RÉTRO COUPE DU MONDE FÉMININE

2003, la grande découverte

dimanche 16 juillet 2023 - 09:00 - Claire GAILLARD
Equipe de France féminine qualification Coupe du monde 2003

À l’automne 2003, c’est un voyage inédit qui attend les Bleues : un premier Mondial outre-Atlantique aux États-Unis, le pays des tenantes du titre où le soccer est roi.

Le contexte de la qualification historique des Bleues, un an plus tôt, est encore dans toutes les têtes. Dirigées par Élisabeth Loisel, qui a succédé à Aimé Mignot dans la foulée de l’Euro 1997, elles attaquent les éliminatoires après avoir pris part à leur deuxième phase de groupes d’un Euro (2001). En dépit de deux revers concédés face à la Norvège, l’Équipe de France féminine décroche sa place pour les barrages. Au premier tour, le Danemark est écarté (2-0 ; 1-1). Puis se profile l’Angleterre. Lors de l’aller sur le sol anglais, le 17 octobre 2002, portées par leur dynamique collective, elles l’emportent grâce au réalisme de Marinette Pichon à la réception d’une louche d’Élodie Woock. Le Stade Geffroy Guichard de Saint-Étienne accueille le match retour. 23 680 spectateurs sont au rendez-vous, du jamais vu pour une rencontre des Bleues, diffusées en prime time sur Canal+.

« La victoire engendre la confiance au retour, se souvient la buteuse. On est solides dans nos têtes, dans notre jeu et tactiquement. On résiste aux assauts anglais et le but de Coco (Diacre) nous délivre (1-0, 16 novembre 2002). C’est la plus belle émotion collective de ma carrière internationale. Marquer en Coupe du monde aura été une belle émotion aussi, mais individuelle. Ce qui était beau ce jour-là, c’était de partager ce bonheur ensemble. » 


La joie des Tricolores au stade Geoffroy-Guichard après la qualification historique (photo Alain GADOFFRE / ONZE / ICON SPORT)

« Tout le public avait répondu présent, prolonge Hoda Lattaf. Quand on est arrivées au stade, il y avait tellement de bruit que l’on s’est demandé ce qu’il se passait. C’était simplement le public. On n’était pas habituées à ça. C’était magnifique. À la fin du match, on avait fêté la qualif’ avec eux. J’avais pris le micro, on avait chanté et dansé sur l’air des Espagnoles à la mode… Aserejé de Las Ketchup. On avait fait la chorégraphie ! C’est l’un de mes plus beaux souvenirs en Équipe de France. » C’est aussi l’acte de naissance international des Bleues et le plus beau coup réalisé par Élisabeth Loisel qui offre à la France sa première participation à un Mondial. 

Les Bleues pensent alors décrocher leur billet pour la Chine, pays auquel la FIFA a confié l’organisation de l’édition, mais le Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) qui touche le pays conduit à la délocalisation du tournoi. C’est donc l’Amérique qui attend les Françaises. Au pays du soccer, elles vont découvrir le grand monde et sa cruelle réalité, poussées vers la sortie dès la phase de groupes. 


En 2003, l'Allemagne soulève sa première Coupe du monde (photo Firo / ICON SPORT).

 La liste des joueuses retenues pour la Coupe du monde 2003 (*) 

1. Céline Marty
2. Sabrina Viguier
3. Peggy Provost
4. Laura Georges
5. Corinne Diacre
6. Sandrine Soubeyrand
7. Stéphanie Mugneret-Béghé
8. Sonia Bompastor
9. Marinette Pichon
10. Élodie Woock
11. Amélie Coquet
12. Séverine Lecouflé
13. Anne-Laure Casseleux
14. Virginie Dessalle
15. Laëtitia Tonazzi
16. Bérangère Sapowicz
17. Marie-Ange Kramo
18. Hoda Lattaf
19. Séverine Goulois
20. Emmanuelle Sikora 
(*) Les numéros indiqués correspondent à ceux portés par les joueuses.

Sélectionneure : Élisabeth Loisel

La France à la Coupe du monde 2003

PREMIER TOUR - Groupe B

Résultats

20 septembre 2003 : Norvège-France, 2-0
24 septembre 2003 : France-Corée du Sud, 1-0
27 septembre 2003 : France-Brésil, 1-1

Classement
1. Brésil                7 pts 
2. Norvège            6 pts 
3. France              4 pts 
4. Corée du Sud    0 pts

 LE PARCOURS EN DÉTAIL 

 Norvège-France : 2-0 
Une Norvège plus réaliste

Date : 20 septembre 2003
Lieu : Philadelphie / 23 346 spectateurs
Buts : Rapp (47e), Mellgren (66e) 
La fiche technique

Le match

Les Bleues font leurs premiers pas en Coupe du monde à Philadelphie. Pour ce match, Élisabeth Loisel a reconduit 10 des 11 titulaires ayant disputé le barrage aller face à l’Angleterre. Seul changement : Laura Georges, entrée durant le temps additionnel au retour contre les Anglaises, est titulaire. En face, se présente la Norvège, un adversaire bourreau des Françaises (voir chiffre). En première période, les coéquipières de Corinne Diacre, omniprésente, rivalisent avec les championnes olympiques en titre. Derrière, Céline Marty est impeccable mais en attaque Mugneret-Béghé, Lattaf ou Woock ne parviennent pas à ouvrir le score. L’entame de la seconde période met fin aux espoirs français. À la réception d’un coup franc de Sandaune, Anita Rapp trouve la faille de la tête (1-0, 47e) puis, sur un contre, Dany Mellgren aggrave le score (2-0, 66e). Les Bleues sont victimes du réalisme norvégien et de son expérience (vainqueur de la Coupe du monde 1995, finaliste en 1991, quatrième en 1999). 

Le chiffre

11
À Philadelphie, les Bleues affrontent pour la onzième fois de leur histoire la Norvège, l’une des places fortes du football féminin. Ce match ne leur permettra pas d’inverser la tendance d’un bilan défavorable (7 défaites, 3 nuls). 

La témoin :
Élodie Woock (78 sélections entre 1995 et 2004)


Élodie Woock ici lors d'un match qualificatif face au Danemark (photo Olivier Prévosto / Onze / ICON SPORT).

« Avant notre entrée en lice, on s’était réunies entre cadres pour se remobiliser. Il y avait ''Coco'', ''Soub'', ''Mugneret''. On n’avait pas fait tout ça pour rien. La qualification avait été douloureuse. Derrière, on avait enchaîné une préparation de malade à Clairefontaine puis Tignes. Il nous tardait que ça commence. Malheureusement on a mal négocié ce match. Face à la Norvège, on avait toujours une petite appréhension parce qu’on prenait des tôles à chaque fois. À cette époque, il y avait une différence de niveau. Techniquement, on pouvait rivaliser mais physiquement, elles étaient au-dessus, c’était de vraies sportives de haut niveau. On s’est un peu effondrées mentalement, on a raté le coche. Moi, la première car je me souviens avoir frappé sur le poteau. »

 France-Corée du Sud : 1-0 
Un succès signé Pichon

Date : 24 septembre 2003
Lieu : Washington /16 316 spectateurs
But : Pichon (84e)
La fiche technique

Après leur défaite inaugurale, les joueuses de l’Équipe de France n’ont plus le choix : elles doivent accrocher la Corée du Sud pour conserver une chance de voir les quarts de finale. La rencontre est ouverte et indécise. En toute fin de match, elles bénéficient d’un coup franc. À la retombée du ballon tiré par Élodie Woock, Marinette Pichon contrôle, pivote avant de marquer d’une frappe du gauche. L’attaquante devient la première buteuse des Bleues dans l’histoire de la Coupe du monde et celle leur ayant permis d’accrocher la première victoire. « Pichon sauve la France » titre le journal Libération dans un article publié le lendemain. Les Françaises peuvent aussi remercier Céline Marty qui les a maintenues en vie et désignée joueuse du match. Tout se décidera donc face au Brésil. Un Brésil, troisième de l’édition 1999 et qui a impressionné lors de ses deux premiers matches (3-0 face à la Corée et 4-1 contre la Norvège). 

Le chiffre

51
Face à la Corée, Marinette Pichon a inscrit le 51e but de sa carrière en bleu au soir de sa 73e sélection. Elle a pris sa retraite internationale en 2006 après l’échec des Françaises lors des qualifications à la Coupe du monde 2007.

La témoin :
Marinette Pichon (112 sélections entre 1994 et 2006)


(Photo Olivier Prévosto / ONZE / ICON SPORT)

« C’était un match compliqué car verrouillé tactiquement. Les Coréennes jouaient super bien, elles étaient en place et nous laissaient très peu d’espaces. On n’arrivait pas à poser notre jeu ni à trouver cette passe qui allait nous mettre sur orbite. Sur un coup franc, le ballon me revient dans les pieds, je suis en rotation, je marque et à ce moment-là, la rage nous envahit car on reste en vie mais on sait déjà que derrière, il ne faudra pas se louper. Je suis heureuse de marquer mais ce n’est pas Pichon qui sauve la France. Marquer, c’est mon rôle. J’aurais même dû inscrire deux, trois buts de plus dans le tournoi. L’après-match va susciter pas mal d’angoisses. On ne va pas arrêter de se dire qu’on n’a pas le droit de se rater contre le Brésil, un sacré morceau avec Katia, la jeune Marta ou Formiga. » 

 France-Brésil : 1-1 
Trop justes

Date : 27 septembre 2003
Lieu : Washington / 17 618 spectateurs
Buts. - France : Pichon (90e+2) ; Brésil : Katia (57e)
La fiche technique

Le match

« Ça rappelle des souvenirs, j’en ai les yeux qui pétillent », confie Marinette Pichon à l’AFP à la veille de la confrontation. Alors que l’affiche est inédite chez les féminines, les souvenirs convoqués remontent à un France-Brésil disputé cinq ans auparavant le 12 juillet 1998. La fin est connue et les joueuses d’Élisabeth Loisel veulent s’inspirer des Bleus d’Aimé Jacquet pour tenter de décrocher une qualification historique en quarts de finale. Pour cela, elles doivent s’imposer et attendre un faux-pas de la Norvège contre la Corée du Sud. Hélas, rien ne se déroule comme espéré. Les Bleues ne déméritent pas, Céline Marty, dans le but, sauve à plusieurs reprises le coup mais elle est coupable d’une hésitation à l’heure de jeu dont profite l’attaquante auriverde Katia (1-0, 57e). L’égalisation tardive de Marinette Pichon (1-1, 90e+2) permet aux Françaises, troisièmes de leur groupe derrière le Brésil et la Norvège, de quitter ce premier Mondial la tête haute. 

Le chiffre

40
Quadruple championne de France entre 1999 et 2002 avec Toulouse (Olympique Aérospatial puis Football Club), où elle est née, la gardienne Céline Marty a fêté face au Brésil sa 40e et dernière sélection. 

La témoin :
Élisabeth Loisel (sélectionneure entre 1997 et 2006)


La sélectionneure et son staff (photo Alain GADOFFRE / ONZE / ICON SPORT). 

« À l’époque, le Brésil était une grosse cylindrée. Il y avait déjà Formiga. Elle jouait sur le côté gauche et devant le banc, j’avais été impressionnée par sa puissance. On avait mis un plan tactique en place pour contrer Marta mais sans lui faire un marquage individuel. J’avais demandé à Sandrine (Soubeyrand) et Élodie (Woock) au milieu dans l’axe de faire une prise à deux. La joueuse la plus proche au moment où elle recevait le ballon devait aller au contact, la seconde venait en couverture. On ne l’a pas beaucoup vue dans la zone où habituellement elle faisait la différence. Au moment où on récupérait le ballon, j’avais aussi demandé à Élodie de sortir vite et de servir Marinette (Pichon) dans la profondeur. On avait égalisé comme ça. Ce match ne me laisse pas de regrets car la performance était très bonne. C’est l’un des plus beaux parmi ceux que j’ai dirigés. »

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