ÉQUIPE DE FRANCE FUTSAL

Ayoub Saadaoui : « Un match primordial »

mardi 10 octobre 2023 - 07:57 - RÉDACTION
Ayoub Saadaoui

L’Équipe de France Futsal dispute un match charnière dans son histoire ce soir à Zagreb face à la Croatie (19h00 sur FFFTV et l’Équipe Live). S’ils ne perdent pas, les Bleus conserveront la tête du groupe C et entrouvriront les portes d’une qualification directe pour une première phase finale de Coupe du monde.

Son but a sonné la révolte jeudi dernier à Laval lors de la renversante victoire de l’Équipe de France (5-2) dans la première manche face aux Croates. Ayoub Saadaoui (28 ans, 25 sélections, 5 buts), sourire en bandoulière, fait figure de trait d’union entre les générations dans un groupe rajeuni et privé ce soir de son capitaine et meilleur buteur Abdessamad Mohammed suspendu. Sa combativité et sa générosité seront des atouts précieux dans une ambiance annoncée hostile dans la Dom Sportova de Zagreb  (19h00 en direct sur FFFTV et l’Équipe Live, en différé à 21h00 sur la chaîne L’Équipe).

« Ce match en Croatie n’est-il pas tout simplement le plus important de l’histoire de l’Équipe de France Futsal ?
C’est un match crucial, très important. C’est un match qu’on attend, que tout le monde attend, que tout le Futsal attend. Cela fait deux ans qu’on travaille tous ensemble. On sait très bien qu’on a eu déjà des échéances importantes, en Serbie la saison dernière, le match aller contre la Croatie jeudi dernier. Mais ce match-là va, je l’espère, nous ouvrir beaucoup de portes, sportivement et au-delà. On sait très bien qu’avec notre victoire à Laval, on a fait la moitié du boulot. Si on ne perd pas, on garde les commandes avant les deux derniers matches en décembre contre la Slovaquie à la maison puis en Allemagne. On est confiants. On sait que ça va être une très, très grosse ambiance. J’ai confiance en l’équipe, même si notre capitaine (Abdessamad Mohammed) est suspendu, c’est une absence préjudiciable on ne va pas se mentir. Mais on a d’autres pivots avec Ronny (Zakehi) avec Nico (Menendez) et Arthur (Tchaptchet) qui nous a rejoint. Je suis confiant si on garde la tête froide. C’est un match charnière, c’est un match pour écrire l’histoire. Moi je vais appeler ça un "match de guerriers". France-Croatie, au-delà du Futsal, c’est toujours de sacrées confrontations, en football, en handball. Nous on s’est croisés plusieurs fois ces dernières années. On a gagné à domicile, ils nous ont battus au Maroc, on vient de les battre à nouveau, ils voudront gagner chez eux. On a pour objectif de jouer, de ne pas changer notre projet de jeu.

La Coupe du monde 2024 est dans un coin de notre tête.

 

 

La perspective de ne jamais avoir été aussi près d’une potentielle qualification pour une Coupe du monde peut galvaniser tout autant qu’elle peut inhiber ?
On n’a jamais été aussi proches de se qualifier pour une compétition comme la Coupe du monde. On ne va pas se mettre une pression supplémentaire. On connaît nos qualités. On sait où on veut aller, on sait comment on veut y aller et avec qui. Les dernières années, les qualifications étaient plus compliquées, le niveau n’était pas si élevé en France. Là maintenant on est prêts. Personnellement, je sais que je suis prêt à aller à une Coupe du monde. L’équipe aussi, le coach, tout le staff. On s’est donnés les moyens. La Coupe du monde 2024 est dans un coin de notre tête. L’ambiance sera chaude ce soir dans une salle à l’ancienne, 4 000 personnes, une salle hostile. J’ai un peu l’habitude dans mon club au "KB" (Kremlin-Bicêtre Futsal) de jouer dans des ambiances survoltées. On aime ca.

Ayoub Saadaoui célèbre avec ses coéquipiers son but du 2-2 contre la Croatie au match aller à Laval. Un but clé dans cette rencontre. (Photo Pauline CARRÉ/APL/FFF).

Dans cette course à la qualification, votre but égalisateur face à la Croatie jeudi dernier est très important. Vous avez la sensation d’avoir sonné la révolte ?
Quand je revois les images, tout le monde est un peu crispé et sur le but tout le monde s’est lâché. Je vois la célébration de Souheil (Mouhoudine), même la mienne. Je n’ai pas l’habitude de célébrer comme ça. C’était le but qu’il fallait. C’est allé très vite. Abdessamad (Mohammed) remise pour Sid (Belhaj) qui passe en retrait, j’ai juste mis mon pied en opposition, ça a fait mouche. Le coach me demande de marquer. Ce but-là m’a fait énormément de bien, ça a libéré quelque chose. J’ai essayé de montré l’exemple. C’est ma façon de jouer, j’ai toujours joué de cette manière-là. Je donne tout. Quand je rentre sur le terrain, je me donne corps et âme. La combativité, la générosité, c’est mon style de jeu. Comme on dit entre nous : la dalle, avoir envie, avoir faim, gagner tous les duels, récupérer tous les ballons. Quand je suis au duel avec mon adversaire, je ne le laisse pas passer, c’est moi le meilleur. Contre les Croates, c’était un match de boxe, c’était très physique, très intense. À la fin, ils se sont mis en power-play, c’était très difficile, on était tous un peu fatigués, il y avait aussi cette pression-là. Heureusement qu’il y avait le public de Laval pour nous soutenir, je tiens à les remercier. On n’a fait que le premier round, il reste le deuxième ce soir.

Mais j’ai discuté avec les joueurs et on s’est dit : c’est le moment de montrer que tout le monde est là et au niveau.

 

Que change l’absence d’Abdessamad Mohammed ?
Cela change énormément de choses. "Abdé", c’est notre capitaine, c’est notre meilleur buteur. C’est un leader sur le terrain et en dehors. Même s’il est suspendu, il est là, il est avec nous, il nous parle, il s’entraîne avec nous. Il essaie de mettre les joueurs en confiance. Mais j’ai discuté avec les joueurs et on s’est dit : c’est le moment de se montrer. À nos pivots de faire jouer leurs qualités. C’est le moment de montrer que tout le monde est là et au niveau. On a beau parler, dire les choses mais il n’y a que le terrain qui compte. Tout ce que l’on a dit avant, c’est oublié. Même la victoire de jeudi, tout est passé. À nous de montrer qu’on a le niveau pour faire un résultat en Croatie chez elle dans une ambiance de folie.

Qu’est ce qui va faire la différence entre deux nations aussi proches ?
Cela va se jouer sur des détails. On sait très bien qu’au Futsal quand il y a deux grandes nations face à face, ça se joue sur les détails, la condition physique, la tactique, le mental aussi. Peut-être qu’on a pas encore trop l’habitude de jouer dans des salles hostiles, mais on a nos chances. Ça va être serré.

Qui aura la pression la plus forte ce soir ?
Eux. Ils sont chez eux, devant leurs supporters, leurs familles. Nous on est devant au classement, on les devance d’un point. Cela fait vingt-quatre ans qu’ils ne se sont pas qualifiés pour une Coupe du monde, nous on ne s’est jamais qualifiés. Ils sont les favoris du groupe C. Nous on est là, on va continuer à faire le boulot, à faire notre petit bonhomme de chemin, sans se mettre la pression, en étant confiants. On sait qu’on n'a pas l’obligation de gagner mais quand on rentre sur un terrain, c’est pour gagner. On ne va pas changer notre projet de jeu. On aura une mentalité de gagnants. Ça nous empêchera pas d’être malins en fonction du scénario du match. On a interdiction de perdre, il faut qu’on soit une équipe imbattable, comme le dit souvent le coach.

Ayoub Saadoui s'attend à un match difficile à Zagreb face à des Croates revanchards. (Photo Pauline CARRÉ/APL/FFF).

Vous n’êtes pas nombreux à avoir déjà vécu ce genre de match à très fort enjeu…
C’est une première pour moi. Un match qualificatif pour la Coupe du monde. C’est un match primordial au niveau international. Un match primordial dans notre histoire. Certains étaient à Dubrovnik lors du barrage qualificatif pour l’Euro 2018, Abdessamad (Mohammed), Sid (Belhaj), Souheil (Mouhoudine), Micka (De Sa Andrade). Pour la nouvelle génération, c’est un super défi : si on gagne, on fait un grand pas vers la Coupe du monde. Je suis déterminé, je suis en mode guerrier. Si on est tous coordonnés, si on est tous solidaires, si on est tous confiants, ça va le faire. Après, on sait très bien qu’un match de Futsal ça se joue à rien. On peut gagner 2-0. Mener 4-2 et se faire rattraper 4-4 en trente secondes comme on peut marquer deux buts en dix secondes. Il faut se donner les moyens pour que le résultat ne tombe pas à pile ou face. L’enjeu nous motive. On fait ce sport-là pour ces matches-là. On veut écrire l’histoire du Futsal français. Notre discipline avance, grandit, grandit. Une Équipe de France Féminine se crée. Ce sont les pionnières. Nous aussi à notre manière on veut être les pionniers et la première génération à se qualifier pour une Coupe du monde. C’est le rêve de n’importe quel joueur de Futsal.

Quels enseignements avez-vous tirés de la première manche face à la Croatie ?
On sait que c’est une équipe très physique, c’est diablement costaud. Une équipe qui ne court pas beaucoup mais qui a une qualité de passes au-dessus de la moyenne. Ils sont habitués à ce genre d’enjeu. Ils ont déjà fait des compétitions officielles, ils ont déjà joué en Coupe du monde, à l’Euro. Nous on a déjà fait l’Euro, en 2018. Ils sont habitués à cette pression-là. A nous de prouver.

C’est tellement une chance d’être en Équipe de France, de porter le coq. Ça rend heureux, ça rend fier.

Quel rôle vous assigne le sélectionneur et le staff dans le projet de cette Équipe de France et dans la vie de groupe ?
Moi, je suis un soldat. Ça fait deux ans, depuis la mise en place du nouveau projet autour de Raphaël Reynaud, que je suis tout le temps appelé. Au début, je n’étais pas considéré comme un cadre mais avec le temps et les prestations, j’ai progressé, l’équipe et le staff m’ont fait confiance. Cette confiance m’a donné confiance en moi. Dans l’équipe, il faut que tout le monde sache ce qu’il peut apporter. Dans une équipe, il y a des buteurs, des passeurs, des guerriers, des récupérateurs de ballons. Tout le monde doit savoir ce qu’il peut apporter à l’équipe pour qu’on ne fasse qu’un. J’ai très bien compris ce rôle-là. Après, je suis dans le groupe comme je suis dans la vie. Je suis joyeux, je suis bien avec tout le monde. Je discute avec chacun. Certes, il y a des différences de générations, il y a des joueurs nés en 2004 et d’autres en 1990, c’est énorme, mais je peux rigoler avec Abdessamad comme je peux rigoler avec Amin (Benslama), je peux discuter avec Mamad (Touré) comme avec Sid (Belhaj). Moi, ma génération c’est plus Souheil (Mouhoudine), Nelson (Lutin), MikMik (De Sa Andrade) et j’ai grandi avec "Abdé" et Sid quand j’étais plus jeune au Kremlin-Bicêtre. Je fais ce lien-là avec les anciens et les plus jeunes. Avec ma bonne humeur. J’ai toujours le sourire. C’est tellement une chance d’être en Équipe de France, de porter le coq. Ça rend heureux, ça rend fier. Moi, ça me fait énormément de bien. Ici, j’oublie tout, on oublie tous les problèmes. Ces moments-là ne durent pas éternellement. C’est pour ça qu’il faut tout donner. Soldats comme jamais comme on a l’habitude de dire. Là, ça peut être soldats pour toujours ! »

Groupe C : le point

- Samedi 16 septembre 2023 :

  • Slovaquie - France 4-4
  • Allemagne - Croatie 1-5

- Mercredi 20 septembre 2023 :

  • Croatie - Slovaquie 4-0
  • France - Allemagne 6-2

- Jeudi 5 octobre 2023 :

  • Allemagne - Slovaquie 4-3
  • France - Croatie 5-2

Classement : 1. France, 7 pts (+ 7) ; 2. Croatie, 6 points (+ 5) ; 3. Allemagne, 3 pts (- 7) ; 4. Slovaquie, 1 pt (- 5).

- Lundi 9 octobre 2023 :

  • Slovaquie - Allemagne (18h30)

- Mardi 10 octobre 2023 :

  • Croatie - France (19h00, à la Dom Sportova de Zagreb, FFFtv, L'Équipe Live)

- Jeudi 14 décembre 2023 :

  • France - Slovaquie (21h05, à l’Espace Mayenne de Laval)

- Mercredi 20 décembre 2023 :

  • Allemagne - France (à Dresde)
  • Slovaquie - Croatie

Les premiers de chacun des cinq groupes qualifiés pour la phase finale (14 septembre au 6 octobre 2024 en Ouzbékistan), les quatre meilleurs deuxièmes en barrages (tirage au sort le jeudi 25 janvier 2024 à Nyon, matches aller-retour entre les 8 et 17 avril 2024).

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