ÉQUIPE DE FRANCE

La nouvelle vague bleue

vendredi 31 décembre 2021 - 16:03 - R. R.
Jordan Veretout Aurélien Tchouaméni Moussa Diaby

Hernandez, Tchouaméni, Veretout, Diaby, Mukiele et Guendouzi : l’Équipe de France compte six nouveaux internationaux depuis la rentrée de septembre.

C’était une idée reçue, il avait fini par s’en amuser jusqu’à ce qu’elle finisse par s’éclipser face à l’évidente réalité. Parfois catalogué, par le passé, comme un technicien conservateur qui ferait de l’Équipe de France un club réservé aux joueurs expérimenté, Didier Deschamps n’a pourtant jamais choisi ses joueurs en fonction de leur âge. Lors de la rentrée de septembre, le sélectionneur des Bleus a à nouveau mis ses principes en exergue en appelant quatre nouveaux visages : Théo Hernandez en défense, Aurélien Tchouaméni et Jordan Veretout au milieu, Moussa Diaby devant. Un cinquième est apparu après l’exclusion de Jules Koundé contre la Bosnie-Herzégovine, celui de Nordi Mukiele. Le dernier en date ? Le milieu Mattéo Guendouzi qui a honoré sa première sélection à Helsinki en novembre. Présentation de cette nouvelle vague.

 L’ère Deschamps en chiffres 

95
Le nombre de joueurs utilisés par Didier Deschamps depuis le début de son mandat en août 2012.
60
Le nombre de joueurs lancés en Équipe de France par Didier Deschamps dont 19 depuis la Coupe du monde 2018.
921
Le nombre d’internationaux français depuis le premier match, contre la Belgique, le 1er mai 1904.
23/27
Le nombre de joueurs passés par les Espoirs présents parmi les Bleus pour le rassemblement de septembre 2021. Seuls Kanté, Pogba, Mbappé et Théo Hernandez sont directement passés des sélections de jeunes aux A.

 Aurélien Tchouaméni 
 La force tranquille 


Le milieu lors d'Ukraine-France début septembre (photo Simon MORCEL / FFF). 

Il a débuté à Artigues (Gironde), a été formé aux Girondins de Bordeaux. Passé également par toutes les sélections de jeunes, le milieu de l’AS Monaco est désormais international A. À seulement 21 ans.  « La déception puis la joie. Ça fait partie du sport de haut niveau où, parfois, les hauts succèdent aux bas », analyse posément Aurélien Tchouaméni, quand on lui demande comment il a vécu l’annonce de sa première convocation avec l’équipe de France A, le 26 août dernier. La veille, avec Monaco face au Chakhtar Donetsk, il avait vu s’envoler d’un rien la qualification pour les phases de poule de la Ligue des Champions. Chez les Bleus, le benjamin du groupe a affiché une maturité bluffante. « Si je l’ai pris, c’est parce que j’estime qu’il a le potentiel pour être là. Il y a pas mal de nouveaux. Ils doivent prendre exemple et faire comme Aurélien l’a démontré à Kiev », a souligné Didier Deschamps après France-Ukraine (1-1). Touché à un pied, le Monégasque a quand même honoré sa troisième sélection, trois jours plus tard, en fin de match contre la Finlande. 

« C’est à Artigues que l’histoire a commencé »

Ce nouveau statut ne l’a pas rendu amnésique. Aurélien Tchouaméni sait d’où il vient. Il suffit de l’écouter parler d’Artigues, là où il a commencé à taquiner le ballon, à l’âge de cinq ans. « Que de bons souvenirs, s’exclame-t-il. Je me souviens de la découverte du centre d’entraînement. Je venais de déménager, il y avait le terrain juste à côté de la maison. J’ai pris une licence, c’est là que l’histoire a commencé. » Et elle n’est pas fini. Le natif de Rouen a gardé des liens étroits avec Claude Dauvillier, qui présidait le club girondin à l’époque.

L’ancien dirigeant a décroché son téléphone au début du rassemblement international pour souhaiter bonne chance à celui qu’il avait couvé et vu grandir. « À l’époque, se souvient Tchouaméni, je jouais au foot car j’étais passionné et tous amis jouaient au foot. Je ne me prenais pas la tête. Claude a été un président emblématique d’Artigues et il a joué un rôle très important pour moi et ceux de ma génération, dans notre évolution sportive et humaine. Je serai toujours là s’il a besoin. »

Le nouvel international sait ce qu’il doit à ceux qui l’ont aidé : « Que ce soit au niveau de mon entourage, à Artigues, à Bordeaux, j’ai eu la chance de compter sur des personnes bienveillantes. C’est ce qui fait ma force aujourd’hui. Il y a plein de joueurs très talentueux qui ne réussissent pas à faire carrière. Ils n’ont pas cette éthique de travail. Mon éducation et ce qui a été mis en place aux Girondins me permet d’être le joueur que je suis aujourd’hui. » Sa lucidité devrait l’aider à être encore plus grand, demain. Ça promet.

 Théo Hernandez 
Frère de, mais pas que

Dans un large sourire, il dit ambitionner de piquer la place de son frangin. Mais qu’on se rassure : la guerre fratricide n’aura pas lieu sur le flanc gauche de la défense française, une zone où Lucas Digne a également démontré qu’on pouvait compter sur lui, à force d’enchaîner des prestations de premier plan depuis la dernière Coupe du Monde. Quand il a su qu’il débuterait face à la Finlande, c’est à son frère que Théo, qui a débuté au CF Rayo Majahonda en Espagne, a passé son premier coup de fil. Celui qui avait assuré l’ambiance au château, le soir de son arrivée, en interprétant la Bamba en guise de son bizutage, a également su faire monter les décibels à plusieurs reprises, lorsqu’il s’est engagé avec rage et détermination dans son couloir, à Lyon-Décines. Comme si, à 23 ans, il voulait dévorer l’avenir qui se présentait à lui…


Théo Hernandez (à droite) et son frère lors du Final 4 de la Ligue des Nations en octobre (photo Anthony BIBARD / FEP / ICON SPORT).

 Jordan Veretout 
 La patience récompensée 

Champion du monde des U20 en 2013 avec Paul Pogba, Lucas Digne, Florian Thauvin, Alphonse Aréola, Samuel Umtiti ou Kurt Zouma, Jordan Veretout a dû attendre huit années pour pousser la porte du château de Clairefontaine. Fréquemment présélectionné par Didier Deschamps, auteur de prestations remarquées en Italie, à la Fiorentina (2017-2019) puis à l’AS Rome (depuis 2019), le milieu de terrain, qui a débuté à l'ES Belligné (Maine-et-Loire) et formé à Nantes, a profité des forfaits de Corentin Tolisso et de N’Golo Kanté pour effectuer ses premiers pas avec les A contre la Bosnie-Herzégovine. Si l’expulsion de Jules Koundé l’a contraint à sortir l’enfant de l’ES Belligné pour réorganiser son équipe et faire une place à Léo Dubois, le patron des Bleus a apprécié la prestation du nouveau venu. La preuve : il a à nouveau fait appel à ses services, le match suivant en Ukraine, lorsqu’Aurélien Tchouaméni, blessé à un pied, a été contraint de sortir.

 Moussa Diaby 
 Le nouveau « Titi » 

Moussa Diaby a été formé au Paris-SG. Être un « Titi » quand on débarque en équipe de France, ça peut aider pour s’intégrer. À son arrivée au château, celui qui fait désormais le bonheur du Bayer Leverkusen a été pris en mains par ses anciens coéquipiers, Presnel Kimpembé et Kylian Mbappé. « Ils m’ont accueilli et m’ont montré comment les choses se passaient ici. Ça m’a beaucoup m’aidé », dit-il. Diaby n’a pas fait le voyage pour rien. L’ancien Espoirs est devenu international A. Son dynamisme, son sourire ont séduit. Avec un peu de réussite, il aurait même davantage marqué les esprits. Très tonique lors de son entrée en jeu à Kiev contre l’Ukraine (1-1), il a vu sa frappe échouer sur le poteau droit de Pyatov. De sa taille (1,70m), Diaby a su faire une force : « J’en ai tenu compte pour me concentrer sur les choses qui pouvaient me servir le plus comme la vivacité ou jouer dans les petits espaces. J’évite les duels aériens (rires) mais mon gabarit n’a jamais été un problème. Je suis content d’être comme je suis. » Petit mais costaud.

 Nordi Mukiele 
 Matricule 920 

Entre l’expulsion de Jules Koundé contre la Bosnie-Herzégovine le mercredi 1er septembre et l’annonce de la durée de sa suspension par la FIFA, le lundi 6, cinq jours se sont écoulés. Didier Deschamps, qui avait dû jongler avec de nombreux forfaits pour composer sa liste initiale, en a fait de même pendant le rassemblement. De façon à être certain de doubler le poste de latéral droit en Ukraine, le sélectionneur a donc appelé Nordi Mukiele juste avant que les Bleus ne montent dans l’avion pour l’Ukraine. Le défenseur du RB Leipzig n’a pas fait ce premier voyage chez les A pour rien. Il a honoré sa première sélection contre la Finlande, à Lyon-Décines, en fin de rencontre, devenant, du même coup, le 920e international français de l’histoire.


Nordi Mukiele au milieu de ses coéquipiers notamment Mattéo Guendouzi sous le regard du sélectionneur Didier Deschamps (photo Anthony DIBON / ICON SPORT).

 Mattéo Guendouzi 
 L'éloge de la persévérance

La fougue qu’il dégage sur le terrain colle bien avec la persévérance dont il sait faire preuve, en dehors. Entre sa première convocation en Équipe de France A, le 2 septembre 2019, et sa première sélection en Finlande pour le dernier match de la campagne de qualification à la Coupe du Monde 2022, deux ans, deux mois et deux semaines se sont écoulées. Pilier de l’Équipe de France Espoirs de Sylvain Ripoll, l’entraîneur qui l’avait lancé en Ligue 1 à Lorient à l’automne 2016, Mattéo Guendouzi a toujours démontré beaucoup d’enthousiasme lorsque Didier Deschamps a fait appel à lui. Sa dixième feuille de match avec les Bleus a finalement été la bonne. À Helsinki, le 16 novembre 2021, le milieu de l’Olympique de Marseille a remplacé Antoine Griezmann à la 67e minute et est devenu le 921e international français de l’histoire. Un mois plus tôt, celui qui a été formé au PSG avait remporté son premier titre avec les Bleus puisqu’il faisait partie du groupe vainqueur de la Ligue des Nations. « Mattéo est plus épanoui, son temps de jeu est plus important en club cette saison. Il a confiance en lui. Il a un volume de jeu très intéressant, il dégage de l’agressivité et possède une qualité technique importante. Il amène beaucoup de fraîcheur dans le groupe. C’est important aussi même si à la base, je le répète, les qualités et le potentiel sont là », dit de lui Didier Deschamps.

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