RÉTRO EURO FÉMININ

Sonia Bompastor : « Ce match-là, on doit le remporter »

mardi 5 juillet 2022 - 13:09 - Claire GAILLARD
Sonia Bompastor Euro féminin 2005

L’ancienne défenseure et capitaine lors de l’Euro 2005, ici contre l'Italie, revient sur le parcours des Bleues lors de cette édition, notamment le nul concédé face à la Norvège (1-1) qui les a privées du dernier carré.

Après une première saison sur le banc de l’Olympique Lyonnais où, avec son groupe, elle a reconquis le championnat de D1 Arkema et la Ligue des champions féminine, Sonia Bompastor profite de quelques jours de repos. L’entraîneure rhodanienne reste néanmoins très attentive au marché et à ses joueuses. Elle le sait toutes ne seront pas là pour la reprise de l’entraînement programmée le 18 juillet. Avec 12 internationales retenues pour disputer l’UEFA Euro féminin 2022, dont 5 en Équipe de France, la probabilité d’en voir quelques-unes dans le dernier carré est grande. Soutenues par les membres de son staff, Bompastor a prévu d’observer les 31 rencontres du tournoi. Elle dit avoir hâte d’y être. Cela rappellera certainement des souvenirs à l’ancienne défenseure des Bleues (42 ans, 156 sélections entre 2000 et 2012). Pour FFF.FR, elle a accepté de revenir sur l’édition 2005 en… Angleterre où elle portait le brassard de capitaine. 

« L’Euro 2005 était votre deuxième Championnat d’Europe après celui disputé en 2001…
En 2001, j’étais jeune (rires) ! Je ne partais pas en tant que titulaire. À la fin du championnat, Peggy Provost se blesse et « Babeth » Loisel me donne ma chance. Sur les matches amicaux avant l’Euro, je gagne ma place de titulaire. Durant le tournoi, on obtient des résultats plus ou moins bons mais à titre personnel, avec ma jeunesse, je ne me suis pas posée de question. Cette compétition n’était pas réussie sur le plan collectif mais l’était plutôt sur le plan individuel. 

Comment s’était passée la phase de qualifications pour l’édition 2005 ? 
Sur les qualifications, cela se passe plutôt bien, on se qualifie assez logiquement pour cet Euro en Angleterre avec une seule défaite de mémoire contre la Russie. 

On est tombé sur une poule très relevée. Il y a eu beaucoup de frustration et de déception. Même à titre personnel, cela aurait été l’occasion de confirmer mon potentiel et je me souviens que je réalise une compétition très moyenne.

 

Vous étiez capitaine lors de ce tournoi. 
À l’époque, je succède à Corinne Diacre, un monument du football féminin. « Babeth » vient me voir en me disant qu’elle souhaite changer de capitaine. Je crois qu’elle avait sondé le groupe pour connaître leur ressenti et mon nom était ressorti. On a eu un échange pour qu’elle m’explique ses attentes vis-à-vis du brassard. Quand elle m’en a parlé, j’étais un peu surprise car il y avait des joueuses avec beaucoup plus d’expérience que moi. Ma vision était claire : brassard ou pas, cela ne devait pas changer mon comportement, cela me donnait juste plus de responsabilités. Je suis restée la même dans le vestiaire ou sur le terrain. J’ai voulu garder cette mentalité combative. 


(Photo ICON SPORT)

Cet Euro intervient deux ans après la première Coupe du monde à laquelle l’Équipe de France féminine a pris part. Cela a-t-il crée une dynamique particulière ? 
C’était une grande satisfaction de se qualifier pour la première Coupe du monde aux États-Unis, le fief du football féminin. Le match de la qualification au stade Geoffroy-Guichard où on décroche notre billet est encore bien présent dans ma mémoire ! Ça a été une grande expérience. Malheureusement sur le plan des résultats, cela n’a pas été terrible mais pour nous, cette première Coupe du monde est un grand moment et l’Euro 2005 arrive juste après. On avait envie de confirmer. 

Quels souvenirs conservez-vous de cet Euro ? 
On est tombé sur une poule très relevée. Il y a eu beaucoup de frustration et de déception. Même à titre personnel, cela aurait été l’occasion de confirmer mon potentiel et je me souviens que je réalise une compétition très moyenne. Sur le plan collectif, les résultats n’étaient pas à la hauteur des espérances. C’est un échec entre guillemets. On démarre bien face à l’Italie (3-1) mais on concède un nul contre la Norvège (1-1) avant de finir face aux Allemandes (0-3). Au début des années 2000, la Norvège était notre bête noire. On avait beaucoup de mal à les battre malgré un effectif qui avait la qualité pour le faire. En termes d’expérience, ça jouait plutôt en leur faveur. À chaque fois, on butait sur cet adversaire et ce match-là, on doit le remporter. On termine à 1-1 et la qualification se joue à la différence de buts. 

Sur le plan technique, on était capables de prendre le jeu à notre compte mais il y a tellement d’impact athlétique qu’on ne peut pas mettre notre jeu en place, cela nous fait déjouer et on n’évolue pas à notre niveau. Ces dernières saisons, c’est d’ailleurs la dimension athlétique qui a le plus évolué dans le football féminin.

 

Qu’avaient de plus vos adversaires à l’époque ? 
La Norvège était plus athlétique. Nous, on démarrait la semi-professionnalisation du football féminin en France. On commençait doucement à se structurer. Souvent, c’est ce qui faisait la différence avec les pays nordiques ou l’Allemagne. On avait du mal à rivaliser sur le plan athlétique. Pour l’avoir vécu plus tard face aux États-Unis, ce sont des équipes qui vous imposent un grand défi physique. Sur le plan technique, on était capables de prendre le jeu à notre compte mais il y a tellement d’impact athlétique qu’on ne peut pas mettre notre jeu en place, cela nous fait déjouer et on n’évolue pas à notre niveau. Ces dernières saisons, c’est d’ailleurs la dimension athlétique qui a le plus évolué au plus haut niveau. Si on n’est pas capable de rivaliser sur ce plan-là, on ne peut pas espérer faire de résultats. 


Sandrine Soubeyrand au duel avec une joueuse allemande (photo ICON SPORT).

Pourtant face à l’Allemagne, vous résistez pendant 70 minutes…
On tient pendant une bonne partie du match mais il nous manque l’aspect athlétique. À l’époque, on était aussi en transition avec de jeunes joueuses qui étaient entrées en 1998 à Clairefontaine au centre de formation et des joueuses plus expérimentées qui avaient elles-aussi l’habitude de s’entraîner tous les jours, d’enchaîner les matches de manière rapprochée avec une grande intensité. L’Allemagne, c’est la troisième et dernière rencontre du groupe. À  la 70e minute, on craque physiquement et mentalement. Quand on prend un but face à l’Allemagne, c’est dur de résister ensuite. On n’était pas suffisamment armées sur les aspects physique et mental par rapport à cette nation ou à la Norvège, qui avaient l’expérience des compétitions internationales. 

On a envie que les Lyonnaises réalisent de grosses performances et qu’elles aident leur sélection à aller au bout. Quand j’ai quitté mes joueuses en juin, je leur ai souhaité de réaliser une belle compétition et de gagner. Il y aura des heureuses et des déçues !

 

Que pensez-vous de l’Équipe de France féminine d’aujourd’hui et comment voyez-vous cet Euro 2022 ? 
J’ai envie d’y croire. L’Équipe de France a beaucoup de talent et arrive à maturité. Quand on prend les joueuses une par une, il y a les moyens d’aller décrocher cette victoire finale. C’est tout ce que je leur souhaite. Le football féminin français a besoin d’un titre sur la scène internationale. J’ai hâte que cet Euro 2022 commence. Quand on voit l’Espagne, l’Allemagne, l’Angleterre et la France, on tient certainement le dernier carré. L’Italie a réalisé une très belle Coupe du monde 2019, les Pays-Bas, tenants du titre, font figure d’outsiders. L’Angleterre a envie de montrer qu’elle est prête à vivre un bel évènement. Récemment ils ont mis en place beaucoup de choses pour développer leur championnat et je pense que cet été sera l’occasion de marquer un grand coup. Ça va être une très belle compétition avec de beaux matches. J’ai envie de voir comment performent les équipes et les joueuses. 


En Équipe de France, l'entraîneure de l'OL compte cinq joueuses dont Delphine Cascarino ou Wendie Renard (photo Tim GUIGON / FFF).

Avec un regard attentif sur les nombreuses Lyonnaises engagées, notamment en Équipe de France ? 
Cinq internationales françaises impliquées dans l’Euro, douze joueuses toutes sélections confondues au total qui vont être en compétition. Avec mon staff, on s’est réparti tous les matches de la compétition plus ceux des joueuses qui évoluent avec d’autres pays comme les États-Unis ou le Chili avec Christiane Endler. On a envie que les Lyonnaises réalisent de grosses performances et qu’elles aident leur sélection à aller au bout. Quand j’ai quitté mes joueuses en juin, je leur ai souhaité de réaliser une belle compétition et de gagner. Il y aura forcément des heureuses et des déçues ! »

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