Katoto, le mur des 100
L’attaquante parisienne Marie-Antoinette Katoto, actuelle meilleure buteuse de D1 Arkema, pourrait disputer son 100e match en championnat lors d’OL-PSG dimanche (21h, Canal+). L’occasion de retracer son parcours.
Née à Colombes, Marie-Antoinette Katoto est une « titi » du PSG puisqu’elle a été formée au club avant de gravir les échelons puis d’intégrer l’équipe première. Aujourd’hui parmi les meilleures attaquantes, l’internationale française a rendez-vous dimanche au Groupama Stadium (21 heures, en direct sur Canal+) pour le choc de la D1 Arkema. Une affiche où elle s’était signalée lors de l’aller la saison passée en marquant le but décisif (1-0, le 20 novembre 2020). Face à des Lyonnaises destituées de leur titre et en reconquête, le sommet s’annonce bouillant. Katoto, qui vient de fêter ses 23 ans, pourrait vivre le 100e match en championnat de sa carrière (*). Retour sur quelques temps forts.
SES PREMIERS PAS EN D1
3 mai 2015 : Paris-SG – Rodez (5-0, 21e journée)
Alors âgée de 16 ans, Marie-Antoinette Katoto est lancée en D1 féminine par Farid Benstiti face à Rodez à l’occasion de la 21e journée (5-0, le 3 mai 2015). Le Stade Charléty découvre son visage poupon et ses qualités de buteuse. Pour sa première apparition en championnat, quelques jours après avoir joué cinq minutes en Ligue des champions, l’attaquante parisienne est titularisée aux côtés d’Ouleymata Sarr. Elle ne rate pas ses débuts. À la demi-heure de jeu, elle lui délivre une passe décisive avant que son contrôle manqué ne profite à Sarr peu après sur le troisième but. Enfin, « MAK » ouvre son compteur en étant à l’affût d’une frappe d’Hamraoui repoussée par la gardienne et reprise de la tête dans les dernières minutes de la rencontre. Le public parisien a déjà un aperçu de ses qualités.
26 avril 2015 : Marie-Antoinette Katoto débute avec l'équipe première du PSG en demi-finales de la Ligue des champions face à Wolfsburg (photo Andre FERREIRA / ICON SPORT).
SON PREMIER TITRE JEUNE EN CLUB…
5 juin 2016 : Paris U19 – Lyon U19 (3-1)
À Tarbes, les U19 féminines du PSG disputent la finale du challenge national élite contre l’OL. Marie-Antoinette Katoto, Grace Geyoro ou Perle Morroni se retrouvent face aux sœurs Cascarino – Estelle et Delphine – et Selma Bacha, toutes internationales françaises aujourd’hui.
« J’ai vu cette attaquante, j’étais stupéfait. C’était extraordinaire d’avoir autant de puissance, de qualité technique, de gestuelle pour une jeune qui n’avait pas encore 18 ans. »Patrice Lair, son entraîneur au PSG entre 2016 et 2018
Dans les tribunes, Patrice Lair, qui s’apprête à prendre la tête de l’équipe première parisienne, raconte : « Il y avait une génération prometteuse avec Grace (Geyoro) et Marie-Antoinette. J’ai vu cette attaquante, j’étais stupéfait. C’était extraordinaire d’avoir autant de puissance, de qualité technique, de gestuelle pour une jeune qui n’avait pas encore 18 ans. Quand j’ai repris l’équipe, il y a eu beaucoup de départs de joueuses confirmées, l’effectif n’était pas suffisamment étoffé, j’ai été obligé de piocher au sein de cette équipe U19 qui avait été championne de France avec Pierre-Yves Bodineau. » Ce jour-là, Marie-Antoinette Katoto reste muette mais, avec ses 12 buts en 10 matches durant la saison, elle a contribué au sacre.
… ET EN SÉLECTION
31 juillet 2016 : France – Espagne (2-1)
Avec ses coéquipières lors de l'Euro U19 remporté à l'été 2016 (photo Archives FFF).
Avant d’honorer sa première cape en équipe de France A le 10 novembre 2018 contre le Brésil (3-1), Katoto est passée par toutes les sélections jeunes (U16 à U23). Sandrine Soubeyrand, désormais entraîneure du Paris FC, était à la tête des U16 puis U17 et quand « MAK » est montée, l’ancienne milieu internationale a échangé avec Gilles Eyquem, son homologue en U19. « On avait discuté de Marie. À l’époque, elle n’était pas constante dans les efforts mais avait énormément de talent, c’était indéniable et on en était d’accord avec Sandrine, se souvient le sélectionneur. Pour nous, son évolution devait passer par sa constance dans l’effort et son implication dans le jeu de l’équipe. » Un travail a été mis en place et l’attaquante a répondu aux attentes lors de l’Euro U19 à l’été 2016, participant grandement au succès de son équipe puisqu’elle a terminé meilleure buteuse avec 6 réalisations dont une en finale contre l’Espagne (2-1). « Elle traînait un problème aux ischios mais voulait tout jouer à fond, reprend le technicien. On a dû la freiner pour qu’elle puisse donner le maximum ! On savait que c’était une joueuse exceptionnelle qui allait exploser, ce qu’elle a fait. »
SA PREMIÈRE SAISON PLEINE
2017-2018 : 21 matches en D1, 21 buts
La buteuse traîne ce pépin physique 2016-2017 où elle ne prend part qu’à 7 rencontres en D1, 10 toutes compétitions confondues avec son club. « Elle est restée un moment sur la touche, se rappelle Patrice Lair. C’est pour cela qu’elle n’a pas pu disputer la finale de la Coupe de France (1-1, 6-7 aux t.a.b. face à Lyon le 19 mai 2017) ni celle de la Ligue des champions (0-0, 6-7 aux t.a.b. contre l’OL le 1er juin 2017) alors que je comptais l’associer à Marie-Laure Delie. » La saison suivante sera la sienne. Katoto réalise un exercice plein manquant uniquement la 5e journée et signant 21 buts, soit un par match en moyenne ! « C’était fabuleux, se remémore Lair. Elle était devenue la leader de l’équipe avec plus de caractère et s’exprimait davantage. » Un exercice conclu sur le deuxième titre de l’histoire du PSG féminin avec cette Coupe de France remportée devant Lyon grâce à un but de… Katoto (1-0, le 31 mai 2018).
« Face à Lyon, elle ne peut pas se louper. On a envie qu’elle fasse mal à l’adversaire (…) Se confronter à ses collègues de l’équipe de France ou ses anciennes coéquipières peut être une source de motivation supplémentaire »Gilles EYQUEM, son sélectionneur chez les U19 puis U20
L'attaquant parisienne contre Lille lors de la saison 2017-2018 (photo Aude ALCOVER / ICON SPORT).
SON PREMIER CHAMPIONNAT DE FRANCE REMPORTÉ
4 juin 2021 : Paris-SG – Dijon (3-0, 22e et dernière journée)
C’est au stade Jean-Bouin que les Parisiennes décrochent leur premier titre de championnes de France, détrônant l’OL et ses 14 sacres d’affilée. Un moment historique pour le club de la capitale qui le doit au talent de ses joueuses, à la régularité du groupe et à la victoire obtenue lors de la confrontation directe entre les deux équipes (1-0). Le 20 novembre 2020, Marie-Antoinette Katoto ne le sait pas encore mais elle marque, à la 11e minute, le but décisif sur un service de Kadidiatou Diani. « Face à Lyon, c’est l’un des matches qu’elle ne peut pas louper et où elle est capable de faire la différence même si, côté rhodanien, il y a du répondant, juge Gilles Eyquem. C’est là où on a envie qu’elle s’exprime et fasse mal à l’adversaire. Elle ne l’a pas forcément fait lors de ses débuts. On avait l’impression qu’elle n’osait pas ou était en dedans mais ça a changé ces dernières saisons, notamment l’an passé. Pour l’affiche de dimanche, se confronter à ses collègues de l’équipe de France ou ses anciennes coéquipières comme (Christiane) Endler peut aussi être une source de motivation. »
"MAK" lors de la célébration du titre avec les supporters au Parc des Princes (photo Baptiste FERNANDEZ / ICON SPORT).
SON JEU ET SA PROGRESSION
Un cap de franchi
Avec l’expérience et les années, Katoto a gagné une forme de maturité mise au service de son rendement. « Depuis deux ans avec le PSG, elle a vraiment franchi un cap dans la régularité, dans sa présence au sein du vestiaire, on sent une force supplémentaire, estime Patrice Lair. Elle a pris confiance et c’est devenu une leader d’attaque. Quand on est allé chercher Kadi (Kadidiatou Diani) à Juvisy, on avait mis pas mal d’argent sur la table mais aujourd’hui, regardez la ligne d’attaque de feu avec Marie, Kadi et Sandy Baltimore ! Marie fait partie des très grandes joueuses au niveau mondial. » Car sa palette est large. « En termes athlétique, elle est complète : elle a un jeu de tête, elle est capable de frapper, elle a la vitesse de course, elle est puissante, peut jouer en appui, sur la profondeur, décrit Gilles Eyquem. Elle a vraiment tout d’une grande. » Alors, forcément, l’attente est à la hauteur de son talent, immense. « On attend toujours beaucoup avec des joueuses de ce calibre. Peut-être que son axe de progression concerne sa capacité à répéter les efforts, ce n’est pas toujours facile, conclut son ancien sélectionneur. Il faut parfois se faire mal. » Encore plus face à l’ogre lyonnais.
(*) Statistiques issues du site historique : statsfootofeminin.fr
Katoto, en chiffres
OCTOBRE ROSE
La remise du chèque à Ruban Rose
En marge du match Lyon – Paris-SG dimanche en clôture de la 8e journée, les capitaines des deux équipes remettront au nom d’Arkema, le partenaire titre du championnat de France féminin, un chèque de 10 200€ à l’association Ruban Rose, qui lutte contre les cancers du sein. Ce don correspond à la somme promise par Arkema calculée à partir du nombre de buts marqués par les joueuses durant le mois de mobilisation « Octobre Rose » (150€ par but).
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