Nicolas Cloarec : "Ce piment qui rend la Coupe unique"

L’entraîneur de l’US Montagnarde (R1) décrit l’ambition de son club dans une Coupe de France où il a brillé il y a vingt ans. Et que lui-même a remportée avec le FC Lorient à la même époque.

Au tournant des années 2000, l’US Montagnarde écrivait les plus belles pages de son histoire en Coupe de France (8e finaliste 1999 et 2002*). Le club d’Inzinzac-Lochrist, commune du Morbihan de 6 500 habitants, ambitionne vingt-ans après de renouer avec ce glorieux passé.

Nicolas Cloarec, arrivé sur le banc de l’USM en décembre 2020, incarne cette volonté. Joueur, il a contribué au succès du FC Lorient en 2002. Entraîneur, il a hissé l’US Concarneau en 16es (2014, 2016) et en quarts de finale (2015). 

Avant que son équipe accueille le Dinan-Léhon FC (N3), dimanche 14 février pour une place en 32es de finale, il témoigne de sa passion pour cette compétition.

Je n’en suis qu’à mon troisième match avec l’USM et j’en espère d’autres, en Coupe notamment. Je me suis engagé dans la bataille sans états d’âme.

L’US MONTAGNARDE VINGT ANS APRÈS

"Un club qui veut renaître"

"Ce club a un ADN et des valeurs populaires similaires à celles de l’US Concarneau, que j’ai entraînée huit ans, mais il s’est peu à peu endormi. Dans une région où l’économie est difficile, ce type de clubs est étouffé par le rythme financier pris par d’autres. Aujourd’hui, la Coupe de France est, d’abord, la seule voie pour faire vivre des émotions aux gens qui se reconnaissent dans ces valeurs. Ensuite, il ne faut pas se le cacher, de gagner de l’argent. Je ne fais que poursuivre le travail de Pierrick Le Bert. Lui succéder est une belle histoire d’amitié, un relais transmis pour faire durer l’aventure d’un club qui veut renaître. J’espère continuer à faire grandir la Montagnarde autour des mêmes valeurs mais pour cela, il faut des moyens. Dans le contexte actuel, économique et sanitaire, il n’y a pas trente-six solutions pour en trouver : être performant en Coupe de France".

Avec l’US Concarneau, alors en CFA, après la victoire sur le Dijon FCO (L2) en 16es de la Coupe de France 2015 (photo Fred Tanneau/AFP).

L'US Montagnarde en Coupe de France

LA COUPE DE FRANCE 2020-2021

"Une formule inédite dont on espère profiter"

"On est dans une formule « Stop ou encore » poussée à l’extrême. La Coupe, c’est déjà cela mais là, c’est tous les week-ends. Il y a deux manières de voir les choses. L’une assez pleurnicharde : "Si on est éliminé, on devra attendre le championnat pour valider notre accession en National 3". L’autre de se dire que l’on a l’opportunité d’arriver lancés puisque la Coupe nous permet de nous entraîner et de disputer des rencontres alors que nos futurs concurrents en championnat n’en ont pas la possibilité. J’ai connu cette situation pendant un mois avant que la Fédération annonce, à notre grande joie, que la Coupe allait se jouer. Dans une formule inédite, certes, mais dont on espère profiter puisqu’avoir la possibilité d’un 32e sans les clubs professionnels, ce n’est pas rien".

Photo Sylvain Beauval/US Montagnarde.

LES FORCES DE DINAN-LÉHON 

"Une National 3 de niveau National 2"

"Ce club a grandi et a certainement bénéficié des retombées de la Coupe du monde U20 féminine 2018 [en tant que site-hôte, ndlr] pour se structurer. Il a aussi changé de profil de recrutement. Il parvient à attirer des joueurs ayant reçu une excellente formation dans les clubs bretons, beaucoup issus du FC Nantes et du Stade Rennais, quelques-uns du FC Lorient, avec des expériences à des niveaux supérieurs. Dinan est quatrième en N3 mais ce n’est pas un club de N3 que l’on va affronter : ce sont des joueurs ayant évolué en N2 avec les réserves pros".

L’IMPORTANCE DU 8e TOUR 

"Passer du chasseur au chassé"

"On arrive aujourd’hui sur les tours rémunérateurs, il ne faut pas que la main tremble. Battre Elven puis Liffré aux tours précédents peut paraître anecdotique, encore fallait-il remporter ces matches après la victoire sur Concarneau et ceux d’avant depuis le 2e tour avec Pierrick. L’USM a souvent été dans la peau du gibier cette année, on espère maintenant être celui qui n’a rien à perdre. Le match contre Dinan s’y prête bien".

Après la qualification au 6e tour contre Elvinoise Foot (photo Sylvain Beauval/US Montagnarde).

LES CONDITIONS ATMOSPHÉRIQUES

"Savoir s’adapter et se surpasser"

"Il neige, c’est assez inédit mais cela apporte ce petit piment sympathique qui rend la Coupe unique. Elle se prépare et se joue par tous les temps. Il faut savoir s’adapter à l’adversité et se surpasser. S’entraîner n’est pas simple, un synthétique est déneigé, la pluie glaciale a succédé à la neige mais c’est plus dur pour moi que pour les joueurs : eux, au moins, ils bougent. J’espère que notre terrain sera jouable dimanche et que l’on pourra pratiquer notre football pour venir à bout d’un adversaire respectable et à respecter".

* Seule équipe de niveau 6 à avoir joué un 8e de finale, battue par l'AS Monaco (0-1).