D1 ARKEMA

"Du suspense à tous les étages"

jeudi 24 décembre 2020 - 09:10 - Vincent ORSINI
PSG OL, lutte pour le titre

Ancienne internationale (59 capes) désormais consultante pour Canal+, Aline Riera analyse la passionnante première moitié de championnat et livre ses clefs pour la fin de saison de la D1 Arkema.

LE DUEL PSG-OL

"On est dans la continuité côté Paris. C’est une équipe plus mature qui arrive sans doute mentalement à mieux aborder les grands rendez-vous contre leurs rivales Lyonnaises, qui a arrêté de subir le jeu face à elles, de leur laisser le cuir pour, au contraire commencer à aller les chercher au niveau du jeu. L’effectif parisien n’a pas beaucoup changé, il y a eu quelques apports, certes, mais la différence se fait surtout au niveau des jeunes qui prennent désormais leurs responsabilités dans les gros matches. Si on ajoute le fait que ces joueuses évoluent ensemble depuis deux ans, on obtient cet excellent début d’exercice qui leur permet d’espérer être sacrées pour la première fois en championnat.

Étant donné leur palmarès, les Lyonnaises restent favorites. Elles ont quand même tout gagné (ou presque) sur les quatorze dernières années … Mais, pour la première fois, elles ont perdu contre le PSG qui est devant à mi-parcours et a donc son destin entre les mains. Paris se retrouve dans la position du chassé et non plus du chasseur. Cela pourrait être un problème, peser dans les têtes mais je pense qu’au contraire, cela va les galvaniser : elles ont tellement été privées de titre dans le passé par l’OL, et pas uniquement en championnat... Maintenant qu’elles sont devant, elles ne vont rien laisser au hasard. On le voit notamment dans certaines rencontres où, par le passé, elles auraient pu laisser échapper des points et qui, aujourd’hui, ressemblent à des formalités. Le groupe a mûri, que ce soient les joueuses ou le staff. Le match retour (13 mars) promet d’être décisif et passionnant."

UNE COURSE AU PODIUM HALETANTE

"C’est l’année de la confirmation pour les Bordelaises, qui arrivent à répondre présentes. Elles sont à la hauteur sur les grands matches, en témoigne leur victoire sur Montpellier lors de la dernière journée ou le match nul face au PSG, seul faux-pas du club de la capitale. Elles ont même tenu plus d’une mi-temps contre Lyon avant de céder. Malheureusement, ce groupe est aussi capable de décompressions assez incroyables, comme lors du match nul face à Reims (4-4) alors qu’il comptait trois buts d’avance ou lors de la défaite contre le GPSO Issy 92 (3-1) qui n’avait pas marqué le moindre point depuis le début de la saison. Cette irrégularité peut vraiment porter défaut à ce club, et c’est ce qui l’empêche de viser encore plus haut.

La rencontre entre Bordeaux et Montpellier était un vrai sommet de notre championnat. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un tel niveau dans une rencontre qui n’impliquait pas l’OL ou le PSG, que ce soit dans l’engagement, la qualité technique et la tactique.

Aline Riera

Les + de Canal pour la D1 Arkema

Le groupe Canal+ (C8, CStar, Canal+ Sport, Foot+) dispose des droits de la D1 Arkema depuis la saison 2018-2019 et jusqu'en 2022-2023. Diffuseur exclusif de la compétition, ses chaînes retransmettent l’intégralité de l’épreuve dont désormais des rencontres en prime-time sur Canal+, à l’image du PSG-OL de la 9e journée depuis le Parc des Princes le 20 novembre dernier. Le tout en s’appuyant sur les expertises de consultantes ayant honoré le maillot bleu telles qu’Aline Riera, Jessica Houara-d'Hommeaux ou Laure Boulleau.

Pour Montpellier, c’est un nouveau cycle qui démarre, sans les joueuses scandinaves d’expérience qui étaient au club depuis des années. Le club s’est tourné vers ses jeunes éléments (Elisa De Almeida, Maëlle Lakrar) tout en ajoutant quelques recrues (Mary Fowler, Ashleigh Weerden). Le départ de Sakina Karchaoui pour Lyon a également eu beaucoup d’impact car elle avait une grande influence sur ce collectif et une grande amitié avec la capitaine Marion Torrent. Ce groupe est jeune, se redécouvre, il lui faut du temps, ce qui explique que contre les grosses équipes, les résultats sont très difficiles. C’est une année de transition pour le MHSC, qui en plus n’est pas épargné par les blessures et les suspensions. Même si Bordeaux semble mieux armé, il n’y a que quatre points d’écart entre les deux clubs … La Ligue des Champions est tout à fait jouable."

FLEURY ET PARIS FC, LES BONNES SURPRISES

"Cette troisième place qualificative en Ligue des champions, nouveauté de la saison, est une formidable avancée pour la D1 Arkema. Là où il pouvait arriver par le passé d’avoir un championnat "plié" à mi-saison, on se retrouve aujourd’hui avec du suspense à tous les étages. Le Fleury FC 91 ne compte qu’un point de retard sur Montpellier, quatrième, et le Paris FC n’est pas très loin non plus, en embuscade. Ces deux clubs peuvent encore espérer jouer quelque chose en seconde partie de saison, ce qui est une bonne nouvelle pour notre championnat et pour le football francilien.

Sur les matches en eux-mêmes, Fleury a été très bon au niveau des résultats et moins dans le contenu, une situation inverse pour le PFC. Il ne manque aux Parisiennes que de la réussite et de la consistance mais dans le jeu, elles m’ont parfois fait aussi bonne impression que Bordeaux, c’est dire. Pour ces deux clubs, le plus important va être de rester au contact de Bordeaux et de Montpellier tout en continuant à développer du jeu, afin de bâtir de solides fondations pour les saisons à venir."

DES PROMUS ET UN MONUMENT EN DANGER

"Le début de saison est très délicat pour Le Havre (12e, 4 points) et le GPSO Issy 92 (11e, 6 points). Cela met en évidence l’écart de niveau important qui existe encore entre la D1 Arkema et la D2. Aujourd’hui, nos deux promus ont fait preuve d’un manque de maturité important au fil des rencontres, qui les a en plus empêché de capitaliser sur leurs bons résultats. C’est le cas d’Issy qui, après avoir dominé Bordeaux à la surprise générale, a subi deux très lourdes défaites contre Paris et Lyon (14-0 et 9-0). Il y a d’autres explications possibles, comme la difficulté pour Issy de recruter quand on sait que c’est le quatrième club francilien après le PSG, le PFC, et Fleury. Le Havre, c’est un peu différent, le club a recruté de bonnes joueuses mais pour l’instant, la sauce ne prend pas.

La chance de ces deux clubs, c’est que des habitués de la D1 Arkema avancent à petits pas également. Et c’est particulièrement le cas de l’ASJ Soyaux, club historique de notre championnat. Ses difficultés peuvent s’expliquer par le projet de fusion avorté qui a lourdement handicapé le club et son budget. Toutes les incertitudes nées de cette affaire ont forcément pesé dans la tête des joueuses, ce qui n’a pas aidé à obtenir des résultats. L’entraîneur Sébastien Joseph a été remercié puis remplacé par Laurent Mortel, en espérant que cela crée un élan positif pour les Sojaldiciennes mais pour l’instant, le contenu reste insuffisant. Attention également à Reims et à Guingamp, voire à Dijon, qui ne sont pas complètement sortis d’affaire."

SHAW/KATOTO, DUEL DE GÂCHETTES

"Avant d’arriver en France, Khadija évoluait dans un club où elle devait tout faire toute seule alors qu’à Bordeaux, l’équipe tourne bien et est organisée autour de son talent offensif. Il lui arrivait parfois de "croquer" la saison dernière, elle est beaucoup plus efficace aujourd'hui. Si je devais lui trouver encore un secteur à améliorer, ce serait son jeu de tête qui, malgré sa taille, laisse parfois à désirer. Marie-Antoinette, de son côté, est très performante dans ce domaine, ainsi que dans les autres. Elle a progressé partout et surtout mentalement : on lui reprochait de disparaître dans les grands rendez-vous, et c’est elle qui a inscrit le but de la victoire face à l’OL. Cela lui donne une nouvelle dimension, celle que l’on pouvait attendre d’elle.  

Ce sont deux profils qui se ressemblent, deux joueuses qui se sont vraiment améliorées dans la finition. Cette saison, elles font le geste juste au bon moment, que ce soit marquer ou même faire marquer. C’est une nouveauté pour Khadija Shaw, moins pour Marie-Antoinette Katoto mais l’attaquante parisienne a encore amélioré ses statistiques en passes décisives (cinquième meilleure passeuse du championnat). Leurs statistiques sont exceptionnelles : 14 et 13 buts en 11 matches … Tout le monde en rêve !"

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