Cécile Locatelli : « Un parcours plus qu’honorable »
La sélectionneure revient sur la troisième place de sa formation à l’Euro, synonyme de qualification pour le Mondial, et trace les perspectives qui s’ouvrent pour cette génération.
De retour de Bosnie-Herzégovine où son équipe a terminé dimanche à la troisième place du 13e championnat d’Europe U17 féminin de l’UEFA, décrochant ainsi sa qualification pour la Coupe du monde prévue en Inde du 11 au 30 octobre prochains, la sélectionneure nationale Cécile Locatelli balance entre plusieurs sentiments : la contrariété de n’avoir pas décroché un titre qui manque à cette catégorie d’âge, et la fierté d’avoir géré un groupe qui a trouvé les ressources pour s’offrir de nouveaux horizons.
ENTRE SATISFACTION ET FRUSTRATION
« Le succès d’une génération post-Covid »
« La détection a été compliquée pour cette génération à cause de la crise du Covid, pendant laquelle elles n’ont pas pu pratiquer et nous n'avons pas pu les suivre comme il le fallait puisque tout a été arrêté. Cela a été difficile pour ces jeunes joueuses en U15 puis U16, avec seulement trois stages à Clairefontaine et des oppositions internes. Elles ont joué leur premier match international lors du premier tour qualificatif, contre la Suède, en octobre. Elles ne savaient pas à quoi s’attendre et j’avoue franchement que ce parcours me donne une réelle satisfaction, d’autant que cela faisait dix ans que l’on ne s’était pas qualifié pour une Coupe du monde. La compétitrice que je suis a quand même un regret sur la demi-finale contre l’Allemagne, où l’on a fait un non-match, où l’on a eu une défaillance. Est-ce à cause de l’énorme chaleur ? Ou de l’enjeu qui a pris le dessus ? En tout cas, je n’ai pas reconnu mon équipe. »
Des regrets en demi-finale contre l’Allemagne, future vainqueur (photo Sportsfile/UEFA).
LES FORCES DU GROUPE…
« La capacité mentale de rebondir »
« Elles ont été fortes mentalement pour ne pas commettre deux fois la même erreur et rebondir après la demi-finale pour obtenir cette troisième place. Maintenant, elles savent ! Elles ont réalisé un parcours plus qu’honorable mais à elles, désormais, d’apprendre de cette expérience en vue de la Coupe du monde, où j’attendrais plus de régularité. On pourra s’appuyer sur une très bonne base défensive, un collectif très attentif aux consignes et aux stratégies que l’on met en place. On a aussi d’énormes atouts offensifs, avec des qualités de vitesse que d’autres nations n’ont pas. »
La joie d’une troisième place qualificative pour le Mondial (photo Sportsfile/UEFA).
…SES FAIBLESSES…
« Apprendre à produire du jeu »
« Le point principal à travailler sera de créer du liant entre nos lignes. On combine très bien sur les côtés mais au milieu, on a du mal à produire du jeu. Quand il faut repasser par l’axe, on est souvent à la peine. Il faut aussi que l’on soit plus efficaces, on a un trop mauvais ratio entre le nombre d’occasions que l’on se procure et le nombre de buts marqués. On a aussi perdu trois fortes individualités présentes au premier tour des éliminatoires : nos arrières latérales droite Fiona Liaigre et gauche Juliette Arthur, ainsi que notre n°6 habituelle Julie Swierot. J’avais demandé au collectif de compenser ces absences et il a très bien répondu, mais les retrouver sera forcément un plus. »
…ET DES RÉVÉLATIONS
« Belhadj et Job ont vraiment performé »
« Au-delà de la force collective, quelques individualités se sont révélées, notamment la gardienne Féérine Belhadj qui a bien progressé, notamment mentalement. Elle était beaucoup plus concentrée, elle a su se canaliser et elle a vraiment performé sur ce tournoi. Il y a eu aussi la petite Taeryne Job sur le côté droit, qui a remplacé Fiona Liaigre. Elle a débarqué après deux rassemblements avec les U16 pour jouer tous les matches et performer, avec un mental et un potentiel athlétique au-dessus de la moyenne. Ces deux révélations seront sûrement de top-joueuses plus tard. »
Un collectif où certaines ont su saisir leurs chances (photoSportsfile/UEFA).
LA ROUTE VERS LE MONDIAL
« Se fixer de sortir des poules »
« Elles doivent continuer à travailler dans leurs clubs et les pôles. Elles ont vraiment vu ce qu’était vingt jours de compétition sur une phase finale. En prévision du Mondial, on va leur demander d’être très sérieuses aux entraînements et sur tous les aspects invisibles, alimentation, récupération, hydratation… Ce sont de jeunes joueuses qui doivent encore apprendre mais la majorité a compris le message. On va les suivre pendant la trêve estivale, où elles auront des programmes et des retours à faire par rapport à un suivi. Je pense qu’elles feront le nécessaire. On les retrouvera au mois d’août sur un stage élargi où seront intégrées d’autres joueuses que l’on suit, suivi normalement de deux matches internationaux de préparation avant de partir. Quant à vous dire ce que l’on attend de cette Coupe du monde, il faudra d'abord voir le tirage du 24 juin à Zurich. Sortir des poules déjà et après, voir jusqu’où l’on pourra aller. »
