ARBITRAGE

Turpin : « Que cet Euro marque le début de quelque chose »

samedi 12 juin 2021 - 08:17 - Jérôme MILLAGOU et Claire GAILLARD
Clément Turpin finale de la Ligue Europa 2021

Retenu parmi les 18 arbitres centraux pour l’UEFA Euro 2020, le Français Clément Turpin, qui officie samedi lors de Pays de Galles-Suisse (15h, beIN Sports), dit sa fierté de participer à cet évènement et l’importance de sa relation avec son équipe arbitrale. 

Arbitre international depuis 2009, Clément Turpin a été désigné par l’UEFA parmi les 18 arbitres centraux en vue de l’Euro 2020 (11 juin-11 juillet). Il va vivre cette aventure avec une équipe constituée de Nicolas Danos et Cyril Gringore comme assistants ainsi que de François Letexier, Jérôme Brisard ou encore Benjamin Pagès en tant qu’arbitres assistants vidéos. Après un stage organisé par l’UEFA à Nyon du 10 au 13 mai, Clément Turpin (39 ans) a effectué trois jours de préparation avec son équipe en France avant que tous s’envolent, lundi 7 juin direction Istanbul. C’est en Turquie que sera basé le quartier général des arbitres de cet Euro pour la première fois organisé dans 11 villes de 11 pays différents. À l’aube de son deuxième championnat d’Europe d’affilée, l’arbitre français se confie.

« Dans quel état d’esprit abordez-vous cet Euro ?
Un Euro, c’est un événement majeur qui a lieu, normalement, tous les 4 ans. Je suis très serein. Je l’aborde avec beaucoup de concentration. On sent la responsabilité d’une compétition comme celle-ci. L’aventure internationale a commencé pour moi en 2010. Ensuite, il y a eu la progression au sein des catégories de l’UEFA, catégorie 2 puis catégorie 1 et enfin le groupe Élite que j’ai rejoint en 2015 un avant l’Euro en France. Quelques années auparavant, j’avais eu l’honneur de participer à la phase finale de l’Euro des moins de 17 ans en Roumanie. Après il y a eu l’Euro des moins de 21 ans en République Tchèque, un joli moment, puis les A avec l’Euro 2016, les Jeux olympiques dans la foulée, la Coupe du Monde en Russie en 2018 et nous voilà au début de l’Euro 2020.

Je suis très attaché au vécu commun, dans les réussites mais aussi les échecs. C’est là-dessus que je m’appuie pour préparer ce tournoi de la meilleure des façons (…) Aujourd’hui, quand on vit des situations semblables, notre réponse collective arrive plus rapidement

 

Parlez-nous des arbitres qui vont vous assister…
Je suis entouré d’une équipe fantastique avec mes assistants Nicolas Danos et Cyril Gringore ainsi que les arbitres assistants vidéos. Ces derniers sont aujourd’hui des éléments essentiels d’une équipe arbitrale que ce soit François Letexier, Jérôme Brisard ou encore Benjamin Pagès, qui va intégrer la vidéo pendant l’Euro. Je suis très attaché au vécu commun, dans les réussites mais aussi les échecs. C’est là-dessus que je m’appuie pour préparer ce tournoi de la meilleure des façons. Ce sont des automatismes, des regards, des mots clés qu’on s’envoie à travers les oreillettes. C’est une banque de données, d’images et de situations vécues ensemble, que l’on a débriefées. Aujourd’hui, quand on vit des situations semblables, notre réponse collective arrive plus rapidement.  


L'équipe arbitrale autour de Clément Turpin ici lors de l'UEFA Euro 2016 avant Autriche-Hongrie à Bordeaux (photo Georges GOBET / AFP).

Comment cet évènement s’annonce-t-il dans le contexte sanitaire que l’on connaît ?
Notre championnat a été arrêté lors du tout premier confinement en mars 2020. Cela n’a pas été un moment très agréable. Au niveau professionnel, on a eu la chance de retrouver finalement assez rapidement les terrains. Cela n’a pas été le cas de nos collègues amateurs qui, eux comme des milliers de joueurs, ont été sevrés de football. Malgré le contexte un peu pesant, en tant qu’arbitres de l’élite, on a été des privilégiés. Nous avons continué à arbitrer, certes avec des tribunes vides, mais nous y étions. J’aimerais que cet Euro marque le début de quelque chose qui permette à tous ceux qui n’ont pas eu de foot, soit en tant que spectateur, soit en tant que pratiquant dans le monde amateur, de mettre tout cela de côté et que l’on puisse repartir fin aout-début septembre avec des matches sur nos territoires dans nos ligues et nos districts.

Notre objectif, c’est le premier match. C’est notre porte d’entrée dans la compétition. À nous de réaliser une prestation la plus aboutie possible et après on verra ce qui se cache derrière la porte !

 

Quel a été votre programme en vue de cette échéance ?
Avec tous les arbitres sélectionnés pour cette compétition, on s’est retrouvé, du 10 au 13 mai au siège de l’UEFA à Nyon, en Suisse. Nous avons travaillé intensément. Au programme : revoir la ligne technique, le ligne disciplinaire, les enjeux… On est entré en profondeur dans tous ces détails-là. Enfin, on a achevé notre préparation avec un dernier stage de trois jours organisé par la Direction technique de l’arbitrage en France pour caler les derniers points avec mon équipe. À partir du 7 juin, nous serons à Istanbul qui sera le quartier général des arbitres. Notre objectif, c’est le premier match (lui et son équipe ont été désignés pour officier lors de Pays de Galles-Suisse samedi 12 juin). C’est notre porte d’entrée dans la compétition. À nous de réaliser une prestation la plus aboutie possible et après on verra ce qui se cache derrière la porte !

On arrive sur le dernier col de la saison, hors catégorie, avec cet Euro qui démarre

 

Vous allez vivre votre deuxième Euro d’affilée, comme Michel Vautrot (1984 et 1988) et Gilles Veissière (2000 et 2004). Qu’est-ce que cela représente-t-il pour vous ?
On appartient tous à une histoire, celle de l’arbitrage bleu-blanc-rouge. Je m’inscris dans cette histoire.  C’est une fierté d’être à cette table-là. Je n’en fais pas un objectif mais j’ai beaucoup de respect pour l’arbitrage passé.


6 juin 2019 : Clément Turpin arbitre Pays-Bas - Angleterre en demi-finales de la Ligue des Nations (photo Brendan MORAN - UEFA / UEFA via Sportsfile).

Un dernier mot sur votre saison. Comment l’avez-vous vécue ? 
La saison a été dense (sourires) ! On a eu un championnat de Ligue 1 fou où tout s’est joué lors de la dernière journée : le titre, les places européennes, la relégation. Pour les téléspectateurs, c’était une fin de saison assez fantastique. Pour nous arbitres, c’était très sollicitant parce qu’on savait que le moindre coup de sifflet pouvait avoir des conséquences importantes, il fallait donc être extrêmement concentrés. Et puis, il y a eu la finale de la Ligue Europa (Villarreal-Manchester United : 1-1, 11 tab 10, le 26 mai, photo principale) qui est venue clôturer les compétitions de clubs après avoir connu la Ligue des champions tout au long de la saison. Voilà, on arrive sur le dernier col, hors catégorie, avec cet Euro qui démarre. »  

« Stéphanie Frappart fait partie de l’aventure. C’est super »

Désignée comme arbitre réserviste et 4e arbitre par l’UEFA pour le Championnat d’Europe, Stéphanie Frappart est devenue la première femme sélectionnée parmi les arbitres d’une compétition internationale masculine. « Stéphanie Frappart fera partie de l’aventure en tant que réserviste sur cette compétition. C’est super. Plus l’armada française sera présente, mieux c’est, estime Clément Turpin. Entre les arbitres vidéo français François Letexier, Jérôme Brisard ou encore Benjamin Pages, Stéphanie Frappart comme remplaçante, et Mikael Berchebru en tant qu’assistant remplaçant et nous trois Nicolas, Cyril et moi-même, il y a une vraie équipe française arbitrale qui va se présenter sur la ligne de départ de cet Euro et c’est un très bon signe de la vitalité de notre arbitrage. »

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