Deschamps : « Pas de stress, que du bonheur »
Le sélectionneur des Bleus aborde avec calme et détermination le quart de finale contre l'Angleterre, samedi soir (20h00, en direct sur TF1). Retour sur la conférence de presse d'avant-match, vendredi matin à Doha.
« Dans quel état d’esprit êtes-vous ? Votre équipe est-elle prête à exploser ?
Exploser ? Non, ce n’est pas le bon terme. La zénitude, le calme et la sérénité, on les a depuis le départ. C’est un quart de finale de Coupe du monde, il n’y a pas à stresser ou quoi que ce soit, ce n’est que du bonheur et du plaisir, avec évidemment l’objectif d’aller dans le dernier carré.
Jules Koundé et Aurélien Tchouaméni sont sous la menace d’une suspension en cas de carton jaune : que leur dites-vous ?
Ils le savent. Leur dire de faire attention ? Ils vont jouer à moitié, avec le frein à main, ce n’est pas le but. Ils sont exposés mais ça fait partie de la compétition, aussi. Le plus important, c’est qu’ils puissent se lâcher sur ce match pour permettre à l’équipe d’atteindre son objectif. Avoir de la retenue est la pire des choses. Maintenant, entre le dire et le faire, ce n’est pas toujours évident.
L'Angleterre a beaucoup de qualités. Ce n’est pas par hasard qu'elle se trouve en quarts de finale.
La vitesse, dans les couloirs et les transitions, sera-t-elle l’une des clés de ce match ?
C’est souvent la clé. Quand on va vite, l’adversaire a moins de temps pour s’organiser. La vitesse ne fait pas marquer de buts, il faut autre chose avec. On peut contrer beaucoup de choses mais la vitesse, c’est le plus difficile. Surtout ces phases de transition où cette équipe anglaise est très performante, elle a marqué plus de la moitié de ses buts sur des transitions rapides. Mais elle n'a pas que cette qualité, elle en beaucoup. Elle a de la qualité dans le jeu, la capacité à marquer des buts, d’être dangereuse sur les coups de pied arrêtés. Ce n’est pas par hasard que l'Angleterre se trouve en quarts de finale.
Le point faible de la France pour les médias anglais serait Hugo Lloris. Quel est celui de l’Angleterre ?
Ils n’en ont pas (rires) ! Cela vient des médias anglais. Chaque équipe, quelle qu'elle soit, a forcément des points forts et des choses qu’elle fait peut-être moins bien. Garry Southgate a eu quatre matches -enfin trois car notre troisième n’a pas dû beaucoup lui servir- pour recueillir des informations. On va se servir de ce qu’ils ont pu faire pour aborder ce match, même s’ils peuvent toujours modifier des choses, et pouvoir identifier, non pas des failles, mais certains aspects où on pourra leur faire mal.
Kylian Mbappé, au centre des préoccupations anglaises (photo Anthony DIBON/ICON SPORT).
Existe-t-il une « Mbappé dépendance » ?
J’imagine que l’Angleterre prendra des dispositions comme nos quatre adversaires précédents l’ont fait. Kylian a cette capacité à pouvoir faire des différences et même sur le dernier match où il n’était pas au mieux de sa forme par rapport aux deux premiers, il a quand même été décisif. Pouvoir répartir le danger sur notre adversaire permet d'éviter qu'il focalise ses précautions sur Kylian. Mais il aura toujours cette capacité à être décisif à tout moment.
Avez-vous coché toutes les cases que vous vouliez cocher cette semaine dans la préparation ? Et comment expliquez-vous le manque de réussite sur coups de pied arrêtés, un domaine où vous avez su être performants en 2018, défensivement comme offensivement ?
Je n’ai pas la même analyse que vous, je ne suis pas là pour cocher les cases. Quand il y a besoin d’accentuer ou de faire quelque chose d’un peu plus précis, pour nous à notre avantage ou par rapport à l’adversaire, je l’ajoute au menu de la séance. Même si on a été certainement plus performant à certaines périodes, on a toujours cette capacité à être dangereux et à gagner en solidité sur cet aspect-là. C’est l’une des forces de cette équipe d’Angleterre qui a marqué pas mal de buts sur ces phases arrêtées.
C'est magnifique de jouer un quart de finale de Coupe du monde, mais il faut le jouer, et pas le jouer pour le jouer, mais pour aller chercher la qualification.
Le président Noël Le Graët a déclaré au Figaro qu’il voulait prolonger votre contrat quel que soit le résultat du quart de finale ? Qu'en pensez-vous ?
C’est le bon moment de me poser cette question ! C’est très gentil ce qu’a dit le président mais ma seule priorité c’est ce qui nous attend avec ce quart de finale et l'objectif d'être en demi-finale.
Pour vous Gareth Southgate est-il un bon entraîneur ?
Gareth est quelqu’un que j’apprécie beaucoup humainement, on s’est croisé plusieurs fois et on a discuté. De ce que j’ai pu comprendre, il n’est pas spécialement apprécié ou mis en valeur dans son pays. Ce n’est pas parce qu’il n'a pas eu une grande carrière de joueur dans sa première vie que ça l’empêche d’être un bon sélectionneur, aujourd’hui. Il a permis à l’Angleterre d'obtenir des bons résultats.
Jouer ce match à élimination directe contre l'Angleterre est-il spécial ?
On ne se rencontre pas souvent en phase finale. Plus on avance, plus la qualité est supérieure, les exigences sont plus importantes, l'excitation prend de plus de place. Il n'y aura pas de séance de rattrapage, l'un sera content, l'autre déçu, forcément. Mes joueurs voulaient être là, et il y a l'objectif de franchir une étape supplémentaire. C'est magnifique de jouer un quart de finale de Coupe du monde, mais il faut le jouer, et pas le jouer pour le jouer, mais pour aller chercher la qualification. »
