NATIONAL

Albert Cartier : « Retrouver notre identité »

vendredi 23 septembre 2022 - 09:12 - Philippe MAYEN
National AS Nancy Lorraine Albert Cartier

Ancien club de Ligue 1 et Ligue 2, Nancy figurent parmi les favoris cette saison en National. Avant de parler de montée, l'entraîneur lorrain préfère centrer ses premiers objectifs sur des valeurs essentielles.

Pour la première fois de son histoire, l'AS Nancy Lorraine (nom du club depuis 1967) n'a pas pris cette saison le départ d'un championnat professionnel. À la suite de sa relégation de Ligue 2 au printemps dernier, c'est en National que ce bastion du football français, qui a révélé un certain Michel Platini, évolue désormais, loin de ses plus belles heures passées. Un choc pour tous les supporters des Chardons. Revenu le 4 janvier sur le lieu de ses débuts de joueur dans les années 80, Albert Cartier n'aura pu sauver l'ASNL de la descente. L'entraîneur lorrain confie aujourd'hui toute sa détermination à raviver rapidement les couleurs de son club, actuellement quatrième du classement avant son déplacement au FC Versailles vendredi soir lors de la 7e journée. 

La 7e journée de National est à suivre sur FFFTV et sur Scores en Direct

LE PROGRAMME

« Comment la descente en National a t-elle été vécue au sein du club ? 
Cette rélégation a permis à tous de comprendre que personne n'est à l'abri de rien dans la vie, que l'on est toujours le plus petit de quelqu'un, ou qu'il y a toujours quelqu'un plus grand que vous. Cela peut vous aider à vous préserver de certaines désillusions, comme celle que nous venons de connaître. Notre première idée consiste désormais à retrouver de la crédibilité, auprès de nos supporters, nos abonnés, nos partenaires, auprès du football même. La saison dernière, certains de nos adversaires n'en revenaient pas de voir l'ASNL à ce niveau alors qu'auparavant ce club, cette équipe, représentaient quelque chose. Il n'y avait rien. En tant que manager sportif et coach de l'équipe, retrouver cette crédibilité est mon premier travail. 

En quoi ce travail consiste-t-il ? 
À retrouver des choses importantes, certaines valeurs « souterraines » je dirais, profondes, qui viennent de la terre : le travail, l'humilité, le sérieux, l'exigence, la rigueur, la discipline. Cela passe par ça. On n'était plus là-dedans. Aujourd'hui, on nous dit : « Vous, vous voulez monter ! ». Évidemment, on a toujours de l'ambition quand on commence un championnat, c'est certain. Mais surtout, nous voulons en priorité retrouver notre identité, cette identité dans laquelle nos supporters se retrouvent, une équipe et des joueurs auxquels ils puissent s'identifier. On ne retrouvera une crédibilité que par ça. 

Sur un terrain, ce n'est pas le joueur qui fait l'homme, mais c'est l'homme qui fait le joueur.

 

L'inter-saison a donc surtout été consacrée à remobiliser le club en ce sens ?
À ça oui, et à reconstruire un effectif. Nous avons eu vingt-cinq départs et quinze arrivées. De l'équipe-type avec laquelle nous avons terminé la saison, il ne reste que Neil El Aynaoui, formé au club [El Aynaoui, 21 ans, est à l'ASNL depuis ses 8 ans]. Et Mohamed Lamine Cissé, désormais international U20 [demi-finaliste de l'Euro U19 2022], mais qui était plutôt remplaçant. Le choix des joueurs s'est effectué avant tout sur les qualités mentales. Sur un terrain, ce n'est pas le joueur qui fait l'homme, mais c'est l'homme qui fait le joueur. Le recrutement a été fait avec le président [Gauthier Ganaye], si nous n'étions pas d'accord tous les deux sur quelqu'un après avoir analysé le joueur et l'homme, on ne le prenait pas. On assumera nos choix ensemble. 

Qu'est-ce qui a guidé ces choix ? 
Nous avons pris des joueurs que je connaissais, que j'ai coachés, ou des joueurs qui se connaissaient. Par exemples, Baptiste Aloé et Prince Mendy [défenseurs] ont fait leurs classes ensemble au centre de formation de l'OM. Et Prince Mendy a joué une saison à Laval avec Thomas Robinet [attaquant]. Gaëtan Bussmann [défenseur], Mayoro N'Doye [milieu] et Diafra Sakho [attaquant] ont été formés et ont joué ensemble à Metz lorsque j'en étais l'entraîneur [2012-2015]. Baptiste Etcheverria [défenseur] et Alexis Giacomini [milieu] ont été dans la même école au Pays basque. À Bastia-Borgo [mars à novembre 2021], j'ai eu avec moi Isaak Umbdenstock, Lucas Pellegrini [défenseurs], Alexandre Cropanese [milieu] et Alexis Giacomini. Et enfin, nous avons quatre Alsaciens, Marco Gianorio [gardien], Isaak Umbdenstock, Clément Lhernault et Maxime Nonnenmacher [milieux]. Dans un groupe renouvelé à 99,9 %, il fallait déjà des connexions pour aller plus vite.  

30
L'ASNL a évolué trente saisons en championnat de France de Ligue 1
1
Le club lorrain compte une victoire en Coupe de France (1978)
1
Nancy a aussi remporté une fois la Coupe de la Ligue (2006)
3
L'ASNL a trois participations européennes à son palmarès (1978, 2006 et 2008)

La victoire de l'ASNL à Concarneau lors de la 4e journée a peut-être servi de déclic à l'équipe d'Albert Cartier (photo Philippe LE BRECH/APL/FFF).

Les qualités mentales sont particulièrement nécessaires dans un championnat tel que le National ?
Certainement. Plus que dans tous les autres championnats, ici tout le monde peut battre tout le monde. Le premier peut prendre quatre buts à l'extérieur. Une équipe quinze points derrière, peut être deux fois meilleure que vous sur un match. À chaque rencontre, il faut rester attentif et vigilant jusqu'au bout. Ce championnat nécessite d'être costaud toute la saison, avec des joueurs de caractère qui ne se dérobent pas dans la difficulté, qui assument. Il s'annonce encore plus serré cette année avec six descentes. Je ne pense pas qu'il y aura de gros écarts de points à l'arrivée. C'est très compact. Vous gagnez trois matches et vous êtes sur le podium, vous en perdez trois autres et vous voilà seizièmes. 

Vous avez concédé deux défaites à domicile et un nul lors des trois premières journées, puis venez d'enchaîner trois succès. Que pensez-vous du début de saison de l'ASNL ?
Notre début de saison a été insuffisant en termes de résultats, je l'ai dit. En revanche, il y avait du travail, du sérieux et du contenu, à l'entraînement comme dans les matches. Le groupe est resté concentré et ne s'est pas affolé pendant cette période, il ne s'est jamais démuni, à l'exemple de notre match à Concarneau où nous étions menés 1-0 et réduits à dix à la mi-temps. Et nous l'avons emporté 2-1. Moi, cela me montre déjà que l'on ne s'est pas trompé sur les hommes. Ils ont fait face, se sont montrés solides, solidaires et performants. C'est le genre de victoires dont le groupe doit se souvenir.

Je veux vraiment que les supporters sachent que notre premier objectif est de retrouver une équipe dans laquelle ils puissent s'identifier.

 

Désormais, vous sentez que votre équipe est lancée ?
Ce championnat est tellement imprévisible et dangereux... Il y a tellement d'obstacles. Nos adversaires se subliment quand ils viennent à Picot, ils connaissent notre histoire. On a perdu Baptiste Aloé en défense sur rupture des ligaments croisés. C'est un coup dur. Moi, je donne rendez-vous à deux-trois journées de la fin pour voir si on est dans la course. Ce dont je suis sûr, c'est qu'un lien invisible s'est tissé entre nous pendant la préparation et aussi pendant les trois premières journées sans victoire. On n'a jamais dit que l'on sera meilleurs que tout le monde. Mais on dit que l'on se battra jusqu'au bout, que l'on donnera le meilleur de nous-mêmes à tous les matches. On en perdra, c'est certain, on l'accepte, c'est le jeu. Mais on ne lâchera pas, on n'abandonnera pas. C'est notre idée force. 

On sent de votre part un fort attachement à ce club.
Pour le dire avec des mots à moi, je vais à la guerre avec le maillot que je porte. Et ce maillot, je l'ai porté de nombreuses années. L'ASNL a été mon premier club professionnel. J'ai envie de lui redonner tous les moments exceptionnels, d'émotion, de partage, de rencontres, qu'il m'a permis de vivre pendant de nombreuses années. Je suis revenu pour ça. C'est mon club. Tenez, j'ai pris sur moi d'organiser un repas en commun avec les salariés qui sont au stade Marcel-Picot [administration du club] et ceux de la Forêt de Haye [centre d'entraînement et de formation]. Ils ne se connaissent pas pour la plupart, ne se côtoient pas. On va faire ça bientôt et on recommencera. Et, je le répète, je veux vraiment que les supporters sachent que notre premier objectif est de retrouver une équipe dans laquelle ils puissent s'identifier.»

193
Le nombre de matches pros joués avec l'ASNL par Albert Cartier (1980-1987)
7 297
La moyenne de spectateurs après quatre matches de Nancy à domicile

LE CLASSEMENT

LA PROCHAINE JOURNÉE

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