Rétro

20 avril 1913 : Eugène Maës voit quintuple

lundi 20 avril 2020 - 08:30 - Raphaël Raymond
Equipe de France

Auteur de 15 buts en 11 sélections, l’attaquant mythique du Red Star au destin tragique en a inscrit cinq contre le Luxembourg à Saint-Ouen pour sa dernière avec l’Équipe de France.

Ce dimanche 20 avril 1913, 3 000 spectateurs sont réunis au Stade de Paris, à Saint-Ouen, pour assister à la réception du Luxembourg. L’Équipe de France dispute le 31e match de sa jeune histoire. Depuis l’automne 1911, ses résultats se sont nettement améliorés. En effet, après s’être inclinée à dix-sept reprises lors de ses vingt-deux premières sorties (pour 3 victoires et 2 nuls), elle a enchaîné cinq succès lors de ses huit matches suivants.


Ce regain coïncide avec la montée en puissance d’un jeune buteur, qui a débuté au Patronage Olier avant d’être recruté par le Red Star, en 1910. Un certain Eugène Maës (photo ci-dessous, cerclé), qui s’est fait connaître contre l’Italie, le 9 avril 1911, en signant un doublé pour sa troisième sélection. Il marquera au moins une fois lors des six rencontres qui suivirent. Pour le journal L’Auto, pas de doute : Maës est "le meilleur avant-centre du continent européen".

Le 20 avril 1913, le buteur français, muet contre la Belgique pour sa dixième sélection (0-3), entre sur la pelouse avec la ferme volonté de remettre les pendules à l’heure. À la 28e minute, à la réception d’un centre d’André Poullain, il ouvre le score de la tête. Du haut de son mètre quatre-vingts, Maës survole les débats dans les airs et est vite surnommé "Tête d’or". Après le repos, il met fin au suspense en inscrivant les troisième et quatrième buts français, à la reprise d’un centre de Raymond Dubly d’abord (56e), sur une déviation d’une frappe du capitaine Jean Ducret (68e) ensuite.  

Dénoncé et déporté en Allemagne

Les Français mènent 6-0, grâce aux réalisations de Félix Romano (78e) et Ducret (83e) lorsque Maës, d’une tête sur un corner de Paul Voyeux (86e), va ajouter un quatrième but à son compteur personnel puis un cinquième, à la suite d’un nouveau service de Dubly (88e). Ce quintuplé sera le premier dans l’histoire de l’Équipe de France. Il faudra attendre le 11 novembre 1956 et un France-Belgique (6-3) pour voir Thadée Cisowski en signer un second. Aucun autre n’a été réalisé à ce jour.

Ce qu’Eugène Maës ne savait pas, c’est que ce prolifique France-Luxembourg (8-0) marquerait la fin de sa carrière internationale. La Première Guerre mondiale le conduit sur le front, en Champagne. Il est touché à la poitrine, le 29 août 1914. "J’ai reçu la visite d’une balle qui m’a perforé de part en part et qui est ressortie plus vite qu’elle était entrée. Je mange et je fume comme si de rien n’était", dit-il dans un courrier adressé au journal Sporting, à l’automne 1914.

Le 1er mai 1917, il est à nouveau blessé.  La Guerre terminée, Maës jouera une saison pour le Red Star avant de prendre la direction du SM Caen, où il jouera jusqu’à ses 40 ans. En Normandie, il dirige une école de natation sur les bords de l’Orne qui connaît un grand succès. Maës connaîtra une fin tragique. Il est arrêté en 1943 pendant la Seconde Guerre mondiale, après avoir été dénoncé par Marie-Clotilde de Combians, la maîtresse d’Harald Heyns, le chef de la gestapo caennaise. Envoyé au camp de Compiègne, il est déporté en Allemagne, au camp de concentration de Dora-Mittelbau où il décède, le 30 mars 1945.

fédération française de football - FFF
Crédit Agricole logo EDF logo Nike logo Orange logo Uber Eats logo Volkswagen logo