ÉQUIPE DE FRANCE FUTSAL

Mohammed : « Ne pas laisser passer notre chance »

mardi 19 septembre 2023 - 17:47 - RÉDACTION
Abdessamad Mohammed

Les Bleus affrontent l’Allemagne mercredi à Laval (21h05, en direct sur la Chaîne L’Équipe) en qualifications au Mondial 2024. Abdessamad Mohammed, leur meilleur buteur, se confie sur sa détermination, son impatience et sa motivation décuplée.

Ce tour Élite, c’est un rendez-vous que l’Équipe de France Futsal attendait depuis longtemps ?
« Oui. C’est le premier de cette nouvelle ère, du projet avec le nouveau coach. C’était très attendu. On arrive avec pas mal de certitudes et d’ambitions. Cela n’exclut pas qu’on reste l’équipe issue du chapeau 3 dans un groupe assez homogène mais compliqué. On ressent beaucoup d’impatience, d’envie d’en découdre mais surtout une grosse envie d’aller à la Coupe du monde. Cela fait deux ans que l’on attend ça. L’équipe a constamment progressé depuis le premier match contre la Norvège (septembre 2021). On est beaucoup plus ambitieux qu’avant, on a enclenché une grosse marche en avant. Comme j’aime bien le répéter assez souvent, le travail effectué en amont par Pierre Jacky (sélectionneur de 1997 à 2021) a été hyper important. Depuis deux ans, l’équipe a franchi de nouveaux paliers et n’a cessé de progresser. Beaucoup de jeunes joueurs émergent. Cela rend l’équipe encore plus forte. On a maintenant vraiment vingt joueurs capables d’intégrer la sélection et d’être performants, cela n’existait pas avant en Équipe de France. On se donne les moyens de nos ambitions. On a terminé premiers du tour principal de qualification devant la Serbie, cette performance a ajouté encore plus de confiance. On a franchi des étapes assez importantes sur des matches comme la Serbie, la Slovénie, des équipes que l’on ne battait jamais et que l’on arrive à battre maintenant. Ces mêmes équipes qui nous prenaient la place pour aller à la Coupe du monde. On continue à avoir beaucoup de respect pour ces nations mais c’est vrai que l’on a enlevé un peu ces plafonds qui nous empêchaient de nous qualifier, tout simplement.

1
rencontre disputée contre l’Allemagne, remportée par les Bleus en 2021 (7-3)
90
sélections d’Abdessamad Mohammed, meilleur buteur tricolore (64 buts)
3
matches joués à l’Espace Mayenne pour trois succès (15 buts pour, 0 contre)

 

À titre personnel, cela fait encore plus longtemps que vous attendiez ces qualifications ?
C’est un peu individuel mais c’est la première fois que j’entame une qualification avec l’espoir ferme de nous qualifier. J’ai toujours joué pour gagner, bien sûr, pour me qualifier. Mais entre ce que l’on veut et la réalité, il y a souvent un écart. Là, je trouve que tous les ingrédients sont réunis pour obtenir cette qualification. Maintenant, le dire ne suffit pas, il faut aller au charbon, il faut travailler, il faut gagner les matches. On a raté la victoire de peu en Slovaquie. Je suis persuadé que l’on méritait la victoire là-bas mais on continue, on continue…

Ce n’est que la deuxième fois que l’Équipe de France dispute le tour Élite…
Et la première fois, on avait hérité d’un groupe hyper compliqué avec la Serbie, l’Ukraine et l’Espagne. C’était une période où l’on faisait comme on pouvait mais face à de telles nations, on avait du mal à rivaliser. Cette fois, il y a une forte envie et une vraie opportunité.

En 90 sélections, Abdessamad Mohammed a marqué 64 buts (photo Sandra RUHAUT/ICON SPORT/FFF).

Forts du point ramené de Slovaquie, comment abordez-vous ce premier rendez-vous à domicile face à l’Allemagne ?
On entame forcément ce match pour le gagner. L’Allemagne est l’équipe du chapeau 4 donc sur le papier, et je dis bien sur le papier, celle qui a le moins de chances de se qualifier. Elle est 56e au classement mondial, nous 16es. Mais cela ne reste que des classements provisoires, qui évoluent constamment. Les Allemands, comme nous, progressent. Il nous reste cinq finales à jouer et la plus importante est d’abord celle qui arrive contre l’Allemagne. 

Quels souvenirs gardez-vous de la seule confrontation entre les deux équipes, lors du Tournoi des 4 nations en décembre 2021 aux Pays-Bas ?
Forcément un bon souvenir puisque la victoire 7-3 nous avait permis de gagner le tournoi. Deux ans se sont écoulés et j’ai vu cette équipe allemande évoluer, progresser. C’est un adversaire que l’on prend très au sérieux. Les Allemands, quand ils s’investissent dans quel que secteur que ce soit, font les choses bien en général, de façon très disciplinée. Cela se voit sur leur manière de jouer. Ils sont rigoureux, ils ont un projet de jeu commun. Mais je suis persuadé que si on fait un match comme on sait les faire à l’Espace Mayenne, on gagnera.

On n'a pas perdu, c'était le minimum, on ramène un point... En toute humilité, on devait gagner le match de samedi. Mais la frustration a été digérée et elle s’est transformée en carburant pour le prochain match.

 

Il y aura un peu de frustration à évacuer après la fin de match contre la Slovaquie ?
Bien sûr. La victoire nous a échappé au dernier moment donc, énormément de frustration au coup de sifflet final. Frustré aussi à titre personnel puisque je donne la dernière passe malheureuse qui permet aux Slovaques d’égaliser. Mais voilà, on n’a pas perdu. C’était le minimum. On ramène un point face à un adversaire, il faut le rappeler, quart-de-finaliste du dernier championnat d’Europe, qui se qualifie régulièrement pour les grandes compétitions. Mais je trouve que la frustration a été digérée et qu’elle s’est transformée en carburant pour le prochain match. En tous cas, c’est comme ça que j’appréhende ce match-là. En toute humilité, on devait gagner le match de samedi. Face à une équipe du chapeau 2, à l’extérieur, un match compliqué, mais au sortir, eux étaient contents de faire match nul et nous, étions déçus. Cela montre que l’on a mis le curseur un peu plus haut par rapport aux campagnes précédentes.

Face à l’Allemagne au Tournoi des 4 nations 2021 (photo Ludovic BRUNEAU/FFF).

L’Allemagne est une grosse nation de football mais pas au Futsal, pas encore en tous cas ?
C’est une nation émergeante au Futsal. Avec un peu d’expérience, j’ai pu voir certains pays émerger déjà mais là, avec les moyens mis par les Allemands pour la couverture de leur match, pour la qualité de l’organisation… Ce sont des signaux très importants. La diffusion du match est de qualité, le terrain, le revêtement, ne sont peut-être pas les meilleurs mais il n’y a que les lignes de Futsal, le public est présent alors que l’équipe ne gagne pas tous ses matches. L’Allemagne est un grand pays de football, s’ils continuent ils vont devenir une nation importante du Futsal.

Quel est votre regard sur ce groupe C, vous évoquiez une réelle opportunité de qualification ?
Il y a une opportunité, clairement. On a déjà battu tous les adversaires de la poule, dans un passé proche pour certains. Il y a aussi au fond de moi cette sensation qui me dit que la première fois que l’on s’est qualifié pour une grande compétition (l’Euro 2018), on a dû passer par la Slovaquie et la Croatie, et les voilà encore présents dans notre groupe. Ce sont des signes auxquels je me raccroche pour avoir un levier de motivation supplémentaire. Mais au-delà du clin d’œil, c’est un groupe très homogène. Je pense que tout le monde peut se qualifier. Nous, en tous cas, on ne laissera pas passer cette chance. On est hyper motivés pour batailler sur ces cinq finales et aller chercher cette qualification.

Capitaine de ce groupe, comment sentez-vous vos coéquipiers, dont la plupart n’ont pas l’expérience de ces rendez-vous ?
Le groupe s’est rajeuni. Cela fait un petit moment que l’on n’a pas évolué vraiment tous ensemble, depuis la qualification du tour principal en mars. Sur le dernier rassemblement en juin au Paraguay, on avait pas mal d’absents, pour le tournoi au Maroc, en avril, aussi. Là, on réapprend à vivre ensemble. Le groupe est très focus, très concentré sur ce match. La Slovaquie nous a mis une petite baffe et nous a rappelé que pour aller à la Coupe du monde, ce que l’on a donné samedi, même si on a hyper dominé, cela ne suffira pas. On a un groupe ambitieux, humble, avec d’énormes qualités individuelles, beaucoup de joueurs capables de faire des différences, des joueurs au service du collectif, beaucoup de générosité, d’allant offensif, d’énergie positive… Bref, beaucoup de qualités pour performer. On ne peut pas tout avoir, qui dit jeunesse, dit forcément inexpérience mais je n’échangerai mon équipe contre aucune autre.

Photo Ludovic BRUNEAU/FFF.

Comment vous sentez-vous après une saison où vous êtes devenu le meilleur buteur de l’histoire de l’Équipe de France et conclue par le doublé Coupe-championnat avec votre club, l’Étoile Lavalloise ?
Sincèrement, je me sens bien, très content et très honoré de mener l’équipe sur ces qualifications en tant que capitaine. Je me sens aussi très frustré car je me sens coupable du dernier but contre la Slovaquie. Mais comme je l’ai dit, cela m’a mis aussi un coup de fouet, cela m’a fait redescendre. Ce sont des qualifications pour une Coupe du monde, moi aussi je dois élever mon niveau un peu plus encore. Je suis content d’avoir ouvert ces qualifications par un but, c’est toujours important de marquer pour l’Équipe de France. On était déjà en mission mais là, entre guillemets, « j’en dois une » au groupe. Je me sens hyper motivé et hyper pressé que le match contre l’Allemagne arrive. 

L’Espace Mayenne sera plein. Depuis un an, vous jouez à guichets fermés à Laval et ce sera encore le cas pour la quatrième fois. Vous aurez besoin de ce soutien des supporters ?
Les places sont parties très vite. J’ai la chance de jouer à Laval en club et c’est vrai que les gens nous en parlent. À chaque fois que l’on croise quelqu’un devant l’école, à la boulangerie, n’importe où, ils nous rappellent qu’ils ont pris leur billet pour le match, qu’ils sont derrière nous. C’est un public acquis à notre cause. On sait que le lendemain, il y a école et que les gens travaillent mais alors que le match est à 21h05, ils seront là, la salle sera pleine, il y aura plein d’enfants, plein de familles. Ils donnent aussi de leur temps, ils vont peut-être « le payer » le lendemain, ce sont des choses auxquelles je suis très sensible et je sais que le groupe aussi. On sait que l’on a énormément de chance et on va essayer de leur rendre sur le terrain. La qualification se jouera d’ici décembre, on va beaucoup se voir d’ici-là avec les supporters. Trois matches en l’espace de trois mois, on a besoin de leur soutien. La billetterie pour la Croatie le 5 octobre est ouverte. Pour ceux qui n’ont pas pu avoir de billet pour l’Allemagne il y aura la télé aussi (retransmis en direct sur la Chaîne l’Équipe). J’espère qu’ils feront un maximum de bruit pour nous aider et nous soutenir. 

L’Équipe de France est au cœur d’une belle dynamique pour le Futsal français ?
On en parle souvent avec Sid Belhaj (vice-capitaine et plus capé du groupe avec 116 sélections). Hier, nous étions les plus jeunes de l’équipe, on arrivait un peu sur la pointe des pieds. Avec les moyens que l’on avait à l’époque, on a bien rigolé. On jouait avec des maillots XL, ce sont de petits détails. Aujourd’hui, entrer à l’Espace Mayenne, voir la salle pleine, ce parquet bleu qui nous appartient, tous ces moyens mis à disposition par la Fédération… Pour nous, c’est une récompense pour tous nos sacrifices parce que l’on a eu des périodes très compliquées. Mais cela valait le coup. Aujourd’hui, comme le coach a l’habitude de le dire c’est le moment de « passer à la caisse ». On récolte ce que l’on a semé. C’est vrai que c’était beaucoup de sacrifices mais aujourd’hui, la récompense est à portée de mains. On ne va pas s’arrêter là. »

Résultats, classement et calendrier du groupe C

Samedi 16 septembre 2023

Classement : 1. Croatie, 3 points (+ 4) ; 2. France, 1 pt (0) ; 3. Slovaquie, 1 pt (0) ; 4. Allemagne, 0 pt (- 4)


Mercredi 20 septembre 2023

  • Croatie - Slovaquie (19h00)
  • France - Allemagne (21h05, à l’Espace Mayenne de Laval, en direct sur La Chaîne L'Équipe)

Jeudi 5 octobre 2023

  • Allemagne - Slovaquie (18h30)
  • France - Croatie (21h05, à l’Espace Mayenne de Laval)

Lundi 9 octobre 2023

  • Slovaquie - Allemagne (18h30)

Mardi 10 octobre 2023

  • Croatie - France (19h00, à Zagreb)

Jeudi 14 décembre 2023

  • France - Slovaquie (21h05, à l’Espace Mayenne de Laval)

Mercredi 20 décembre 2023

  • Allemagne - France (à Dresde)
  • Slovaquie - Croatie

Les premiers de chacun des cinq groupes qualifiés pour la phase finale (14 septembre au 6 octobre 2024 en Ouzbékistan), les quatre meilleurs deuxièmes en barrages (tirage au sort le jeudi 25 janvier 2024 à Nyon, matches aller-retour entre les 8 et 17 avril 2024).

fédération française de football - FFF
Crédit Agricole logo EDF logo Nike logo Orange logo Uber Eats logo Volkswagen logo