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16 juillet 2011 : une défaite mais un déclic

mercredi 17 novembre 2021 - 19:15 - Philippe MAYEN

La quatrième place des Bleues, battues par la Suède, à la Coupe du monde 2011, en Allemagne, a marqué le début d'une nouvelle ère pour le football féminin français.

Il y a des larmes dans les yeux des Bleues en ce samedi 16 juillet sur la pelouse de la Rhein-Neckar Arena de Sinsheim. Leur Coupe du monde 2011 vient de s'achever sur une défaite contre la Suède (2-1), lors du match de classement qui aurait pu leur permettre de monter sur la troisième marche du podium. Trois jours auparavant, elles ont aussi perdu (3-1) leur demi-finale face aux États-Unis, un match qui, déjà, leur a laissé beaucoup de regrets...

Pourtant, même sans un titre, même sans médaille, l'Équipe de France féminine a toutes les raisons de sortir heureuse de ce Mondial organisé en Allemagne. Elle y a beaucoup gagné, à tous les niveaux, pendant les trois semaines de compétition.

Sur un plan sportif, les Tricolores ont ainsi obtenu leur meilleur résultat international de leur histoire, en se hissant dans le dernier carré et en prenant une remarquable quatrième place, derrière le Japon, les États-Unis et la Suède, autant de ténors du football féminin. À cette performance, s'ajoute une première qualification pour les Jeux olympiques (ceux de Londres 2012, où elles prendront également la quatrième place).

Des Bleues au cœur

Surtout, par leur enthousiasme, leur fraîcheur, leur engagement, les joueuses de Bruno Bini ont conquis les cœurs des Français, en rupture d'amour avec leur Équipe de France masculine. Le public, les médias, les partenaires économiques, sont tombés sous le charme de ces filles capables de pratiquer un football de haut niveau tout en offrant une image exemplaire, faite de simplicité et de plaisir. Une révélation pour beaucoup.

Spectateur attentif et admiratif de cette Coupe du monde, de ce jeu de qualité, de ces stades garnis, de cette Équipe de France séduisante, Noël Le Graët en est lui-même revenu convaincu, s'il le fallait encore : le football féminin français mérite un vrai et vaste plan de développement, un plan d'avenir, apte à lui donner une place à part entière dans le paysage du football français. Tout juste élu (18 juin), le président de la FFF en fait alors une priorité.

Plan de développement

Les résultats se sont très vite concrétisés et se mesurent pleinement aujourd'hui. Forte de 58 000 licenciées en 2011, la pratique féminine en compte désormais 200 000, toutes catégories confondues, joueuses, dirigeantes, éducatrices, arbitres. Quatre titres ont rejoint le palmarès des sélections de jeunes (titre mondial U17 en 2012, titres européens U19 en 2013, 2016 et 2019).

En 2019, la France a accueilli sa première Coupe du monde féminine de la FIFA, couplée avec le Mondial U20 féminin, en 2018 en Bretagne. Et les Bleues, premières ambassadrices de ce football féminin qui prospère, figurent régulièrement dans le top-3 mondial au classement FIFA (2014, 2015, 2016, 2018, 2020). En attendant un premier trophée.

Il est des défaites qui valent des victoires. Et des larmes qui appellent de jolis sourires.

L'équipe de départ pour le match de classement : Camille Abily, Laura Georges, Sandrine Soubeyrand (cap.), Corinne Franco, Wendie Renard, Bérangère Sapowicz (debout, de gauche à droite) ; Gaëtane Thiney, Eugénie Le Sommer, Sonia Bompastor, Louisa Nécib, Élise Bussaglia - Photo Johannes Eisele/AFP.

Le banc de touche tricolore, conduit par Bruno Bini, sélectionneur national depuis février 2007. Dans staff technique, son adjointe Corinne Diacre, désormais à la tête des Bleues - Photo Johannes Eisele/AFP

France-Suède, un match disputé, intense, comme en témoigne cette lutte pour le ballon dans la surface tricolore. Camille Abily, Wendie Renard et Sonia Bompastor ne sont pas de trop pour contrer Josefine Öqvist, l'attaquante suédoise - Photo Daniel Roland/AFP

La déception se lit sur le visage et dans le regard des Bleues (de gauche à droite, Sandrine Brétigny, Caroline Pizzala, Wendie Renard, Laure Boulleau), privées de podium mondial à la suite de leur défaite (2-1) contre la Suède. Elles ne savent pas encore que le football féminin tricolore en sortira malgré tout gagnant - Daniel Roland/AFP

Le parcours des Bleue

1er tour
- 26-06-2011 (Sinsheim) : Nigeria-France 0-1
- 30-06-2011 (Bochum) : Canada-France : 0-4
- 05-07-2011 (Mönchengladbach) : France-Allemagne : 2-4

1/4 de finale
- 09-07-2011 (Leverkusen) : Angleterre-France 1-1

- 1/2 finale
13-07-2011 (Mönchengladbach) : France-États-Unis 1-3

- Match de classement 
16-07-2011 (Sinsheim) : Suède-France 2-1

9 juillet 2011 : Eugénie Le Sommer vient de transformer le quatrième tir au but tricolore qui donne la victoire aux Bleues contre l'Angleterre (1-1 et 4 tab 3) en quarts de finale et leur ouvre les portes du dernier carré de la Coupe du monde et des Jeux olympiques 2012 de Londres. Sans doute un tournant dans l'histoire du football féminin français - Photo Daniel Roland/AFP

En Allemagne, comme ici à Sinsheim, les Bleues ont été soutenues par quelques centaines de supporters tout au long de leur parcours. Dix ans plus tard, elles disputeront leur cinq matches de la Coupe du monde 2019 en France dans des stades à guichet fermé, à Paris (deux matches), Nice, Rennes et Le Havre - Photo Johannes Eisele/AFP.

13 juillet 2011 : Louisa Necib et les Tricolores disputent leur première (et seule à ce jour) demi-finale de Coupe du monde. Opposées au États-Unis, leader du classement de la FIFA, elles s'inclinent 3 à 1 après avoir tenu les Américaines en échec jusqu'à la 79e minute - Patrik Stollarz/AFP

La France a suivi avec une passion inédite et grandissante l'aventure de l'Équipe de France à la Coupe du monde, et son retour dans l'Hexagone ne passe pas inaperçu. Le 18 juillet, Camille Abily et ses coéquipières goûtent au plaisir de leur nouvelle popularité à l'occasion d'une réception au magasin Nike sur les Champs-Élysées, à Paris - Photo Martin Bureau/AFP

Le journal L'Équipe a salué à sa manière la belle performance des Bleues au Mondial. Comme toutes les joueuses, Sabrina Viguier (à gauche) et Eugénie Le Sommer ont reçu en souvenir la "une" réalisée par le quotidien au lendemain de leur victoire contre l'Angleterre en quarts de finale - Photo Martin Bureau/AFP

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