L'UEFA réaffirme ses racines et ses valeurs

La préservation d'un modèle sportif européen hérité de son histoire et la défense des valeurs du football ont été au centre du 48e congrès ordinaire de l'UEFA réuni ce jeudi 8 février à Paris.

Si le 48e congrès annuel de l'Union Européenne de Football Association (UEFA) organisé jeudi à la Maison de la Mutualité à Paris a été l'occasion de rappeler les liens historiques unissant la France et l'instance dirigeante du football européen et ainsi de célébrer les 70 ans de son installation dans la capitale française, il a aussi et surtout permis aux cinquante-cinq assocations membres d'adresser deux messages forts : l'un pour marquer leur attachement à un certain modèle sportif, l'autre pour signifier leur détermination à lutter contre les dérives qui touchent le football. 

(Photo Simon MORCEL/FFF)

Représentant le président Emmanuel Macron, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera a été la première, en ouverture de la réunion, à souligné l'importance de « préserver le modèle européen qui nous est si cher et de veiller à garantir l'équilibre entre la nécessaire attractivité économique du sport mais aussi ses vertus éducatives et sociales ainsi que cette solidarité précieuse entre le sport professionnel et le sport amateur. » Ceci au lendemain de la déclaration commune signée par vingt-six ministres des sports européens afin de « protéger et de renforcer un sport solidaire et fondé sur des valeurs », qu'elle a rappelée. 

Le président de la FFF Philippe Diallo, membre du Comex de l'UEFA, a fait part à son tour de sa volonté « à défendre un modèle européen du sport, un modèle européen du football. Ce modèle est fondé sur le mérite sportif, sur l’organisation de compétitions ouvertes, sur l’unité des dimensions amateure et professionnelle de notre discipline. Ce modèle n’est pas une vision passéiste du sport, je crois qu’il en est l’avenir, conciliant la dimension sportive avec la dimension sociale de sa pratique. Nous sommes plus que jamais convaincus de la fonction régulatrice et protectrice de l’intérêt général sportif. L’affirmation de ce rôle de régulation est la meilleure réponse, à ceux qui, en droit européen, contesteraient la place essentielle de l’UEFA pour la défense d’un modèle européen dont les principes ont été consacrés par le Traité de Lisbonne. »

« Le bien commun doit l'emporter sur les intérêts personnels. Nous vivons des moments difficiles mais l'unité est la seule chose qui nous protègera. »

Aleksander Ceferin

Dans son allocution, le président de l'UEFA Aleksander Ceferin a pointé sans détours ceux qui « essayent de piétiner soixante-dix ans d'histoire et de changer l'histoire du foot. Certains essayent de changer le modèle du football européen malgré son succès. Ils confondent monopole et unité. Aujourd'hui tout est à vendre dans le monde mais ce n'est pas notre vision des choses, cela ne le sera jamais. Vous ne pouvez pas acheter le mérite sportif, vous ne pouvez pas acheter une histoire de plusieurs décennies. Le bien commun doit l'emporter sur les intérêts personnels. Nous vivons des moments difficiles mais l'unité est la seule chose qui nous protègera. »

Ce congrès de l'UEFA a également été le lieu d'une condamnation tout aussi ferme des fléaux dont le football est le théâtre et la victime, principalement le racisme, dénoncé avec vigueur par Gianni Infantino, le président de la FIFA : « Ces derniers mois nous avons été les témoins de plusieurs incidents et ce n'est pas acceptable, ce que nous faisons pour sanctionner et bannir ceux qui commettent ces actes, visiblement ne suffit pas. Nous devons tout mettre en œuvre pour y mettre un terme, nous devons l'éradiquer, l'arrêter, ensemble. Dans les prochains mois, avant le congrès puis lors du congrès de la FIFA à Bangkok, en mai, je vous propose de prendre une resolution ferme et unie contre le racisme. Nous devrons prendre nos responsabilités. »

Philippe Diallo à la tribune du Congrès (photo Simon MORCEL/FFF).

« Il nous revient à nous dirigeants du football européen de protéger et de promouvoir un sport, un jeu, qui unit les citoyens et contribue à l’éducation de notre jeunesse, a martelé de son côté Philippe Diallo. C’est la raison pour laquelle, nous devons sans relâche lutter contre toutes les formes de violence et de discrimination, le racisme, l’homophobie, qui n’ont rien à faire dans nos clubs, qui n’ont rien à faire sur nos terrains et qui n’ont rien à faire dans nos tribunes. Nous devons réaffirmer sans cesse la dimension inclusive, la dimension éducative de la pratique sportive et prendre aussi en compte dans nos actions les défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés.» 

Aleksander Ceferin a plaidé de la même façon pour un football européen uni pour faire face à ces phénomènes. « La violence et toutes les formes de discrimination sont une réalité dans le football. Dire le contraire serait mentir. Il s’agit d’une triste réalité, et ce depuis des décennies. Le football doit être un vecteur d’unité, d’inclusion, d’amitié. Je profite de l’occasion pour dire que je soutiens pleinement tous les joueurs, entraîneurs, arbitres et officiels qui ont subi des abus dans nos stades ou sur les réseaux sociaux. » 

Les autres points du congrès

• Nasser al-Khelaïfi, président du Paris Saint-Germain, et Miguel Angel Gil Marín, directeur général de l’Atlético de Madrid, ont été confirmés au Comité de l’UEFA jusqu’en 2028 en tant que représentants de l’ECA (European Club Association). Pedro Proença (Ligue portugaise de football) a également été reconduit en tant que représentant des ligues européennes.
• Tous les amendements aux statuts de l'UEFA ont été approuvés, notamment la disposition selon laquelle au moins deux femmes doivent siéger au Comité exécutif de l’UEFA.
• Le Rapport du président et du Comité exécutif de l’UEFA et le Rapport de l’administration de l’UEFA 2022/23 ont été approuvés, de même que les états financiers 2022-2023 et le budget 2024-2025. 
• Le 49e congrès ordinaire de l’UEFA aura lieu le 3 avril 2025 à Belgrade (Serbie).