans le jeu, dans la vie de groupe ?
Le coach m’en a parlé. Il compte sur moi. Le fait que je sois là depuis assez longtemps maintenant et le fait, aussi, qu’à mon poste de meneur de jeu il y a deux nouveaux qui se sont intégrés, les "frères Mamad" (rires) (Mamadou Touré du FC Barcelone et Mamadou Touré de Nantes Métropole Futsal). Ils sont arrivés sur le poste, sont demandeurs de conseils, d’avis. Il ont toutes les qualités pour jouer ce type de matches et gérer le type de pivots croates. Mais ce sont des jeunes joueurs, il faut toujours être vigilant, un match c’est deux fois vingt minutes. On l’a vu en Slovaquie, on peut se laisser surprendre.

Vous avez l’impression d’être dans une forme de plénitude ou n’a-t'on pas encore vu l’intégralité du potentiel de Souheil Mouhoudine ?
Je l’ai dit à Arnaud (le préparateur physique) lorsqu’on a fait un travail de force cette semaine, Il m’en reste encore "sous le capot". Cela va venir avec ce type de match où je pourrai pleinement me relâcher et montrer l’étendue de ce qu’il me reste sous la semelle (sourire).

Qu’attendez-vous du public à Laval, où vous allez jouer pour la cinquième fois consécutive à guichet fermé ?
À chaque fois, on attend un peu plus de nous et on attend encore un peu plus d’eux aussi (les supporters) sur ce match-là, pour être vraiment dans un chaudron. Pour qu’on les entende quand on est fatigué, que ça nous motive, ça nous galvanise. Il m’arrive parfois d'être "carbo" en power-play,  de ne plus avoir d’énergie. Mais le fait de les entendre crier, de nous encourager, ça redonne du baume au cœur. Lorsqu’on entend La Marseillaise a capella, on a les frissons, on est tout de suite concentré, on se dit qu’on aura notre sixième homme avec nous. 

Vous évoquiez la pression positive, comment ne pas se laisser déborder par l’enjeu ?
On a l’avantage d’avoir un très bon groupe. Certes, c’est l’équipe nationale mais en fait, on est un groupe de potes. Lorsqu’on a un problème, lorsqu’on sent un coéquipier un peu en difficulté, en manque de confiance, on est là pour lui, pour le soutenir. Les cadres sont là pour rassurer, on apprend des jeunes aussi. C’est notre rôle de donner de la confiance, de leur dire « pas de pression, on sait ce que tu as fait pour être dans cette liste ». Franchement, il y a de l’impatience à jouer ces matches, on veut tout de suite montrer qu’on veut cette première place. On veut vraiment bien faire. On a envie. On veut prouver chez nous, devant notre public. On compte sur tout le monde, les joueurs, le staff, dans la salle, devant la télé. Que "ça pète" dans le bon sens ! Il y a une première qualification historique à aller chercher au bout de ce tour Élite. J’ai eu la chance de disputer l’Euro en 2018 mais jamais la Coupe du monde. J’espère qu’on pourra le faire avec ce groupe car on a bien travaillé. On mérite la place à laquelle on est. Mais il faudra plus. Vous n’imaginez pas notre détermination. On a faim ! »

Groupe C : le point

- Samedi 16 septembre 2023 : 

  • Slovaquie - France 4-4
  • Allemagne - Croatie 1-5

- Mercredi 20 septembre 2023 :

  • Croatie - Slovaquie 4-0
  • France - Allemagne 6-2

Classement : 1. Croatie, 6 points (+ 8) ; 2. France, 4 pts (+ 4) ; 3. Slovaquie, 1 pt (- 4) ; 4. Allemagne, 0 pt (- 8)

- Jeudi 5 octobre 2023 :

  • Allemagne - Slovaquie (18h30)
  • France - Croatie (21h05, à l’Espace Mayenne de Laval)

- Lundi 9 octobre 2023 :

  • Slovaquie - Allemagne (18h30)

- Mardi 10 octobre 2023 :

  • Croatie - France (19h00, à la Dom Sportova de Zagreb)

- Jeudi 14 décembre 2023 :

  • France - Slovaquie (21h05, à l’Espace Mayenne de Laval)

- Mercredi 20 décembre 2023 :

  • Allemagne - France (à Dresde)
  • Slovaquie - Croatie

Les premiers de chacun des cinq groupes qualifiés pour la phase finale (14 septembre au 6 octobre 2024 en Ouzbékistan), les quatre meilleurs deuxièmes en barrages (tirage au sort le jeudi 25 janvier 2024 à Nyon, matches aller-retour entre les 8 et 17 avril 2024).

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