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Olivier Frapolli : « Un projet qui fonctionne »

jeudi 3 février 2022 - 22:12 - Philippe MAYEN
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L'actuelle deuxième place du Stade Lavallois MFC, à l'appel de la 20e journée de championnat, est-elle annonciatrice du renouveau du célèbre club « tango » ? Et pourquoi ? Réponses avec l'entraîneur mayennais.

Relégué de Ligue 2 au printemps 2017, le Stade Lavallois MFC vit sa cinquième saison d'affilée en National (la huitième de son histoire). Après dix-neuf matches, le club mayennais est au coude-à-coude en tête du classement avec l'US Concarneau (38 points chacun). Son bilan : 12 succès (meilleur total), 2 nuls et 5 défaites. 
L'ambition renaît ainsi journée après journée dans les rangs des Tangos et de leurs supporters. Ils espèrent l'entretenir lors de la réception du FC Bastia-Borgo (17e) vendredi soir (19h00), dans le cadre de la 20e journée, en attendant le résultat du leader breton, lundi soir contre le FC Villefranche (20h45 en direct sur Canal+ Sport).
Avant cette rencontre, l'entraîneur lavallois Olivier Frapolli, qui a connu une montée de National en Ligue 2 aux commandes de l'US Orléans, en 2014, brosse le portrait du club et de son équipe.

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LE PROGRAMME DE LA 20E JOURNÉE

 

L'INTERVIEW

« Votre équipe profite actuellement d'une bonne dynamique, mais les premières journées ont pu inquiéter ses supporters ? 
On a eu un peu de mal au départ, effectivement. Ce n’est pas ce que l’on souhaitait bien sûr, mais c’était prévisible dans la mesure où nous avions largement renouvelé l’effectif, avec seize nouveaux joueurs. On s’attendait donc à un des débuts un peu plus difficiles. Mais nous sommes toujours restés assez sereins car le contenu de nos matches étaient positifs. Notre première victoire contre Cholet [2-1, 5e journée] a servi de déclic et nous a permis d’enchaîner ensuite.

Renouveler l'effectif en profondeur était une volonté ? 
Oui et non. La dynamique sur la fin de saison précédente a été moyenne, on souhaitait malgré tout conserver une petite ossature. Mais certains garçons qu’on aurait aimé garder, auxquels ont avait fait des propositions, ont préféré partir ailleurs. 2020-2021 a été très compliquée à gérer, par rapport au Covid. Alors que l’on avait réalisé un très bon début de championnat, le club a été touché à deux reprises, de façon assez brutale. Cela explique en partie notre mauvais classement final [12e place]. On est sur un autre projet cette année, avec un nouveau président [Laurent Laury] et un nouveau manager général [José Ferreira], et pour le moment, cela fonctionne.

5
Les Mayennais restent sur cinq victoires en cinq matches en National.
22
Laval est l'équipe la plus performante en déplacement : 22 points pris sur 27 possibles.
7
Les Tangos se sont imposés lors de leurs sept derniers déplacements.

En quoi consiste ce projet ? 
Il réside dans la volonté de revenir à ce qui a fait la force du club dans le passé, à savoir la stabilité, une ambiance conviviale et bienveillante, au sein du Stade et pour son environnement, supporters, partenaires... Ces cinq dernières saisons, plus cent joueurs ont évolué ici. Or, Laval n’est pas Paris. C’est une petite ville, avec un club qui appartient à son patrimoine. Les gens ont besoin d’avoir un rapport de proximité avec leur équipe. Cela ne se crée pas en changeant vingt joueurs chaque saison. Il faut de la stabilité. C’est le modèle que le président a choisi parce qu’il est convaincu que c’est le bon pour réussir à Laval, et cela porte ses fruits. On sent une osmose, en tout cas une relation de sympathie entre l’équipe et les supporters. Sur les témoignages que l’on a, cela faisait longtemps que l’on n’avait pas ressenti ça, et c’est très important. Cela fait plaisir à voir. Quand il construit son groupe, la première mission d’un entraîneur est d’avoir des résultats, mais la seconde est d’apporter de la joie aux supporters et qu'ils s’identifient à leur équipe.

Comment la volonté de stabilité se traduit-elle ?
Une grande partie des joueurs qui ont signé cette saison sont engagés pour deux ans, alors que l’on souvent travaillé dans l’urgence jusqu’à là. Et ceux qui n’ont signé qu’un an, ont une possibilité de prolongation selon les performances. En fin de saison dernière, nous en avions une vingtaine en fin de contrat, cela explique aussi notre fin de parcours plus difficile. Le nouveau président ne voulait pas repartir sur cette voie. Mon staff et moi-même avons été prolongés dès le mois d’avril pour deux ans, avec une année optionnelle.

La perte du statut professionnel en mai 2019 a t-elle marqué le club ? 
Oui, cet évènement a été très dur à digérer. Je suis arrivé juste à ce moment-là. Lorsque j’ai signé, le club n’avait donc plus aucun joueur sous contrat. Tout était à reconstruire. Le centre de formation a fermé, le budget a été divisé par deux. À la reprise de l’entraînement, nous n’avions que neuf joueurs licenciés. La première année [2019-2020] a été une année de transition et pour la deuxième [2021-2022], on devait essayer d’améliorer les choses. Cela a été fait sur une moitié de saison.

La joie est revenue au stade Francis-Le Basser de Laval. Les Tangos ont engrangé douze victoires cette saison en National (photo Philippe LE BRECH/APL/FFF).

Aujourd'hui, la montée en Ligue 2 fait-elle partie du projet ? 
On s’est donné deux ans pour y parvenir. Bien évidemment, si la possibilité se présente cette année, on la saisira. Mais c’est encore trop loin, il reste beaucoup de journées.

Vous avez fini le championnat précédent avec 42 points. Vous en comptez déjà 38. C'est un bon temps de passage. 
Nos statistiques sont bonnes, oui, et l’amélioration est aussi nette dans le jeu. On est parti sur un projet un peu plus ambitieux, qui nécessitait de mettre certaines choses en place. Cela ne pouvait pas s’opérer en quelques semaines. Il fallait que chacun apprenne les principes de jeu. J’estime que nous ne sommes pas encore à maturité, on a une marge de progression. Sans user de la langue de bois, on prend match par match, on s’est fixé des paliers de points à obtenir. On fonctionne comme ça. Aujourd’hui, on a quasiment acquis le maintien, ensuite on veut atteindre la barre des cinquante points. Six ou sept équipes sont concernées par le haut du tableau, il faudra peut-être un peu moins de 60 points pour être dans les trois premiers.

Laval a une histoire et cette histoire doit constituer une force, pas un fardeau.

 

Votre équipe est la plus performante du championnat à l'extérieur, elle est moins efficace à domicile. Comment l'expliquez-vous ?
Très honnêtement, je n'ai pas la réponse. On préférerait être invincibles devant nos supporters, sur nos terres. On a joué de belles équipes à domicile, comme Villefranche (0-0), Concarneau (0-1), Bourg-en-Bresse (1-2), Châteauroux (1-2), Orléans (1-2). C'est une explication possible. On a souvent perdu tout en faisant de bons matches, cela s'est toujours joué à peu, avec un but d'écart. On va essayer de garder cette solidité à l’extérieur et d’être encore meilleurs chez nous sur la seconde partie du championnat. 

Geoffray Durbant est co-meilleur réalisateur du National, avec douze buts. Cela représente la moitié des buts inscrits par votre équipe. 
Il est toujours important d'avoir un buteur de ce calibre. Lorsque Thomas Robinet est parti [pour Châteauroux], notre priorité a été de le remplacer. Geoffray Durbant [ex-Bastia-Borgo] était en première position. Il a bien réussi son acclimatation. Nous avons aussi fait venir Sébastien Da Silva [ex-SC Bastia] et Kader N'Chobi [ex-SO Cholet]. Nous avons donc trois bon attaquants, l'émulation entre eux est très saine, elle les pousse à être performants à chaque fois. Mais les deux extrémités d’une équipe sont importantes. Notre gardien Alexis Sauvage fait également une très belle saison. 

Laval a connu la Ligue 1 et même l'Europe (*). Est-ce totalement de l'histoire ancienne ? 
L’histoire est toujours présente. Beaucoup de supporters ont connu l’époque européenne. Quand on arrive au Stade Lavallois, on ressent cette trace, si j’ose dire. Le club compte énormément pour le département de la Mayenne et pour la région. Il y a beaucoup d’attente, cela donne une grande responsabilité. On a la chance d’avoir des partenaires fidèles, qui appartiennent aussi au patrimoine industriel local, qui permettent au club de rester attractif et compétitif dans cette division. C’est un club attachant, qui suscite de la passion. On trouve régulièrement des supporters des Tangos lors de nos déplacements, des gens qui ont connu le club en L1. Laval a une histoire et cette histoire doit constituer une force, pas un fardeau. »

13
Le nombre de saisons de Laval en Ligue 1, de 1976-1977 à 1988-1989.
5
Le meilleur classement du club mayennais en Ligue 1 (saisons 1981-1982 et 1982-1983).

(*) Le Stade Lavallois a disputé la Coupe de l'UEFA lors de saison 1983-1984. Il est éliminé par l'Austria de Vienne en 16es de finale (0-2, 3-3) après avoir écarté le Dynamo Kiev (0-0 et 1-0) en 32es. 

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