ARBITRAGE

Brisard, Millot, la VAR fait leur bonheur

mardi 22 novembre 2022 - 19:20 - Philippe MAYEN
Benoît Millot et Jérôme Brisard

Jérôme Brisard (à droite) et Benoît Millot vivent au Qatar leur première Coupe du monde, en tant qu'arbitres-assistants vidéo. Un rôle important que le duo français aborde avec enthousiasme et concentration.

Jérôme Brisard (36 ans) et Benoît Millot (40 ans) font partie des six arbitres français sélectionnés par la FIFA pour cette 22e Coupe du monde (du 20 novembre au 18 décembre au Qatar), avec Stéphanie Frappart, Clément Turpin et ses assistants Cyril Gringore et Nicolas Danos.
Le premier est arbitre FIFA depuis 2018, le second depuis 2014. Tous deux participent à leur premier Mondial, où ils vont aussi représenter leur ligue et leur club : la Ligue des Pays-de-la-Loire et les Francs Archers de Laval pour Jérôme Brisard, la Ligue Paris-Île-de-France et Le Plessis-Robinson FC (92) pour Benoît Millot*. FFF.FR les a rencontrés avant leur départ pour cette phase finale, l'occasion pour eux de confier leur joie de vivre cet événement mais aussi leur ambition pour cette compétition. 

*Benoît Millot a été désigné arbitre-assistant vidéo pour le match d'ouverture Qatar-Equateur, dimanche. 

Les arbitres français à la Coupe du monde

« Comment avez-vous accueilli votre sélection pour cette Coupe du monde, la première pour l'un et l'autre ? 
Jérôme Brisard : Il s'agit de ma deuxième grande compétition après l’Euro 2020 avec Clément [Turpin], cela témoigne d’une certaine continuité dans le travail. C’est un réel accomplissement. On est enthousiastes, excités, à l’idée d’y aller, de partager cette joie avec les collègues, de travailler en amont pour arriver le plus fort possible. La pression viendra petit à petit.  

Benoît Millot : J’ai accueilli la nouvelle comme un honneur, avec une grande joie et beaucoup de plaisir. Je sais aussi que c’est une grande responsabilité, que l’on mesure mieux une fois sur place. Avec mes collègues, nous sommes arbitres depuis des années et des années. C’est notre passion. On travaille, étape par étape, on a la chance de pouvoir grimper. En fait, on n’imagine jamais vraiment que l’on peut être retenu pour une Coupe du monde jusqu’au moment où cela arrive. J’en ai jouées beaucoup, dans la cour d’école ou en bas de chez moi quand j’étais gamin ! C’est un peu une apogée, un Graal. 

Quelle est la préparation des arbitres dédiés à l'assistance-vidéo ? 
BM : D’abord je veux dire que cela ne se fait pas en un claquement de doigts, ce n’est pas juste une « chance ». Il est nécessaire d’avoir déjà participé à des compétitions internationales et d’avoir été performant. La préparation est celle des arbitres de terrain, nous suivons les mêmes séminaires de la FIFA préparatoires à la phase finale, qui permettent d’entrer progressivement dans l’événement et d’entendre ce que la FIFA attend de nous en matière d’arbitrage et plus spécifiquement d’arbitrage vidéo. On suit donc les mêmes causeries techniques. Sur place, on est suivi au quotidien, avec un plan de préparation athlétique. Le rôle est différent mais on n'est pas là en « free-lance ».

JB : Cette année, la Coupe du monde arrive au beau milieu de la saison et n’en est pas le point final, elle sera un peu une parenthèse enchantée. Mais on ne doit pas oublier les rendez-vous sportifs qui seront les nôtres lorsque l’on reviendra en France. Il faut continuer à se préparer convenablement durant ce Mondial de manière à pouvoir performer ensuite dès la fin décembre.

L’assistance-vidéo permet à des arbitres de participer d’une autre manière mais avec un même impératif de performance. Ce n’est pas un lot de consolation.

Benoît Millot

Vous n'aurez pas l'occasion d'être arbitres de terrain. Cela ne provoque t-il pas une certaine frustration chez vous ? 
JB : Absolument aucune frustration et je le dis de manière très honnête. Il y a seulement la joie de pouvoir faire partie de cette aventure, que cela soit avec un sifflet, un drapeau, en tant que quatrième arbitre ou VAR. On a la chance de participer à la plus grande compétition internationale de football qui soit, d’être sur ce « grand manège ». Mes premiers souvenirs de Coupe du monde sont ceux de l’édition 1998 avec le parcours de l’Équipe de France. Être là est extraordinaire, sans aucune sorte de frustration, je le répète.

BM : Aucune frustration non plus, très sincèrement. Je ne retiens que l’honneur et le privilège d’avoir été sélectionné. Ayons conscience que les arbitres présents sur le terrain à cette Coupe du monde ne représentent qu’une part infime des arbitres des quatre coins de la planète. L’assistance-vidéo permet au contraire à des arbitres qui n’auraient peut-être jamais eu cette chance de participer d’une autre manière mais avec un même impératif de performance. C’est aussi une opportunité pour eux, pour nous, de montrer nos aptitudes et de prendre une part active à l’événement. Ce n’est pas un lot de consolation.

Cette fois, Benoît Millot sera de l'autre côté de la VAR... (photo Alexandre DIMOU / ICON SPORT)

Personnellement, je vis le match comme si j’étais sur le terrain, je me mets à la place de l’arbitre.

Jérôme Brisard

La pression est-elle la même pour les arbitres en charge de la vidéo, à l'écart de l'ambiance ? 
JB : La pression est intense, même si l’on prend beaucoup moins de décisions que sur le terrain, où vous pouvez intervenir plusieurs fois par minute. Avec la VAR, c’est beaucoup plus épisodique. On a trente secondes en moyenne, une minute maximum, pour prendre une décision, après avoir mesuré tous les paramètres. Il faut être concentré pour être très précis dans les informations données à l’arbitre central, et rapide en même temps. Personnellement, je vis le match comme si j’étais sur le terrain, je me mets à la place de l’arbitre.

BM : L’opinion publique admet généralement qu’un arbitre central ou ses assistants puissent se tromper, sur une décision prise sur l’instant. En revanche, avec l’instauration de l’assistance vidéo, les gens comprennent beaucoup moins qu’il y ait un « raté », surtout si la VAR n’a qu’une seule intervention à réaliser dans le match. Ainsi que le disait Jérôme, cela nécessite donc un état de concentration permanent pour être efficacement au service de nos collègues sur le terrain et être pour eux un filet de sécurité. Je ne parlerais pas de pression mais plutôt de nécessité à répondre à une attente.

Un mot sur l'outil du hors-jeu semi-automatique qui est utilisé pendant ce Mondial ?
BM : Il s’agit d’une nouvelle technologie à laquelle nous avons été formés. L’objectif est de pouvoir prendre les décisions relatives au hors-jeu plus rapidement que jusqu’à présent - ce qui a tendance à frustrer les joueurs, agacer le public et les médias – et de façon plus précise. Cela doit permettre de réduire le temps des arrêts de jeu, de valider ou non un but par exemple, de manière parfaitement fiable. Cette nouveauté est au service du football.

JB : Avec François Letexier, nous avons été les premiers à l’expérimenter cette saison sur un match de Ligue des champions entre Dortmund et Copenhague. C’est un outil qui fonctionne bien, apporte un vrai plus et génère de la confiance chez les acteurs. La visualisation en 3D des lignes de hors-jeu est aussi très parlante pour les téléspectateurs. Un hors-jeu pour 3 cm sera visible et argumenté. C’est transparent. »

Jérôme Brisard à l'épreuve des tests-physiques au CNF Clairefontaine en octobre dernier (photo Loïc BARATOUX / ICON SPORT).

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