D1 ARKEMA 

Kessya Bussy : « C’est prometteur »

vendredi 14 janvier 2022 - 19:18 - Claire GAILLARD
Kessya Bussy

Seule attaquante à avoir pris part à l’intégralité des onze premières journées de D1 Arkema, l’ailière de Reims se confie avant la phase retour et la réception, samedi, de Fleury (14h30, Foot+).

990 minutes de jeu après 11 journées de D1 Arkema, c’est déjà le signe d’une belle régularité. Mais quand le COVID-19 s’invite dans la danse, on frôle la performance. Kessya Bussy est la seule attaquante du championnat de France féminin à avoir pris part à toute la phase aller (*). Meilleure buteuse du Stade de Reims (6 réalisations), l’ailière gauche internationale française (20 ans, 3 sélections) revient sur la première partie de saison, ses statistiques, les résultats de son équipe, l’objectif du club et sa découverte des Bleues avec lesquelles elle a honoré sa première sélection contre l’Allemagne, le 10 juin 2021 (1-0). Bussy avait aussi à cœur de manifester son soutien à sa coéquipière Magou Doucouré, victime de propos sexistes et racistes lors du 16e de finale de Coupe de France féminine face à Lens (3-1, dimanche dernier).  

 SON TEMPS DE JEU 
« Un challenge »

« Je savais que j’étais l’une des seules avec Océane Deslandes et notre gardienne (Emily Alvarado) à avoir participé à l’ensemble des rencontres. Mais c’est à la mi-saison qu’on m’a fait remarquer que j’avais joué 90 minutes à chacune des journées ! C’est une fierté et ça montre que le club me fait confiance. Au départ en D1 Arkema, je n’étais pas habituée à avoir une telle intensité dans le jeu. Peut-être qu’on ne le perçoit pas à la télé mais les matches sont très physiques et enchaîner 90 minutes durant 11 journées d’affilée a été un challenge. Quand la coach t’aligne chaque week-end, elle attend que tu sois performante et décisive. À un moment, j’ai eu un coup de fatigue mais elle a répondu présent. Lorsque j’avais des interrogations ou me sentais fatiguée, Amandine (Miquel) a su m’écouter et s’adapter. Malgré tout, j’ai continué à jouer. Je suis contente car j’ignore si la saison dernière (sa première en D1 Arkema avec Reims qu’elle a rejoint en provenance de l’US Orléans, D2), j’aurais pu enchaîner autant. D’autant qu’on est une équipe avec un profil de jeu très athlétique. On court beaucoup car on propose un jeu de transition, on a souvent besoin de faire des sprints de contre-efforts comme pour aller attaquer. » 

 SON EFFICACITÉ 
« Durant la prépa, je ne marquais pas ! »

« Durant la préparation, j’avais un problème : je ne marquais pas. Et quand tu es attaquante, tu es rapidement frustrée. Lorsque le championnat a commencé, j’avais parlé de mes interrogations à la coach. Je lui avais dit : ‘‘ça m’angoisse, je ne suis pas en confiance pour démarrer la saison’’. Elle a su me redonner confiance, me montrer que le staff et mes coéquipières étaient derrière moi. Les premières journées ont eu lieu et j’ai marqué des buts rapidement grâce à mes coéquipières qui ont fait un travail monstrueux sur le terrain. La saison dernière, j’ai marqué 5 buts et là, j’en suis déjà à 6. Je vois une progression et c’est stimulant car je travaille beaucoup. J’ai marqué sur des services de Naomie Feller ou Melchie Dumornay, on est très complémentaires. À l’entraînement, on répète les derniers gestes devant le but… Je vais continuer ainsi et je sais que je peux faire mieux. Je n’ai pas encore délivré de passes décisives. La saison dernière, à pareille époque, je comptais 5 buts et 5 passes. Le but qui ressort ? Celui du 2-1 contre Bordeaux (5-2, le 16 octobre 2021). J’ai été formée excentrée droite et découvre le poste d’excentrée gauche depuis mon arrivée à Reims. Marquer sur une frappe lointaine, c’était la première fois que je réussissais à le faire. Contre Bordeaux, qui s’est qualifié la saison passée en Ligue des champions, et pour prendre l’avantage… C’est mon plus beau but avec celui face à Issy qui a apporté la victoire (photo ci-dessous). »


Le 2 octobre 2021, Kessya Bussy et Naomie Feller ont signé les trois buts du Stade de Reims face au GPSO 92 Issy (3-1, photo Anthony DIBON / ICON SPORTS).

 LE COVID 19 
« J’ai été touchée la semaine dernière (…) J’étais dans le mal »

« La situation est compliquée. Dans ce contexte, on a la chance de pouvoir jouer. Tout le monde, à commencer par les clubs, fait de gros efforts pour se protéger. Malgré toutes les précautions prises, le virus circule beaucoup et même si on fait attention, on peut l’attraper. Moi, j’ai été touchée la semaine dernière. J’ai fait un autotest mercredi qui s’est avéré positif. J’ai refait un test, PCR cette fois, le vendredi soit deux jours avant le match de Coupe de France. Il est revenu positif. Heureusement, il n’y avait pas d’autres cas dans l’effectif. J’ai eu des symptômes pendant une journée. J’étais vraiment dans le mal : fièvre, vertiges et maux de tête. Du jour au lendemain, c’est passé. Le club m’avait préparé un programme pour éviter de perdre le rythme. J’ai pu m’entraîner seule, aller courir… Je suis sortie de ma période d’isolement mercredi, ce n’était pas facile de rester seule dans mon appartement. Je déteste la solitude (rires) ! Là, c’est la libération. Je prends un plaisir fou à l’entraînement. »

 LES INSULTES SUBIES PAR MAGOU DOUCOURÉ 
« Il faut en parler »

« Il faut en parler. Magou a été très touchée, elle a du mal à s’en remettre et c’est normal. Cela ne devrait plus arriver : on est en 2022 ! Des tas de gens se sont battus pour l’égalité hommes-femmes et pour les droits de l’Homme, alors voir qu’il y a encore de tels actes dans les stades, ça m’attriste. Je n’ai pas d’autre mot que la tristesse. Je ne comprends pas comment c’est possible. C’est touchant de voir que d’autres clubs comme Yzeure ou Lens, qui a porté plainte, manifestent leur soutien et de lire les réactions sur les réseaux sociaux ou dans les médias. Magou a été forte durant la rencontre en finissant le match. Tout le monde n’aurait pas été capable de le faire. Elle a eu un sacré courage. C’est quelqu’un qui a la tête sur les épaules, elle a su rester solide et se sert de son expérience pour faire passer un message. C’est important en tant que footballeuse d’être actrice au sein de la société. C’est notre rôle afin d’éviter que de tels actes se reproduisent dans le foot ou à l’école pour un enfant, au travail, dans la rue… Le racisme ne devrait même plus exister. Si ce genre de faits se reproduit, on réagira. »


Magou Doucouré (photo Anthony DIBON / ICON SPORT).

 LA SAISON DE REIMS 
« On a loupé quelques points au début mais on a su rattraper le coup »

« C’était l’ambition de faire aussi bien que la saison passée, et on n’avait pas autant de points que là à mi-parcours (14 contre 11). Terminer 6e de la phase aller devant Bordeaux, c’est déjà super ! Je suis fière de mon équipe. On a commencé le championnat avec un effectif incomplet en raison des départs et des arrivées tardives de Melchie Dumornay et Vicki Becho. On a fait avec ce qu’on avait et on a proposé un beau football. Un regret ? L’entame peut-être car on a loupé quelques points en début de saison (3 défaites et 1 nul lors des 4 premières journées). Il a fallu un temps d’adaptation mais on a su rattraper le coup et c’est prometteur pour la phase retour. L’objectif ? Le maintien. On aimerait conserver cette 6e place et pourquoi pas aller chercher plus haut car on est une équipe pleine d’ambitions. C’est aussi important de ne pas avoir de blessées et de proposer du jeu. Le match face à Fleury (samedi) va être un gros choc. La dernière fois, on a perdu 1-0 sur une frappe lointaine de Le Garrec (0-1, le 30 octobre), c’était frustrant. Il faudra rester concentrées et ne pas laisser la place à des détails ou commettre des erreurs. »

 L’ÉQUIPE DE FRANCE 
« Un groupe performant avec des grandes ambitions »


À Strasbourg contre l'Allemagne lors de sa première sélection le 10 juin 2021 (photo Sébastien BOZON / ICON SPORT). 

« Être appelée en juin 2021 par Corinne Diacre, jouer et gagner contre l’Allemagne (1-0) a été un moment magique. Elle m’a fait confiance, c’était court (elle est entrée à la 84e minute) mais intense. Je travaille depuis de nombreuses années pour vivre ça. Contre la Grèce (10-0, le 17 septembre) et le Kazakhstan (5-0, le 26 octobre), même si ce sont des équipes moins bien classées au classement FIFA, ce sont des matches compliqués car l’équipe de France est toujours attendue. La sélectionneure nous le répète : on a des objectifs et on doit répondre présent. À la fin de la saison, il y a l’Euro, une échéance importante et on vise un titre. On doit se mettre en condition et se préparer. L’Euro fait partie de mes objectifs. Je vais travailler et tout faire pour être appelée. Il y a beaucoup de concurrence et je suis encore jeune mais je vais donner le maximum si la sélectionneure fait appel à moi. On a un groupe très performant et avec de grandes ambitions. Je sais que l’équipe de France fera quelque chose cet été. Corinne laisse la chance aux jeunes qui montrent qu’elles se battent pour mériter leur place. Elle nous fait comprendre qu’il faut du travail, de la rigueur et que rien n’est acquis. »

(*) Devant Aissata Traoré (EA Guingamp, 989 min.), Batcheba Louis (GPSO 92 Issy, 985 min.), Clara Matéo (Paris FC, 981 min.). Statistiques footofeminin.fr

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