D1 ARKEMA

Mathilde Bourdieu : « Tellement d'émotions »

vendredi 21 janvier 2022 - 12:28 - Claire GAILLARD
Mathilde Bourdieu PFC Issy

Auteure de cinq buts lors de ses deux derniers matches, l’attaquante du Paris FC, qui se déplace samedi à Soyaux pour la 13e journée (14h30, Foot+), raconte son retour sur les terrains après une saison blanche.

Le 28 août dernier, Mathilde Bourdieu retrouvait la compétition pour la première fois depuis février 2020, date de sa dernière apparition en D1 Arkema. Dix-huit mois marqués par le confinement et l’arrêt du championnat féminin puis, surtout, cette rupture du ligament croisé au genou gauche en match amical qui l’a fauchée durant la préparation estivale avec le Paris FC. Conséquence ? Une saison pour se remettre sur pied après l’opération puis la rééducation. L’attaquante (22 ans), qui avait déjà connu la même blessure au genou droit à 17 ans, est passée par des mois difficiles mais a puisé une force nouvelle. Pour FFF.Fr, Mathilde Bourdieu et Sandrine Soubeyrand, son entraîneure au PFC, racontent cette épreuve avant le déplacement à Soyaux, samedi dans le cadre de la 13e journée.

 SON RETOUR 
« J’ai ressenti tellement de sensations »

« Ça fait toujours plaisir de marquer et quand on est attaquante, c’est bon pour la confiance. On va dire que je continue sur ma progression. Il me manque encore des choses pour que je sois satisfaite. J’ai repris la compétition depuis le début de saison. Je suis entrée en jeu à la 70e minute lors de la première journée (4-1 contre Guingamp, le 28 août 2021). Il y avait tellement d’émotions. Je me suis battue pendant un an pour retrouver les terrains, il y avait ma famille en tribunes et je rejouais avec mes coéquipières. J’ai aussi éprouvé pas mal de stress car je n’avais pas joué depuis longtemps et j’étais un peu déstabilisée. Je retiens davantage les émotions que le foot en lui-même. De l’appréhension ? Il y en avait lors des premiers matches. J’en ai été débarrassée mi-novembre face à Bordeaux. C’est normal, il faut 2 à 3 mois pour se sentir libérée. J’avais besoin de mettre un strap, j’avais un peu de mal au niveau des duels, par rapport à l’intensité des rencontres… C’est revenu progressivement, plus les matches ont passé, plus je me suis sentie à l’aise. »

L’œil de Sandrine Soubeyrand : « Elle a marqué le week-end dernier contre Issy (1-0) après un quadruplé face à Lorient en Coupe de France (9-0). Si elle évolue à ce poste d’attaquante axiale, c’est parce qu’elle a été reconnue avant – et pas par moi – pour son efficacité devant le but. C’est une joueuse passée par les structures fédérales, elle n’est pas là par hasard. Si elle marque, c’est qu’elle se réinscrit dans un processus de performance car elle peut enchaîner, son corps la laisse tranquille. À mon sens, on est très loin de ce qu’on pourrait attendre d’elle car elle revient de tellement loin. »


Avec ses coéquipières qu'elle a pris plaisir à retrouver sur le terrain cette saison (photo Franco ARLAND / ICON SPORT).

 SA BLESSURE 
« Tout est allé très vite : j’ai senti une douleur vive, j’ai crié… »

« Lors d’un match amical durant la préparation estivale en août 2020, je prends un sacré coup. Même s’il n’y avait pas de mauvaise intention de la part de la joueuse adverse, c’était assez violent. Tout est allé très vite : j’ai senti une douleur vive, j’ai crié. J’ai essayé d’effacer ce souvenir (rires) ! J’ai tout de suite compris que c’était gave car j’avais déjà eu une blessure similaire à l’autre genou il y a cinq ans mais pas de là à penser que le ligament croisé était touché. Je suis tombée de haut. Après, quand le diagnostic est posé, c’est un long processus qui s’enclenche. On a planifié l’opération, la rééducation… J’ai pris les jours les uns après les autres. Je me suis mis en tête qu’il fallait que je reprenne pour le club, les filles et moi le mieux possible, pas le plus vite possible. J’ai tout mis en œuvre et tout le monde m’a accompagnée dans ma rééducation. Ça ne pouvait que bien se passer même s’il y a eu des hauts et des bas. Je suis heureuse d’être restée ici (elle a prolongé son contrat) et de retrouver la pleine possession de mes moyens pour le leur rendre. »

L’œil de Sandrine Soubeyrand : « La route a été longue, elle a eu plein de soucis. Depuis que je suis au club, je crois qu’elle n’a malheureusement pas pu enchaîner 4 mois d’affilée alors on ne va pas crier victoire. Il faut y aller progressivement. C’est très bien qu’elle puisse enchaîner et marquer, c’est important pour elle mais ce qui l’est pour nous, c’est qu’elle puisse jouer, prétendre à débuter, et à finir ou sortir du terrain en ayant ses deux jambes valides. »

 SA RÉÉDUCATION 
« On a envie d’être débarrassée des douleurs »

« On est un groupe. J’ai continué à m’impliquer à 100% avec les filles dans un rôle différent (voir thème suivant). On se soutenait mutuellement. Avoir des ondes positives quand ça ne va pas, ça aide. J’avais toujours en tête ma passion du foot et cette volonté de revenir même s’il y a eu des moments compliqués. On a envie d’être débarrassée des douleurs et de retrouver la capacité d’être totalement autonome. C’est ce qui est difficile en dehors du foot, dans la vie quotidienne. Mon entourage m’a beaucoup aidée et j’ai été suivie par des professionnels sur l’aspect psychologique. J’ai appris énormément de choses sur moi-même. Appris à m’écouter, à entendre mes émotions, à poser des mots quand ça ne va pas, à garder le moral. Je me suis imposé une rigueur dans ma rééducation qui va me resservir. Je m’en serais bien passée mais avec le recul, je sais que je ne serais pas la personne si je n’avais pas vécu tout ça. J’ai grandi. »

 SON RÔLE AUPRÈS DU GROUPE 
« Je me déplaçais, j’étais là dans le vestiaire… »

« J’ai découvert un nouveau rôle en dehors du terrain. J’étais présente à tous les matches et aux entraînements. J’ai fait ma rééducation au club. J’aurais pu rentrer auprès de ma famille, ça aurait été la facilité mais je suis restée au quotidien avec le groupe. Je me déplaçais aussi lors des rencontres à l’extérieur : je partais en voiture avec la présidente et les rejoignais sur place. J’étais là, dans le vestiaire, je m’occupais de la musique et certaines me sollicitaient… Dans les tribunes, je les encourageais. Les filles m’ont dit qu’elles se battaient aussi pour moi sur le terrain. »

L’œil de Sandrine Soubeyrand : « On a essayé de l’accompagner en étant là au quotidien. Ses coéquipières ont été d’un soutien qui ne peut pas être le même que celui du staff. On se focalise sur les joueuses disponibles. Quand on est blessée, on se sent un peu inutile. On a réussi à la raccrocher en l’impliquant dans différentes choses notamment en lien avec ses études. Elle veut être kiné donc le service médical la sollicitait pour lui faire comprendre certaines choses utiles dans ses études. Nous, staff technique, on l’a impliquée dans la préparation athlétique, on lui a délégué certains ateliers, on lui a demandé d’observer les défenses adverses pour donner des conseils à ses coéquipières… Ce n’était pas simple parce qu’à chaque fois qu’elle venait ici, ça lui rappelait qu’elle n’était pas dispo. »

 SA FORMATION DE KINÉ 
« Quand on ne l’a pas vécu, on ne se rend pas compte »

« Je fais des études pour devenir kinésithérapeute. La saison dernière, j’étais des deux côtés : patiente en tant que blessée et thérapeute lorsque j’étais en stage. Connaître ces deux approches m’a aidée dans mon cursus. Je suis en deuxième année (sur quatre) mais avec le statut de sportif de haut niveau, je peux dédoubler mes années. Mon rythme ? En général, le matin ou en début d’après-midi, j’effectue du travail personnel ou je suis à l’école et en fin de journée, c’est l’entraînement. Le rythme était plus dur en étant blessée ! Je n’ai pas eu besoin de cette blessure pour me confirmer ce que je voulais faire. Je le sais depuis de nombreuses années. Mais j’ai mieux perçu le rôle du kiné en étant patiente et j’ai pu le mettre en application lors de mon stage l’année dernière. Être blessée m’a permis de développer une relation avec le patient qui n’était plus la même qu’avant. On appréhende mieux la douleur au quotidien, la prise en charge du patient… Quand on ne l’a pas vécu, on ne se rend pas compte. »


L'attaquante protège son ballon devant les Lyonnaises Griedge Mbock et Wendie Renard en D1 Arkema le 12 décembre dernier (photo PARIS FC). 

 LA SAISON DU PARIS FC 
« C’est loin d’être fini »

« On a fait une très bonne phase aller, la preuve avec cette 3e place au classement. C’est notre objectif de figurer sur le podium pour que le club retrouve la Ligue des champions et que certaines puissent la découvrir ! Mais la saison est loin d’être finie. Il faut garder la même exigence et conserver notre efficacité pour continuer à gagner. Le contexte sanitaire n’est pas nouveau, on s’y habitue car, de toute façon, on n’y peut pas grand-chose. On fait très attention. Pour l’instant, on est épargnées et on espère que ça va continuer ainsi. » 

L’œil de Sandrine Soubeyrand : « L’objectif, c’est de terminer plus haut que l’an passé (4e) donc faire mieux sur le plan comptable et dans le contenu. À mon sens, le plan comptable est le juste reflet du contenu. Ce qui m’importe c’est que chaque joueuse progresse individuellement et collectivement pour que le Paris FC soit le plus haut possible. Pour l’instant, on est satisfait mais ça ne se joue pas à grand-chose. Il faut rester vigilants. On se focalise sur nous, notre capacité à travailler et à produire du jeu pour marquer des points et continuer à avancer. »

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