FFF

Formation féminine et mixité 

mardi 14 novembre 2023 - 15:00 - Claire GAILLARD
50 ans formation française table ronde football féminin et mixité

Ce qu’il faut retenir de la table ronde sur le système de formation au féminin et la mixité organisée mardi 14 novembre au CNF Clairefontaine dans le cadre des 50 ans de la formation française. 

Il était 10h26 quand Philippe Diallo, le président de la FFF, a ouvert la journée dédiée au demi-siècle anniversaire de la formation française. « Je suis fier de vous souhaiter la bienvenue, à vous membres de la famille du football, a-t-il déclaré. Nous voulions réunir les anciens pensionnaires de l’INF, leurs encadrants et entraîneurs pour mettre en avant ce système de formation qui nous a permis de faire rayonner les couleurs françaises sur tous les terrains et dans le monde. À travers vos exploits, beaucoup de Français se sont rassemblés autour de nos équipes. »

« La formation fait partie du patrimoine de notre Fédération, a poursuivi Hubert Fournier, le directeur technique national. Dans notre modèle systémique, tous les acteurs ont un rôle prépondérant : les clubs amateurs, dès les écoles de foot, les districts et ligues, les sections sportives ainsi que l’INF et les Pôles Espoirs. Le modèle tient à chaque rouage qui a sa part dans la réussite de la formation française. »


Philippe Diallo, le président de la FFF (photo Sandra RUHAUT / ICON SPORT).

Après cette introduction, deux tables rondes animées par Anne-Laure Bonnet étaient au programme de la matinée. La première portait sur la formation féminine et la mixité. Elle réunissait :

  • Peggy Provost : sélectionneure championne d’Europe féminin avec la sélection U17 en 2023, groupe de développement des U15 féminines, ex-défenseure internationale (91 sélections)
  • Sabrina Delannoy : directrice sportive adjointe de la section féminine du PSG, ex-défenseure internationale (39 sélections)
  • Christian Bassila : directeur de l’INF depuis 2019
  • Jean-Michel Aulas : membre du Comité exécutif de la FFF, président de la Commission du Haut-niveau féminin

Ces personnalités ont livré leur regard d’experts sur quatre thématiques.

 Les constats techniques du football féminin 

Peggy Provost : « Le point de départ historique, c’est la victoire lors de la Coupe du monde 1998. Sous l’impulsion d’Aimé Jacquet, alors directeur technique national, et d’Élisabeth Loisel, sélectionneure de l’Équipe de France féminine, la FFF lance le 1er plan de féminisation et ouvre le 1er Pôle France à Clairefontaine. Les Bleues venaient de se qualifier pour la première fois pour le Championnat d’Europe (en 1997) et on décroche ensuite notre billet pour la Coupe du monde (en 2003). On travaille sur la formation féminine. Au total, 8 pôles sont créés. Cela nous a permis de remporter des titres : 5 sacres européens avec les U19, un titre mondial avec les U18 et l’année dernière, celui tant attendu en U17. Après avoir gagné chez les jeunes, on essaie d’emmener ces joueuses en Équipe de France A pour aller décrocher un titre. Pour performer, on s’est intéressé à ce qui se faisait chez les garçons. Peut-on préparer les joueuses plus tôt ? Oui. C’est la voie que nous avons empruntée. On travaille désormais à l’INF sur la préformation, on les prépare pour les centres de formations. Ici, on prône la mixité dans la pratique, dans l’encadrement, dans la formation, dans l’éducation. Laura (Georges, Secrétaire générale de la FFF) ou moi sommes des enfants de Clairefontaine, nous avons grandi ici et oeuvrons aujourd'hui pour permettre au football féminin de grandir encore. D'autres anciennes joueuses ou internationales sont très impliquées comme Sabrina Delannoy au PSG, Sonia Bompastor ou Camille Abily à l'Olympique Lyonnais... »


Peggy Provost et les U17 féminines mises à l'honneur au CNF en juin 2023 après leur sacre à l'Euro U17 (photo FFF).

 Le nouveau parcours de formation et la création des centres 

Sabrina Delannoy : « La Fédération et les clubs travaillent ensemble pour améliorer et augmenter le nombre d’années de formation des joueuses. Aujourd’hui, au PSG, on en a 14 en préformation à l’INF. L’idée, c’est d’optimiser leur parcours, la FFF a soutenu la création des centres dans les clubs. Six agréments ont été délivrés cette saison à des clubs de D1 Arkema (Girondins de Bordeaux, FC Fleury 91, Olympique Lyonnais, Montpellier HSC, Paris FC, Paris SG), deux autres le seront la saison prochaine. Cela va nous permettre d’améliorer les infrastructures, les conditions d’accueil… Au PSG, nous sommes passées d’un effectif de 20 joueuses en sections sportives à 34 joueuses formées, on améliore la quantité mais aussi la qualité. On a par exemple recruté Sonia Haziraj pour améliorer l’encadrement. Il ne s’agit pas uniquement de les former mais aussi de les accompagner d’un point de vue scolaire. Au PSG, on mixe filles et garçons dans les classes. Je reviens à Clairefontaine vingt ans plus tard, j’ai été formée ici durant 4 années de 16 à 20 ans, mon passage à l’INF m’a fait grandir. Aujourd’hui, je suis heureuse de participer à l’amélioration des conditions de formation de nos joueuses. »


Sabrina Delannoy (photo Sandra RUHAUT / ICON SPORT).

 La mise en place de l’INF mixte 

Christian Bassila : « C’est le projet initié par la Direction technique nationale de faire passer l’INF en premier centre de préformation mixte. Quand elles entendent mixité, beaucoup de filles pensent qu’elles vont s’entraîner avec les garçons. Alors, l’INF mixte c’est quoi ? Un concours garçons, un concours filles et ensuite capitaliser sur 50 ans de formation à la française. On avance avec des jeunes filles, issues de la région Île-de-France, éloignées de leur famille souvent pour la première fois, qui découvrent la préformation, on va donc être attentifs à leur bien-être. On a été surpris par le niveau technique des filles. Elles ont une manière différente d’apprendre, font preuve de plus de concentration, d’attention, elles ont transmis ça aux garçons. Elles sont plus studieuses avec l’envie de bien faire. »


Christian Bassila (photo Sandra RUHAUT / ICON SPORT).

 Le développement du football féminin et la concurrence européenne 

Jean-Michel Aulas : « Pour pouvoir développer des centres de formation avec des investissements conséquents, il faut que l’éco système soit présent à tous les niveaux : il y a la formation et le football professionnel. C’est celui qui va irriguer l’ensemble du football féminin. On a mis en place un plan de développement à la FFF. En un an, on a changé les structures du championnat, réformé l’organisation des compétitions, créé les premiers centres de formation, une D2 à poule unique, une D3 « professionnelle » où les clubs qui disposent d’un centre de formation peuvent participer, et instauré des play-offs. À l’échelle européenne, on est à un moment charnière, on ne doit pas se laisser distancer par d’autres grandes nations qui se donnent les moyens d’avoir des compétitions compétitives. La France compte 3 représentants en Ligue des champions cette année, c’est la seule nation et ce n’est pas par hasard ! Nous avons l’objectif de doubler le nombre de licenciées féminines : 500 000 à horizon 2028. Enfin, le 10 juin dernier, la FFF a acté la création d’une Ligue professionnelle féminine qui doit voir le jour au plus tard le 1er juillet 2024. »


« L'OL a été la phase expérimentale pour démontrer que le foot féminin pouvait aller conquérir des titres et créer les conditions d’une équité », a déclaré Jean-Michel Aulas qui a tout gagné avec l'équipe féminine du club rhodanien (photo Sébastien RICOU / APL / FFF). 

Tout sur les 50 ans de la formation française

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