ÉQUIPE DE FRANCE FÉMININE

Marie Petiteau : « Un jour, je suis arrivée avec une paire de gants »

jeudi 28 décembre 2023 - 09:55 - Claire GAILLARD
Marie Petiteau portrait

De ses débuts au foot en 2008 à sa découverte de l’Équipe de France féminine à l’automne en passant par ses premiers matches en D1 Arkema cette saison, la jeune gardienne internationale du Montpellier HSC se raconte. 

Tout va très vite pour Marie Petiteau qui enchaîne les premières cette saison. Premier match en D1 Arkema avec Montpellier, où elle est revenue l’été dernier après son prêt à Saint-Malo, le 16 septembre contre Dijon. Première convocation en Équipe de France féminine dans la foulée pour participer aux trois premiers jours de stage à Clairefontaine avant d’être appelée en octobre puis en novembre afin de pallier les forfaits de Pauline Peyraud-Magnin et de Constance Picaud. Et voilà une première interview. Sa place de titulaire au MHSC, son statut de deuxième plus jeune joueuse des Bleues derrière Vicki Becho, ses études comme kinésithérapeute, la gardienne (21 ans), qui avait pour modèle Hugo Lloris et Manuel Neuer, retrace son parcours. L’histoire commence quand ses parents l’inscrivent avec son jumeau dans le même club que leur frère aîné. La petite Marie a alors 6 ans et quatre ans plus tard, elle enfilera des gants qu’elle n’a plus jamais quittés.  

« Comment en êtes-vous venue au football ?
J’ai commencé le football à l’AS AML pour Avensan-Moulis-Listrac, un club fruit de l’entente de trois villages, à l’âge de six ans. J’ai deux frères dont un jumeau. Mon grand frère faisait déjà du foot et nos parents nous ont inscrit avec lui. J’ai joué en mixité avec les garçons jusqu’à mes 15 ans. Durant mes années lycée, j’ai rejoint le Pôle Espoirs de Blagnac et les Girondins de Bordeaux pendant trois ans (2017-2020) avant de signer mon premier contrat à Montpellier à 18 ans. J’ai fait une année au MHSC où j’étais troisième gardienne et n’ai pas pu vraiment jouer avec les jeunes car c’était l’année du COVID où le championnat a été arrêté. Je suis ensuite partie en prêt à Saint-Malo pendant deux ans (2021-2023) afin d’avoir du temps de jeu. Et depuis cet été, me voilà de retour à Montpellier.

La fiche de Marie Petiteau

Quel souvenir marquant gardez-vous de vos années de formation ? 
Je n’en ai pas un en particulier mais les années avec les garçons sont vraiment celles où je me suis formée et où j’ai le plus progressé. Eux d’un coup prennent du gabarit et nous, les filles, avons disons un peu de retard. Heureusement que j’ai joué avec eux pendant longtemps, cela m’a forgée et endurcie.

« Je me souviens que lorsqu’on affrontait une autre équipe, les garçons d’en face disaient : ‘‘C’est une fille aux cages, ça va être facile’’ ! J’y puisais une motivation supplémentaire et je leur prouvais le contraire. »

 

Quand êtes-vous devenue gardienne ? 
J’ai commencé vers 10 ans, je ne sais pas exactement comment ça s’est passé mais apparemment un jour, je suis arrivée avec une paire de gants à l’entraînement et je ne l’ai plus quittée (elle rit) ! Si je suis restée à ce poste, c’est que je m’y sentais bien. Je me souviens que lorsqu’on affrontait une autre équipe, les garçons d’en face disaient : ‘‘C’est une fille aux cages, ça va être facile’’ ! J’y puisais une motivation supplémentaire et je leur prouvais le contraire. J’étais aussi protégée par mes coéquipiers, notamment mon frère qui jouait dans l’équipe. Il était défenseur central, c’était plus facile de lui crier dessus. Du coup, il prenait un peu pour les autres.

Ce poste constitue un rôle à part. Le percevez-vous ainsi ? 
Oui, c’est un rôle à part. L’entraînement est spécifique, la musculation est différente, les retours vidéos sont propres aux gardiennes comme les échauffements d’avant-match. On est un peu une secte au sein du groupe ! C’est un poste particulier, ingrat parfois, il faut aimer ça et avoir sa conscience tranquille. Cela peut être difficile de prendre du recul, on a souvent besoin d’un avis extérieur pour juger sa propre prestation. On a besoin de comprendre que ce n’est pas parce qu’on a encaissé un but qu’on est forcément fautive.

« À Saint-Malo, j’ai appris à gérer ma vie, mes études et le foot. Ce sont trois choses différentes mais complémentaires et essentielles à mon bien-être. »

 

Racontez-nous vos saisons à Saint-Malo qui ont marqué vos premiers pas en D2 féminine.
Je suis arrivée après une année où je n’avais pas joué mis à part deux matches avec les jeunes et la D2 est un monde différent. On s’entraînait le soir, tout était fait pour que l’on puisse suivre un double projet. J’ai été super bien accueillie à Saint-Malo, c’est une très belle ville et on s’y sent bien. Tout cela a facilité mon intégration. Avec l’enchaînement des matches, il faut être attentive à la récupération et au hors foot. C’est une question d’habitude. Je suis allée à Saint-Malo pour avoir du temps de jeu, progresser et aussi suivre mes études de kinésithérapeute. Le programme était assez chargé. J’ai appris à gérer ma vie, mes études et le foot. Ce sont trois choses différentes mais complémentaires et essentielles à mon bien-être.

Après cette expérience, retour à Montpellier, un club que vous avez redécouvert…
J’ai senti le changement en revenant à Montpellier l’été dernier. Le staff avait changé, l’effectif aussi mais c’est surtout le rythme qui était différent avec les entraînements le matin, la vitesse de jeu, la prise d’informations qui doit être beaucoup plus rapide, le jeu au pied également. Tout va plus vite. Il faut être beaucoup plus précise, attentive et réactive. Heureusement qu’il y a eu la préparation cet été pour avoir le temps de s’habituer, se régler afin d’être prête pour le premier match de la saison.


Durant la préparation estivale contre le PSG fin août (photo Daniel DERAJINSKI / ICON SPORT). 

Ce premier match est intervenu contre Dijon, le 16 septembre. 
En début de saison, il n’y avait pas forcément de hiérarchie établie mais l’autre gardienne partait pour être numéro 1 car elle a davantage d’expérience, est plus âgée… Toutefois le staff laissait la porte ouverte. J’ai été régulière lors de la préparation et ils nous ont annoncé dans la semaine que j’allais jouer. Ça s’est super bien passé. Un clean sheet pour débuter (2-0), ça fait plaisir. On espère que ça dure le plus longtemps possible ! Bon, ça ne s’est pas forcément passé comme ça mais on apprend. Depuis, j’ai enchaîné les matches. Je sens la confiance du coach et de mes coéquipières.

« Notre objectif, c’est de disputer les play-offs. Pour cela, on vise la quatrième place. On a concédé des nuls face à des équipes qu’on aurait pu battre. On est un peu déçues mais on regarde devant »

 

Comment jugez-vous la première partie de saison du MHSC (5e de D1 Arkema) ? 
On n’a pas forcément pris les points où on pouvait les prendre. On est un peu en-dessous de là où on aimerait être. Notre objectif, c’est évidemment de disputer les play-offs. Pour cela, on vise la quatrième place. On a concédé des nuls face à des équipes qu’on aurait pu battre. On est un peu déçues mais on ne s’attarde pas là-dessus et on regarde devant. Il reste des matches, tout est encore possible, c’est serré au milieu de tableau. Il suffit de pas grand-chose, que les autres fassent des erreurs et que nous soyons solides lors de nos prestations. On a plein d’individualités très, très fortes, c’est ce qui peut faire la différence notamment grâce à notre vitesse et la gestion de la profondeur.


Ici face à Saint-Étienne en D1 Arkema (photo Romain BIARD / ICON SPORT). 

Après 10 matches joués en 11 journées de championnat, dans quel état d’esprit êtes-vous ? 
Avec la confiance, on joue de manière relaxée sur le terrain, sans pression. Je connais toutes les joueuses désormais, leurs points forts et leurs points faibles, je sais sur quel pied jouer. Cela pousse à vouloir continuer sur cette lancée. J’ai trouvé des repères. Lyon, le PSG, le Paris FC avant la trêve, c’étaient de gros morceaux avant la trêve. Contre l’OL, j’encaisse 5 buts mais je fais quand même une dizaine d’arrêts ! C’est du très, très haut niveau Lyon, l’une des meilleures équipes du moment. J’apprends.

Vous êtes passée par les sélections jeunes U16, U19, U20 et U23 avant que les portes de l’Equipe de France féminine s’ouvrent cet automne… 
J’ai commencé en sélection chez les jeunes, cela a été un long apprentissage car j’avais des difficultés au début. J’ai dû beaucoup travailler sur mon aspect mental. Jusqu’aux U23, il me manquait ce petit truc pour pouvoir atteindre les A. Je pense qu’il y a eu un déclic à mon arrivée à Montpellier vu que j’ai réussi à enchaîner les matches. C’est comme si une barrière mentale avait sauté. J’ai d’abord été appelée pour prendre part à trois jours du rassemblement avant de figurer dans le groupe. 


Septembre 2023, premier entraînement avec l'Équipe de France féminine sous les ordres de Gilles Fouache en charge des gardiennes (photo Tim GUIGON / FFF). 

Qu’avez-vous ressenti lors de ce premier entraînement avec les Bleues ? 
Étrangement, je n’étais pas du tout stressée sur le terrain, ce qui est contraire à ma personnalité ! Je suis arrivée très à l’aise, relâchée. La secte des gardiennes m’a intégrée très rapidement, cela m’a aidée. Ça s’est très bien passé, les joueuses ont toutes eu un petit mot pour m’encourager. Je suis la deuxième plus jeune joueuse du groupe mais ne le ressens pas. Je suis dans l’observation, j’essaie de prendre du recul, d’analyser, de comprendre. Ma place n’est pas acquise, je suis là pour apprendre avec l’envie d’y rester.

Que pensez-vous du parcours de la France lors de la Coupe du monde l’été dernier ? 
Elles ont réalisé un très beau parcours. Ça s’est fini un peu sèchement en quarts de finale à l’issue de la séance de tirs au but (0-0, 6 tab 7 contre l’Australie). Cela m’a rappelé un peu notre Coupe du monde 2022 avec les U20 (3-3, 3 tab 5 en quarts de finale face au Japon). J’ai encore notre élimination en travers de la gorge. Du coup, j’imagine ce qu’elles ont ressenti mais elles nous ont quand même fait rêver.

Après le Final Four en février, les Jeux Olympiques, l’été prochain, sont-ils votre objectif ? 
Ce n’est pas qu’un simple objectif, c’est un évènement majeur qui reste dans un coin de la tête.


La joie dans le vestiaire du Roazhon Park après la qualification pour le Final Four de Ligue des nations (photo Tim GUIGON / FFF). 

Que peut-on vous souhaiter pour 2024 ? 
De la réussite (rires) ! De continuer d’enchaîner, de progresser, de travailler et de revenir en sélection.

Quels sont vos axes de progression ? 
Mon agressivité, dans le bon sens du terme, notamment dans les duels aériens et les uns contre uns. Ne pas hésiter à y aller encore plus ! »

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