Les gardiens touchent au but
À deux jours de France-Allemagne, l’entraîneur des gardiens Franck Raviot décrypte le travail effectué avec Hugo Lloris, Steve Mandanda et Mike Maignan durant la préparation. Qui doit leur permettre d’être prêts tous les trois à partir du 15 juin.
Deux champions du monde en titre et un nouveau qui, après avoir honoré sa première cape à l’automne, va découvrir une phase finale de compétition internationale. Hugo Lloris (34 ans, 125 sélections), Steve Mandanda (36 ans, 34 sélections, 4e Euro, record de Lilian Thuram égalé) et Mike Maignan (25 ans, 1 sélection) sont les trois gardiens retenus dans la liste des vingt-six joueurs pour l’UEFA Euro 2020. Réunis le 26 mai au CNF Clairefontaine, ils ont suivi une préparation sur laquelle Franck Raviot, leur entraîneur au sein du staff de Didier Deschamps, revient pour FFF.FR.
LA PRÉPARATION
« L’objectif ? Arriver à leur plénitude le 15 juin »
« Lorsqu’ils arrivent à Clairefontaine, les gardiens sortent d’une saison éreintante tant physiquement que nerveusement. Ils ont été soumis à beaucoup d’exigences tout au long de l’année avec des fortunes diverses, des joies, des peines, des moments favorables, d’autres qui le sont moins. C’est un paramètre à intégrer pour pouvoir leur proposer un travail adapté. Celui-ci sera commun souvent mais aussi individualisé car leur objectif est d’arriver en étant le mieux possible et à leur plénitude le jour J. Le jour J, c’est le 15 juin, pas avant. Il faudra être prêts du 15 juin jusqu’au plus tard possible, c’est-à-dire le 11 juillet. »
LE TRAVAIL À TRAVERS D’AUTRES SPORTS
« Un gardien est un athlète »
« Un gardien n’est pas seulement un joueur de foot, c’est un athlète. Il a la particularité de se servir autant de ses mains que de ses pieds et de sa tête. Le développement harmonieux est indispensable et cela passe par la pratique d’activités annexes. Certaines disciplines, en lien avec la spécificité du poste, peuvent nous permettre de proposer un travail adapté aux gardiens. Il y a eu une séance multisports, qui se voulait la plus ludique possible, où les gardiens se sont vu proposer différentes activités (rugby, basket, badminton...) pour développer les aspects athlétique, technique et psychologique afin de travailler notamment la mobilité, la gestuelle, la différenciation segmentaire, le travail ambidextre, les appuis, l’approche mental… C’est une séance qui a été agréable à vivre. Ils se sont pleinement investis, ont bien travaillé et sué beaucoup mais avec le sourire, l’envie et l’enthousiasme. »
LA PLACE DU GARDIEN DANS UN GROUPE
« C’est surtout un joueur à part entière »
« Le gardien peut être défini comme un joueur à part mais c’est surtout un joueur à part entière. Un gardien s’entraîne à côté parfois lorsqu’il est en séance spécifique afin d’effectuer de manière individualisée un travail en lien direct avec sa pratique, son activité, son poste. Mais c’est aussi un joueur dans sa globalité. Il doit voir, participer aux séances collectives avec ses partenaires joueurs de champ pour des raisons tactiques, pour être en lien avec le collectif. C’est un 11ème joueur d’une équipe. Il appartient au collectif, il joue pour ce collectif et il y tient un rôle important. Il joue avec ses mains, ses pieds, il doit être en capacité de répondre aux différentes exigences liées aux entraînements ou aux matches. »
L’ACCOMPAGNEMENT AVANT ET PENDANT LA COMPÉTITION
« Être très présent sans être envahissant »
« En amont, c’est la partie invisible lorsque les joueurs ne sont pas à nos côtés avec la sélection, sur les rassemblements ou les matches. Il faut être attentif à tout, tout le temps, être en éveil permanent pour aller chercher le meilleur équilibre possible dans le travail. Il s’agit aussi de faire en sorte de les accueillir en ayant un maximum d’informations. L’information émane du gardien lui-même avec lequel je garde un lien mais elle peut aussi venir de mes collègues entraîneurs spécifiques. Je m’impose d’être au plus près des gardiens, le plus attentif possible. Il faut savoir être très présent mais sans être envahissant ni oppressant. »
Franck Raviot avec Steve Mandanda, Hugo Lloris et Mike Maignan lors d'un entraînement à Clairefontaine (photo Simon MORCEL / FFF).
SON REGARD SUR LES TROIS GARDIENS
« Ils ne laissent jamais rien au hasard »
« Leur force commune, c’est d’être de grands professionnels et compétiteurs. Ils ont une soif permanente et une faim de continuer à progresser, à performer. Cela nécessite le souci du détail, ils ne laissent jamais rien au hasard. Ils font en sorte, de manière visible sur le terrain ou invisible dans leur récupération, leur sommeil, leur hygiène de vie et alimentaire de mettre tous les atouts de leur côté pour pouvoir répondre aux exigences du haut niveau. Leur objectif, c’est d’être performants le jour J, efficients et efficaces. Pour pouvoir performer individuellement tout en se mettant au service du collectif. »
L’EXPÉRIENCE DE LLORIS ET MANDANDA
« Ce sont des locomotives. Ils insufflent une énergie positive »
« Vous ne pouvez pas traverser les saisons, enchaîner les matches et avoir cette longévité par hasard. Leur longévité en club comme en sélection est remarquable. Elle impose le plus grand respect de par ce qu’ils sont, représentent et véhiculent comme valeur au sein du groupe. Ils ont l’expérience des compétitions internationales. Cela ne s’achète pas. Ce sont toutes ces années qui en font aujourd’hui des garçons pleinement respectés au sein du collectif. De grands professionnels qui ont une approche méthodique, méticuleuse, consciencieuse de leur profession et sont des locomotives de par leur âge, leur expérience et leur vécu. Ils insufflent une énergie positive à leurs partenaires. »
LA PREMIÈRE COMPÉTITION DE MAIGNAN
« Avec Lille, il a su être régulièrement performant »
« Pour cette phase finale, Mike a rejoint le pool des gardiens à la suite d’une saison très consistante avec Lille, champion de France. Il a su être régulièrement performant et a apporté sa pierre à l’édifice d’une manière admirable. Il arrive avec un état d’esprit très positif et beaucoup de respect envers Hugo et Steve. Il y a un climat sain entre eux, un respect réciproque, ce qui permet de travailler et vivre au quotidien avec beaucoup de quiétude et de plaisir. »
Franck Raviot avec Mike Maignan (photo Simon MORCEL / FFF).
LE DEUXIÈME ET LE TROISIÈME GARDIENS PENDANT L’EURO
« Un rôle capital au sein du collectif et vis-à-vis d’Hugo »
« Ils ont un devoir : celui d’être prêts le cas échéant. Il faut qu’ils se préparent comme n’importe quel joueur, comme Hugo, à toute éventualité pour être performants. C’est le travail au quotidien, ce qu’ils vont mettre en œuvre, leur investissement qui vont leur permettre d’être prêts. Ma considération, mon attention et ma bienveillance est à l’identique envers les trois gardiens. Même si les statuts sont différents et la hiérarchie établie, je me dois d’être attentif à tous les signaux. Mon but, c’est qu’ils puissent travailler et se sentir le mieux possible pour répondre à nos exigences. Les expériences du passé me font dire qu’ils ont un rôle capital au sein du collectif et vis-à-vis d’Hugo. La performance d’Hugo lors de la Coupe du monde 2018 lui appartient avant tout, surtout, principalement mais je sais aussi combien à l’époque le rôle de Steve et d’Alphonse (Areola) a été important à son égard. La bienveillance, la considération, le respect qu’il y a entre eux sont autant d’éléments bénéfiques et positifs. »
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