Aimé Jacquet : « On peut aller très, très loin »
L'ancien sélectionneur de l'Équipe de France (1993-1998), champion du monde 1998, et Directeur Technique National (1998-2006) porte un regard ému sur l'histoire de la formation française et réaffirme la force du football hexagonal.
Sa parole est rare et d'autant plus précieuse. Aimé Jacquet, l'homme qui a apporté sa première étoile au football hexagonal, était présent au CNF Clairefontaine ce mardi 14 novembre lors de la célébration des 50 ans de la formation française. Pour FFF.fr, il est revenu sur ce demi-siècle de savoir-faire, son rayonnement à l'international tout en rappelant son attachement sans faille à la maison du football tricolore.
« Quel effet cela vous fait-il de revenir ici à Clairefontaine ?
Ici, on est dans la maison du football français qui a été édifiée par des gens merveilleux comme Fernand Sastre ou Georges Boulogne, et toute la grandeur de notre football est passée par là : les entraîneurs, les joueurs, les formateurs … Lorsque je suis revenu ici ce matin, j’étais tellement ému et tourné vers le passé, ce qui n’est jamais mon cas (rires) ! J’aime me projeter, regarder vers l’avant mais aujourd’hui je me suis souvenu de toutes ces personnes qui ont magnifiquement fait bénéficier de leur savoir à cette belle maison. Elle est indestructible et notre football s’appuie dessus.
« Ce que fait Didier Deschamps à la tête de nos Bleus, tout le chemin parcouru par nos filles … c’est extraordinaire ! »
Comme vous vous êtes appuyés dessus pendant des années…
J’ai profité du travail des anciens et tout à fait logiquement les gens utilisent ce que j’ai pu faire de bien pendant mes années à la Fédération. Tant que le chainon ne sera pas brisé, on peut aller très, très loin, et le football français le démontre au plus haut niveau : ce que fait Didier Deschamps à la tête de nos Bleus, tout le chemin parcouru par nos filles … c’est extraordinaire !
Les retrouvailles entre Didier Deschamps et Aimé Jacquet (photo Sandra RUHAUT / ICON SPORT).
Vous continuez à suivre l’évolution du football féminin ?
Bien sûr ! Je suis tous les footballs. Les filles, ça a été mon cheval de bataille pendant longtemps et j’ai apporté tout ce que j’ai pu pour que le football féminin se développe du mieux possible. Et d’après ce que j’ai entendu ce matin, il va continuer à progresser pour aller encore plus haut. La clé, c’est d’être audacieux et d’avoir des principes qui permettent au football de bien prendre sa dimension.
La grande idée, c’est la création de la DTN en 1970 ?
C’est l’idée de Monsieur Boulogne sous la houlette d’un grand président, Monsieur Sastre, de créer la Direction Technique Nationale avec des Conseillers Techniques Régionaux sur tout le territoire. La Fédération est une pyramide parfaitement organisée qui a tissé une toile d’araignée sur la France. C’est magnifique et c’est pour ça que nous avons eu tant de réussite et de bons joueurs : car nous avons eu de bons entraîneurs et formateurs.
« Nous avons reçu ici, à Clairefontaine, tous les pays du monde pour leur montrer notre savoir-faire et le partager au plus grand nombre (...) Il faut célébrer tout ce qui est fait et bien fait par notre football depuis un demi-siècle. »
Vous avez œuvré vous-même en tant que Directeur Technique National pendant huit ans.
Oui, comme beaucoup d’autres. Je suis très fier de mon passage à la Direction Technique Nationale, et pourtant je l’ai refusé à de très nombreuses reprises ! Je ne me sentais pas assez compétent pour le poste. Finalement j’ai accepté car on m’a très bien entouré et j’y ai passé d’excellents moments.
Avec à la clé de belles réussites que nous fêtons aujourd’hui.
Nous, les Français, avons une grande tendance à nous dénigrer alors que nous avons reçu ici, à Clairefontaine, tous les pays du monde pour leur montrer notre savoir-faire et le partager au plus grand nombre. Des journées comme celle d’aujourd’hui sont indispensables : il faut célébrer tout ce qui est fait et bien fait par notre football depuis un demi-siècle. »
