Fabrice Abriel : « Jouer une finale pour la gagner »

À la veille d'affronter le Paris Saint-Germain en finale de la Coupe de France Féminine 2024, samedi à Montpellier (15h00, sur France 4 et beIN SPORTS 2), l'entraîneur d'un surprenant FC Fleury 91 revient sur l'évolution de son club depuis sa nomination.

Vous aviez pris la tête de Fleury en fin de saison 2020-2021, juste avant un match contre l'OL (défaite 8-0). Aujourd'hui, vous voilà en finale de la Coupe de France Féminine ...

C'est une bonne progression dans l’ensemble. Je suis vraiment content car, initialement, je viens dans ce club pour assister David Fanzel qui avait besoin d'un adjoint, notamment sur le plan tactique, pour conceptualiser des séances d’entraînement mais aussi pour les traductions en anglais. Ensuite, nous avons évolué dans l'organisation technique, puisque David est devenu manager de la section féminine et moi entraîneur. Depuis, je me suis beaucoup servi des chiffres du passé, de l'histoire de cette équipe, pour savoir combien de points ils avaient marqué en moyenne dans l'élite, combien de points obtenus au maximum, combien de victoires... J'ai utilisé tous les chiffres pour essayer d'avoir un cap à atteindre sur le long terme. Et puis, avec le président (Pascal Bovis), nous nous sommes fixés pour objectif d'entrer dans le top 5 dans les deux à trois ans. C'était ça la feuille de route. 

Après deux demi-finales, l'objectif était d'aller encore un peu plus loin. C'est ce que nous avons réussi à faire. 

 

Vous avez terminé deux fois quatrième de D1 Arkema et atteint à deux reprises les demi-finales de la Coupe. Peut-on peut dire que cela s'est plutôt bien passé ? 

Dès la première saison les objectifs ont été atteints. En Coupe de France, notre record était une participation aux 8èmes de finale, et nous nous sommes retrouvés en demi-finale. À partir de là, il a fallu à chaque fois essayer de reproduire pareille performance pour qu’il ne s’agisse pas d’un exploit isolé. Pour notre deuxième saison, nous nous sommes donc fixés les mêmes objectifs, que nous avons à nouveau atteints, à savoir une nouvelle quatrième place ainsi qu’une demi-finale de Coupe. Cette année, avec le système de play-offs, il a fallu être dans la continuité de nos deux dernières saisons pour s’offrir une fin d’exercice haletante. C’était presque plus facile cette année car les joueuses ont désormais un vécu, un objectif clair, déjà atteint dans le passé. Il fallait simplement être dans la continuité de ce que nous avions fait jusqu’ici et évidemment, si nous atteignions les demi-finales, l'objectif était d'aller encore un peu plus loin. C'est ce que nous avons réussi à faire. 

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 LE PARCOURS DU FC FLEURY 91 EN VIDÉO 

Revenons sur votre demi-finale contre l'OL. Comment avez -vous préparé ce match face au tenant et favori de l'épreuve ?

Notre chance, c’est que nous avions déjà perdu contre Lyon au Groupama Stadium à ce stade de la compétition en 2023 (2-0). On s’est servi de cette expérience douloureuse pour préparer la demie de cette année, notamment sur l’entame de match qui nous avait été fatale la saison passée : c’était en lever de rideau d’un match de Ligue 1, les spectateurs arrivaient au fur et à mesure de la partie … Nous avions été un peu spectateurs des premières minutes, et à cause du bruit je n’avais pas pu impacter mes joueuses avec des consignes. Pourtant, lorsqu’on était mené de deux buts, on a senti une réaction et on n’était pas loin d’accrocher notre adversaire. Il était important, positivement, de garder cela à l’esprit avant de retrouver l’OL. On l’a fait, en plus d’établir un rapport de force notamment à la récupération du ballon. Après avoir résisté à leur grosse entame, tout était possible et on a progressivement inversé la tendance.  

En finale, ce sera le Paris Saint-Germain, l'autre colosse du football français féminin ...

C'est la seule équipe, aujourd'hui, que nous n'avons pas battue. Celle qui reste à accrocher à notre table de chasse. Mais il ne faut pas oublier d’où l’on vient : quand je suis arrivé dans ce club, on ne dépassait pas la ligne médiane et il n’y avait pas de frappe au but. J’ai dû mettre, petit à petit, une animation en place ainsi qu’une véritable identité de jeu. J’ai tâtonné dans les systèmes, dans le positionnement de mon équipe, dans les formules jusqu’à ce que je trouve quelque chose. À partir de là, on a travaillé d’arrache-pied pour faire de ce quelque chose notre force, pour faire mal à nos adversaires, quels qu’ils soient. Maintenant, à nous de concrétiser ces trois années de labeur. 

 LE PARCOURS DU PARIS SG EN VIDÉO 

J’essaie de transmettre mon expérience de ces grands rendez-vous à mes joueuses pour qu’elles l’abordent de la bonne manière.

 

Comment parvenez-vous à gérer une fin de saison aussi palpitante, en Coupe de France comme en championnat ?

Sur nos objectifs de départ et les trois dernières saisons, nous sommes là où nous devrions être aujourd'hui. On en a même encore plus avec ce bonus, la finale. Il nous reste deux matches, ultra-décisifs, et pour être franc nous souhaitons en avoir quatre (ceux de la phase finale de D1 Arkema). Pour cette finale, l'objectif est de la gagner, pas de se gargariser d’avoir atteint ce stade. Le but n’est donc pas d’opposer seulement une belle résistance au Paris Saint-Germain. Non, c'est jouer une finale pour la gagner. Comment ? Même s’il n’y a toujours pas de victoire à la clé pour l’instant, nous avons déjà inversé le rapport de force avec le PSG ces dernières années. Sur le plan mental, nous n'avons donc pas à rougir. Ensuite, j’essaie de transmettre mon expérience de ces grands rendez-vous à mes joueuses pour qu’elles l’abordent de la bonne manière. Après, c’est bien d’avoir joué plusieurs finales et d’en avoir gagnées, mais ça n'offre aucune garantie : chaque match à sa vérité. On essaiera d’être le plus frais physiquement et mentalement le jour J, de jouer simplement comme on a l’habitude de le faire.