NATIONAL

Pablo Correa : « Pas un déclic mais du travail »

vendredi 2 février 2024 - 09:05 - Richard LOYANT
AS Nancy-Lorraine

Nancy reste sur cinq succès consécutifs avant de recevoir Cholet, ce vendredi 2 février lors de la 19e journée de National. Son entraîneur Pablo Correa, initiateur de cette série depuis son retour mi-novembre, en donne les clés.

Dominée par le choc entre Sochaux (4e) et le Red Star (1er), retransmis par DAZN (19h30), la 19e journée de National est disputée en intégralité ce vendredi 2 février. Avant-dernière à la mi-novembre, l’AS Nancy-Lorraine (photo principale) est remontée au cinquième rang à l’heure de recevoir le SO Cholet (17e). Ce retour aux avant-postes coïncide avec celui de Pablo Correa, pour un troisième passage sur le banc lorrain après 2002-2011 et 2013-2017. Nancéen de cœur depuis sa découverte du club comme joueur (1995-2000), le Franco-Uruguayen de 56 ans explique sa découverte du National, les ressorts du renouveau lorrain et ses ambitions pour l'ASNL.

La 19e journée du National sur FFFtv et Scores en direct (19h30)

 CHOLET, MATCH PIÈGE ? 
« Personne n’est à l’abri de rien »

« Il n’y a pas de match piège dans ce championnat car on ne peut pas établir de hiérarchie par le classement. Nous-mêmes étions dans une position très inconfortable il y a peu. Le charme de ce championnat, que je ne connaissais pas beaucoup et auquel j’ai dû m’adapter, est qu’il n’y a pas de hiérarchie au moment de commencer les matches. On doit l’avoir en tête : peu importe qui est en face. C’est ce que j’ai voulu faire passer comme message, ne s’occuper que du match qui est devant nous. Pas pour dire que l’on y va match après match, simplement pour garder toute la force et la concentration nécessaires à chaque match car on n’a aucun avantage au coup d’envoi, quel que soit l’adversaire. Il faut se méfier autant du dix-septième, comme Cholet, que du troisième, Niort, que nous jouerons ensuite. Le classement ne veut absolument rien dire, tout le monde est l’adversaire de tout le monde dans ce championnat et à peu près dans la même démarche, à part peut-être les deux premiers. Personne n’est à l’abri de rien. » 

 COMMENT PASSER DE 17e À 5e  
« Surtout, nettoyer les têtes »

« S’il y a un championnat où le classement ne veut rien dire, c’est bien celui-là. Avec six descentes, vous n’avez pas la possibilité de vous relâcher, ni de respirer. Dès que vous êtes dans le relâchement, vous serez en difficulté. Alors plutôt que regarder vers le haut ou vers le bas, je regarde comment faire pour battre Cholet. S’il y a bien une chose que j’ai comprise de ce championnat, c’est qu’il faut mettre toute l’énergie lors de la préparation. Je suis arrivé en cours de saison et ce n’est pas pareil que de prendre une équipe tout au début, avec le temps de travailler et de la préparer. J’ai dû m’adapter à un effectif déséquilibré dans sa constitution et, surtout, nettoyer les têtes minées par le pessimisme. C’est normal, lorsque vous gagnez peu, cela atteint la tête des joueurs et c’est le plus difficile à changer. Monter des exercices sur le terrain, répéter des gammes, donner des principes de jeu, cela reste du football et je sais faire avec beaucoup d’années et de vécu derrière moi. Le vrai défi était de faire repartir un groupe mentalement très amoindri. »

Persuasif à l’entraînement (photo AS Nancy-Lorraine).

 SON RETOUR, UN DÉCLIC ? 
« Travailler et convaincre »

« J’ai à peu près tout vécu en tant qu’entraîneur et encore une fois, même si c’est un autre niveau, cela reste du football. Il n’y a pas un déclic mais du travail, convaincre les joueurs qu’ils peuvent. C’est ce qu’ils sont en train de réaliser et cela entre dans l’extraordinaire. Gagner cinq fois de suite et entrer dans une dynamique positive, même pour les équipes de tête, c’est dur. Si je suis là à Nancy, c’est parce qu’il n’y avait pas de résultats, parce que la dynamique était mauvaise. Le déclic est d’être entré dans les têtes pour convaincre les joueurs qu’ils sont capables de gagner les matches, ne plus voir les choses en noir. Il y a aussi le système, le choix des équilibres de l’équipe et beaucoup d’autres choses qui ont fait que, cinq matches plus tard, on se retrouve avec quinze points de plus alors qu’à mon arrivée, on en avait moins que cela en trois mois de compétition (onze points). J’aimerais bien une sixième victoire consécutive mais Cholet va venir pour rompre la série, cela motive aussi l’équipe en face. Les équipes qui ont été inconstantes, comme l’ASNL pendant un temps, cherchent avant tout la constance et cela passe par trouver la solution pour un jour J. Il y a la préparation mais après, c’est le terrain qui décide… »

3
titres avec l’ASNL (Ligue 2 2005 et 2016, Coupe de la Ligue 2006)
548
matches sur le banc de l’ASNL, dont cinq en National (au 1er février 2024)
2
fois élu entraîneur de l’année par France Football (2006 et 2007)

 SA PHILOSOPHIE DE JEU 
« L’envie de marquer »

« Une chose que l’on a gagnée depuis que je suis là, on s’est attaché à cela avec mon adjoint, c’est d'apprendre à se déséquilibrer. Prenez Épinal-Nancy la semaine dernière : ce match s’est fini à 1-2 mais il aurait pu se terminer à 3-3, cela n’aurait surpris personne. Il y a eu du spectacle, de la ferveur jusqu’aux dernières secondes et, forcément, une équipe heureuse, la nôtre, et l’autre malheureuse car il été cruel de prendre deux buts à la fin pour Épinal. Dans l’intensité, l’envie de marquer, on est dans le vrai. Pour attaquer dans le football moderne, il faut accepter un déséquilibre et un dépassement de soi. Si l’on reste toujours dans la même filière, c’est très difficile de faire mal à l’adversaire. Mais pour se déséquilibrer, il faut à la base être équilibré et c’est probablement là que l’on a gagné le plus. Il n’y a pas dix mille consignes mais des consignes précises pour que notre déséquilibre soit plus efficace. Je vois des attaques de notre part arriver avec cinq ou six joueurs, c’est ce que l’on accepte et ce que j’ai dit aux joueurs : dans ce championnat et la situation dans laquelle nous sommes, c’est surtout la gagne qui paye. Pour cela, il faut l’envie, le physique, le talent évidemment mais aussi la démarche et aujourd’hui, c’est celle-là : accepter le déséquilibre. Cela nous pénalisera certainement par moments mais je préfère perdre un match de temps en temps qu’une série de matches nuls qui ne nous fait pas avancer. »

Avec le préparateur physique de l’ASNL, Arnaud Lesserteur (photo AS Nancy-Lorraine).

 LES RAISONS DE SON RETOUR 
« Le club que j’aime »

« Je ne l’aurais certainement pas fait pour une autre équipe. J’ai senti que le club avait besoin de mon expérience, de mon vécu et, certainement, de mes compétences car sinon, il ne m’aurait pas contacté. On m’a appelé pour donner un coup de main, en me disant que l’on avait six mois pour relever le défi. C’est aussi ma contribution à un club que j’aime, celui de ma ville, celui où j’ai passé vingt ans de ma vie, une forme de reconnaissance envers le club qui m’a tout permis. J’ai connu dans ma carrière d’entraîneur certaines choses beaucoup plus intéressantes mais je le fais parce que c’est Nancy : c’est compliqué mais c’était normal que je vienne au secours d’une équipe malmenée, en difficulté dans ce championnat comme déjà la saison précédente. Bien évidemment que j’aimerais retourner à tout ce que l’on a vécu, les années en Ligue 1, la Coupe d’Europe… On a la motivation pour retrouver tout cela mais ce sont des choses qui ne se commandent pas. » 

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