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21 juin 1986, football samba et final en java

dimanche 21 juin 2020 - 09:00 - Richard LOYANT
France-Brésil, quart de finale de la Coupe du monde 1986

Un jour de Fête de la musique, Français et Brésiliens ont livré un quart de finale de la Coupe du monde 1986 que Pelé a qualifié de "match du siècle".

Il fait aussi chaud en soirée à Paris comme dans l’après-midi de Rio ce 21 juin 1986 lorsque se présentent sur la pelouse du stade Jalisco de Guadalajara la France et le Brésil, dans une touffeur mexicaine écrasant largement les degrés enregistrés au même moment par les thermomètres des métropoles des deux pays. C’est un jour de Fête de la musique, propice à ces deux formations virtuoses pour livrer une symphonie qui restera dans les mémoires collectives.

L’enjeu est une qualification pour les demi-finales d’un Mondial, atteintes par la France quatre ans auparavant et que le Brésil, triple champion du monde, n’a plus fréquentées depuis 1978. Les deux équipes se sont rencontrées une seule fois jusqu’alors dans cette compétition, pour une défaite des Bleus des Kopa, Jonquet, Piantoni et Fontaine face aux Auriverdes des Gilmar, Garrincha, Vava et du débutant qui allait devenir "le Roi" Pelé, en 1958 en demi-finale (2-5).

Le onze brésilien au coup d’envoi (de gauche à droite) : Josimar, Socrates, Elzo, Julio Cesar da Silva, Edinho, Branco, Carlos Roberto Gallo (debouts), Müller, Junior, Careca, Alemao – Photo Stringer/AFP.

À la flamboyance annoncée des Socrates, Zico (entré en jeu) et autres Careca, les Tricolores opposent un "carré magique" éprouvé lors du Mondial précédent, au sein duquel Bernard Genghini a cédé la place à Luis Fernandez aux côtés d’Alain Giresse, Michel Platini et Jean Tigana.

L’Équipe de France de départ (de gauche à droite) : Manuel Amoros, Joël Bats, Patrick Battiston, Maxime Bossis, Thierry Tusseau, Luis Fernandez (debouts), Alain Giresse, Michel Platini, Dominique Rocheteau, Yannick Stopyra, Jean Tigana – Photo Stringer/AFP.

Les Brésiliens vont donner le tempo, ouvrant le score sur une action à une touche de balle conclue par Careca avant que vingt minutes ne se soient écoulées.

Manuel Amoros et Joël Bats dépassés par la vista brésilienne pour l’ouverture du score de Careca (1-0, 17e) – Photo AFP/Staff.

D’abord asphyxiés par ce rythme effréné et sauvés par le poteau sur une tentative de Muller (32e), les Tricolores règlent peu à peu leur partition jusqu’à égaliser peu avant la mi-temps sur un centre de Dominique Rocheteau, repris au second poteau par leur capitaine Michel Platini. C’est le premier but, et ce sera le seul, encaissé dans le cours du jeu par le Brésil durant ce tournoi.

Michel Platini devance Alemao et inscrit le 41e et dernier but de sa carrière sous le maillot bleu (1-1, 41e), record qui ne sera dépassé qu’en 2007 par Thierry Henry – Photo AFP/Georges Gobet.

La seconde période ne sera qu’une débauche de jeu, d’attaques et de contre-attaques sans limites, avec une qualité technique rarement vue et dans un engagement total des deux camps. Les Bleus restent aussi dans le match grâce à la barre transversale repoussant une tête de Careca (70e).

Yannick Stopyra et Luis Fernandez à l’affût du gardien brésilien Carlos Roberto – Photo AFP/Georges Gobet.

Il reste vingt minutes de ce spectacle haletant lorsque Joël Bats touche Branco dans la surface. Penalty pour les Brésiliens, qui exultent avant même que Zico ne s’avance pour exécuter la sentence. Mais Bats repousse le tir, en prémices d’une rencontre allant se conclure aux tirs aux buts. Un exercice fatal aux stratèges des deux équipes. Platini, blessé avant ce match, rate le sien, et Socrates se heurte à un Bats en état de grâce.

Joël Bats détourne d’une manchette le tir au but de Socrates – Photo AFP/Stringer

Les autres tireurs des deux équipes ayant fait mouche – Yannick Stopyra, Manuel Amoros et Bruno Bellone répondant à Alemao, Zico et Branco –, l’égalité est parfaite lorsque Julio Cesar voit sa tentative repoussée par le poteau. S’avance alors le "petit bonhomme" ayant "la qualification au bout du soulier", selon les mots de Thierry Roland, commentateur TV de l’époque. Un "OUI ! mon petit bonhomme, bravo !", scande la réussite de Luis Fernandez, qui envoie les Bleus en demi-finale d’un Mondial pour la troisième fois de leur histoire (1-1, 4 tab 3), après 1958 et 1982.

Luis Fernandez concrétise, la France est en demi-finale du Mondial 1986 au Mexique – Photo AFP/Jorge Duran

À l’issue, Socrates en grand seigneur dira : "Platini est tout simplement un génie et il est impossible de marquer un génie". Son compatriote Pelé, auteur d’un triplé face aux Bleus lors de la demi-finale de 1958 et depuis triple champion du monde, qualifiera cette rencontre de "match du siècle". Et de folles musiques résonneront jusqu’au bout de la nuit dans les villes françaises, dont les échos ne se sont toujours pas estompés aujourd’hui.

La fiche technique

21 juin 1930, les passagers d’un nouveau monde

Quatre pays européens participent à la première Coupe du monde, en 1930. L’Équipe de France est du voyage, avec les sélections de Belgique, de Roumanie et de Yougoslavie. Le 19 mai, le Bureau fédéral a validé la participation des Bleus mais il ne reste alors qu’un mois aux dirigeants du football français pour organiser le périple en Uruguay.

Ils multiplient les démarches et bataillent ferme afin d’arracher la libération des joueurs auprès de leurs employeurs. Gaston Barreau n’a pas cette chance. Bloqué par le Conservatoire national de musique, le technicien de la sélection se résigne à voir le paquebot italien SS Conte Verde prendre la mer sans lui, le 21 juin 1930.


Les équipes de France (au centre, en gris), de Belgique et de Roumanie réunies sur le pont du Conte Verde – Photo Archives FFF.

Le 13 juillet à Montevideo, le match France-Mexique marque le coup d’envoi de la première Coupe du monde. L’Uruguay entre dans l’histoire en l’emportant face à l’Argentine (4-2), mais l’aventure reste belle pour les Tricolores. Ils signent le premier but par Lucien Laurent et la première victoire de l’épreuve, face au Mexique (4-1).

(Avec D. B.)

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