Rio Mavuba : « Les joueurs attendent de la compétence »

Ses crampons raccrochés en 2019, l’ancien milieu international, en plus de ses activités dans les médias, a choisi de se former au métier d’entraîneur. Responsable de la préformation aux Girondins de Bordeaux, il se délecte de ses nouvelles responsabilités, qui dépassent le cadre du terrain.

« En 2018, vous avez mis un terme à votre carrière de joueur mais vous êtes resté près des terrains. Pourquoi ?
C’est d’abord une histoire de passion et d’amitié. Passion pour le foot et amitié avec Antoine Verges, avec qui je jouais petit aux Girondins avec Mathieu Valbuena. Antoine entraînait à Mérignac-Arlac. J’ai joué une saison puis je suis devenu son adjoint. Ça s’est fait très naturellement. Je passais mon BEF, je mettais le pied à l’étrier. Entraîner, ça m’a plu d’emblée. Quand un ancien pro devient entraîneur, sa carte de visite lui donne une crédibilité mais ça ne dure qu’un temps. Après, les joueurs attendent de la compétence. 

En octobre 2020, vous avez retrouvé les Girondins de Bordeaux...
J’avais une reconversion prévue au LOSC mais il n’y avait pas de place dans l’organigramme du club. On a trouvé un arrangement. Bordeaux, par l’intermédiaire de Souleymane Cissé, s’est manifesté. C’était plus qu’une chance de revenir dans le club où j’avais commencé à 9-10 ans et avec lequel j’étais devenu international. Je suis revenu avec l’envie de donner à mon tour.

Vous êtes désormais responsable de la préformation.
J’ai commencé comme adjoint en équipe réserve, l’année où je passais mon DES. Puis, j’ai secondé Romain Ferrier en U19. Quand j’ai décidé de passer mon BEFF (Brevet d’entraîneur formateur de football) en 2022, le club avait besoin d’un formateur à la préformation. Ce rôle me plaît. On donne un premier jugement sur les futurs joueurs du centre de formation, on suit la progression de ceux qui ont signé un accord de non-sollicitation, ceux que l’on aurait pu rater, également. On avance avec les adolescents sur un triple projet : sportif, scolaire et social. Le but, ce n’est pas qu’ils deviennent juste des bons joueurs mais aussi et surtout des bons mecs.

« Quand un parent rouspète après un arbitre ou un joueur, on se doit d’intervenir. » 

Dans votre équipe évolue un certain Tiago Mavuba. Pas trop compliqué de coacher le fiston ?
J’ai surtout pris un coup de pression de ma femme (rire). C’est une situation assez rare. J’essaye d’être juste avec tout le monde et mon fils l’a compris. Quand je lui fais des remontrances devant les autres, ce n’est pas forcément simple pour lui. Mais je pense qu’il vit bien la situation. 

L'ancien milieu ici avec les Girondins de Bordeaux face à l'OM en février 2007 (photo Romain PERROCHEAU / ICON SPORT). 

Quel conseil donneriez-vous à un éducateur dans votre situation ?
De ne pas être trop dur avec son enfant, de ne pas attendre plus de lui que des autres. Ce n’est pas l’enfant qui a décidé que son père serait son entraîneur. Il ne faut pas non plus le favoriser. En fait, il faut trouver le juste milieu.

Comprenez-vous les excès de comportement de certains parents derrière la main courante ?
C’est une plaie pour le football. Aux éducateurs de montrer l’exemple. Si on se met, nous aussi, à reprendre l’arbitre, ça devient compliqué pour lui. Les premières personnes à devoir gérer l’atmosphère, ce sont les éducateurs. On a un vrai rôle à jouer là-dessus. Parfois, j’échange aussi avec les parents pour leur expliquer qu’hurler sur un arbitre ou un joueur ne sert à rien. On se trompe tous. Pro, j’allais discuter avec les arbitres mais j’ai pris du recul sur ça. Quand un parent rouspète après un arbitre ou un joueur, on se doit d’intervenir. 

Quel regard portez-vous sur la formation à la française ?
Il suffit de regarder les résultats. Avec toutes les structures mises en place, on ne laisse pas ou très peu de talents sur le côté. Après, il y a la qualité des formations et des formateurs. En passant mes diplômes, j’ai appris à voir d’autres aspects du football que je ne voyais pas quand j’étais joueur. »