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Jean-Pierre Papin : « Des qualités, j'en avais mais... »

jeudi 16 novembre 2023 - 14:46 - Claire GAILLARD
Jean-Pierre Papin 50 ans de la formation française

Pensionnaire de l’INF Vichy entre 1981 et 1984, l’ancien avant-centre des Bleus est le seul joueur français passé par l’Institut à avoir remporté le Ballon d’Or. Il ouvre le livre des souvenirs, loue ses formateurs et vante les qualités de la nouvelle génération tricolore.

En cette journée anniversaire, c’était l’une des figures attendues au Centre National du Football mardi 14 novembre. Lui n’a pas connu l’INF Clairefontaine mais celui de Vichy un peu moins de dix ans après son ouverture en 1972. Jean-Pierre Papin y a passé trois années, de 1981 à 1984, accompagné des Jean-Claude Nadon, Didier Tholot et Thierry Ganthier. À tout juste 60 ans (il les a fêtés le 5 novembre), « JPP », désormais conseiller du président Pablo Longoria à l’Olympique de Marseille où il a été l’attaquant vedette durant six ans (1986-1992), se remémore son passage à l’Institut national du football qui lui a ouvert les portes de la carrière dont il rêvait.

« Nous célébrons aujourd’hui les 50 ans de la formation française, ressentez-vous une émotion particulière ? 
Sincèrement pour moi, c’est une période qui a énormément compté, certainement l’une des plus importantes de ma vie car ces trois années-là m’ont donné la possibilité d’enchaîner très vite sur la carrière que je pouvais envisager d’avoir plus jeune.

La fiche de Jean-Pierre Papin

Vous avez la particularité d’être le seul Ballon d’Or français (1991) passé par l’INF. Qu’est-ce que cela représente pour vous ? 
Cela représente une grande fierté, pour moi mais surtout pour mes coaches. Des qualités, j’en avais mais ils m’ont beaucoup appris. C’est un trophée très individuel mais s’il n’y a pas la contribution de tous, vos coéquipiers et vos entraîneurs, ce n’est pas pareil. Mes formateurs m’ont apporté des connaissances, celles du mouvement, des déplacements, des placements, les rudiments d’un joueur de football.

Quels souvenirs gardez-vous de votre passage à l’INF Vichy (1981-1984) ?
Aujourd’hui, on connaît plus l’INF Clairefontaine, moins Vichy. Quand on entrait à l’Institut à notre époque, on était âgé de 17 ans alors qu’à Clairefontaine, ils avaient 13 ans. C’était donc différent car on était presque des hommes. Comme l’ont très bien défini d’autres avant moi, c’est une période de ta vie où tu apprends très vite à devenir un homme car tu viens de quitter ta famille, il faut que tu deviennes autonome rapidement et le faire avec des copains, c’est toujours plus sympa et facile.

Êtes-vous toujours en contact avec les joueurs de votre promotion ? 
J’étais en contact avec 2 ou 3 mais il y a peu, on a été nombreux à vouloir se retrouver, c’était intéressant. C’est le phénomène des réseaux sociaux qui permettent plus facilement de retrouver quelqu’un qu’on a côtoyé.


Les anciennes promos de l'INF mises à l'honneur au CNF Clairefontaine (photo Sandra RUHAUT / ICON SPORT).

Vous reconnaissez-vous quand on parle d’ADN de formation à la française ? 
Oui, je pense qu’on a fait partie des bons exemples. Ce qu’on a vécu a permis à d’autres d’éviter les pots cassés. On l’a fait nous, on l’a très bien supporté d’ailleurs, il n’y a pas de soucis (il rit) mais on était un peu en phase de test avec ces centres de formation. Cela ne nous a pas empêchés de faire des carrières plutôt intéressantes pour la plupart.

Avez-vous été marqué par un formateur à l’époque ? 
Mon coach, Monsieur (André) Merelle, m’a beaucoup appris mais j’ai la particularité durant mes trois années d’avoir côtoyé les trois entraîneurs formateurs puisque je jouais plus ou moins au-dessus à chaque fois car il n’avait pas d’attaquant à l’époque. On était deux avec Didier Tholot, on faisait le saut pratiquement tous les dimanches. On a eu l’occasion de travailler avec les trois coaches à la fois et c’était plutôt sympa de bénéficier de cette pluralité de compétences.

« À l’étranger, c’est toujours difficile de s’imposer (…) La chance qu’on a eue, c’est que la formation française nous a transmis des valeurs qui nous ont servis notamment une approche mentale à toute épreuve. »

 

Durant votre carrière, vous avez évolué en France mais aussi au FC Bruges (1985-1986), à l’AC Milan (1992-1994) et au Bayern Munich (1994-1996). Avez-vous senti que le joueur français était apprécié ? 
À l’étranger, c’est toujours difficile de s’imposer ! Quand tu disputes un match, ils se moquent de ta nationalité. La chance qu’on a eue, c’est que la formation française nous a transmis des valeurs qui nous ont servis notamment une approche mentale à toute épreuve. À l’étranger, si tu n’es pas costaud dans ta tête, cela peut vite devenir très compliqué.

En tant qu’ancien joueur mais aussi entraîneur, quel regard portez-vous sur la jeune génération ?
Je trouve que cette génération travaille très bien, elle est très forte aussi bien physiquement que techniquement. Il suffit d’observer les joueurs qui arrivent en Équipe de France, chez les Espoirs ou en sélections nationales jeunes. On a l’impression qu’ils ne font pas partie des mêmes catégories, comme s’ils étaient déjà au-dessus.


Didier Deschamps et Jean-Pierre Papin sous le maillot bleu lors du Championnat d'Europe 1992 (photo Archives FFF).

Quels conseils donneriez-vous aux joueurs de demain ? 
Amusez-vous ! Le football est un jeu. Parfois l’enjeu prend le pas sur le jeu, c’est dommage. Tant qu’on arrive à jouer, on prend beaucoup de plaisir. Je suis un amoureux du jeu mais surtout du foot en général (il sourit).

« Que peut-on faire de plus ? Je pense qu’on est arrivé à des sommets. On doit se maintenir à ce niveau »

 

Voyez-vous des axes d’amélioration ou des pistes pour l’avenir de cette formation française ? 
Que peut-on faire de plus ? Je pense qu’on est arrivé à des sommets. Je ne pense pas qu’il faille aller au-dessus mais on doit se maintenir à ce niveau.

Pensez-vous qu’avec Kylian Mbappé, l’Équipe de France détient aujourd’hui celui qui va marcher dans vos traces, formé à l’INF et un jour Ballon d’Or ? 
Oui, oui, oui ! J’espère qu’il me rejoindra bientôt. »

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