U20

Bernard Diomède : « Le travail paie »

lundi 13 juin 2022 - 19:00 - Claire GAILLARD
Sélection U20 finale Tournoi Maurice Revello juin 2022

Le sélectionneur des U20 revient sur le succès de la génération 2002 lors du Tournoi international Maurice-Revello et dresse le bilan de cette saison de reprise « post »-covid.

« La nuit a-t-elle été animée après votre succès dimanche au Tournoi international Maurice-Revello contre le Venezuela (2-1) ? 
La soirée a été calme car il y avait beaucoup de fatigue. Les joueurs étaient contents de partager ce dernier repas ensemble. L’idée, c’était de clôturer le stage et de passer les messages pour la suite de leur carrière en leur disant que la sélection n’était pas terminée. Ce n’est que le début. Un titre ne s’oublie pas d’autant que c’est le premier pour eux. C’était un moment apaisé, il y avait de la sérénité. Ils sont contents du travail bien fait et surtout d’avoir sacrifié leurs vacances pour remporter cette compétition !

Le compte-rendu de la finale

Quel sentiment domine au lendemain de ce titre ? 
La fierté d’avoir réussi à composer un groupe qui était, à trois ou quatre joueurs près, celui présent durant toute la saison. Lors du premier rassemblement à la rentrée, on avait un défi : préparer ce Tournoi. Cela n’a pas été facile car les joueurs avaient pour objectif de jouer en club et en septembre, ce n’était pas le cas. Se projeter n’était pas évident pour eux alors qu’ils avaient des échéances à court terme comme le Championnat, la Coupe voire la Ligue des champions. Certains aspiraient aussi à aller en Espoirs, certains y ont goûté mais sont redescendus. La fierté, c’est d’avoir su conserver cet objectif de début de saison, de les avoir maintenus sous pression, leur avoir montrer que le Tournoi de Toulon n’était pas un petit tournoi. En jeunes, il y a la Coupe du monde, le Championnat d’Europe et le Tournoi de Toulon. U16-U17-U18 c’est différent des U19-U20. Là, ils sont à la porte des Espoirs.

« Le Venezuela était venu disputer un combat, ils étaient surmotivés jusque sur le banc de touche. La première des choses, c’était de rester calme, ne pas s’énerver et ne pas parler à l’arbitre »

 

Quelle analyse faites-vous de cette finale où vous avez été rapidement menés au score avant de réagir en seconde période ? 
Lors de la séance vidéo et de la causerie, on avait anticipé différents scénarios. Le seul qu’on n’avait peut-être pas anticipé, c’était leur système car leur meilleur joueur, Segovia, est un n°10 ou 9 et demi axial. Et finalement, en voyant qu’on jouait avec une défense à cinq, ils ont mis deux attaquants et ont décalé Segovia sur le côté droit. Positionner son meilleur joueur dans un rôle excentré m’a interpellé. Cela nous a un peu déstabilisés car j’avais décidé de mettre un joueur, le petit « Jo » Lepenant, à son marquage pour l’empêcher de s’exprimer. On a ensuite changé de schéma en repassant à quatre défenseurs au lieu de cinq. Ça allait mieux et à la mi-temps après avoir discuté avec les joueurs, on a décidé de revenir à cinq derrière avec deux milieux et d’amener de la fraîcheur grâce à Nathanaël (Mbuku), Amir (Richardson) et Kiliann (Sildillia). La première période nous a un peu déstabilisés mais je suis content car les joueurs ont su résister, ne pas encaisser de second but et faire profil bas.


Le sélectionneur Bernard Diomède cette saison à Clairefontaine (photo Simon MORCEL / SPORTPACK / FFF). 

Le Venezuela vous a posé des problèmes notamment en termes d’agressivité. Vous attendiez-vous à cela ? 
L’engagement des Vénézuéliens nous a surpris. Ils ont utilisé l’antijeu, ont énervé nos joueurs, leur ont parlé… On avait eu un aperçu face au Panama (0-0, 2 TAB 4) et on avait imaginé une physionomie de match proche de celle-ci mais là, c’était puissance 10 car le Panama jouait fair-play. Le Venezuela était venu disputer un combat, ils étaient surmotivés jusque sur le banc de touche. Comme je l’ai dit aux joueurs, ils sont venus avec leurs armes, ils ont ouvert le score, c’était à nous d’imposer notre jeu. C’est toujours un rapport de force. La première des choses, c’était de rester calme, ne pas s’énerver et ne pas parler à l’arbitre.

Faire preuve d’intelligence à la fois dans le comportement et dans le jeu ?
Quand j’ai signé à la FFF, Noël Le Graët (le Président) m’avait dit qu’il aimait voir des équipes qui jouent bien, gagnent et se comportent bien. J’ai gardé ça en tête. Avoir une équipe qui joue bien, on l’a montré notamment à travers le nombre de buts qu’on a marqué (17). Qui se comporte bien aussi puisqu’on a remporté le trophée du fair-play et qu’en finale, on n’a pas disjoncté. En septembre, lors d’un match un peu similaire contre la Norvège à Clairefontaine (1-2, le 6), c’était compliqué, les joueurs avaient failli avoir un coup de sang. En un an, on s’aperçoit d’une progression, d’une amélioration et qu’ils sont capables de se remettre en question. C’est une satisfaction !


L'attaquant Maghnes Akliouche lors d'un match amical face au Portugal cette saison (photo Pauline CARRÉ / APL / FFF). 

Après une entame poussive face au Panama lors de votre entrée en lice (0-0, 2 TAB 4), la sélection est monté en puissance…
On savait que le premier match serait très difficile. On avait identifié le Panama comme une équipe athlétique et technique. Avec le staff, nous les avions croisés à la Coupe du monde 2019 avec la génération 1999 (2-0). Malheureusement, des joueurs sont arrivés après quinze jours de vacances malgré le programme qu’on avait fourni quand d’autres n’ont pas eu de congés et ont enchaîné. Il y avait des états de forme disparates. Et la période des transferts à gérer aussi. On s’est rassemblés le mercredi, on a joué le dimanche, en trois jours, ça a été difficile de mettre tout le monde sur les bons rails pour le premier match. Voilà pourquoi j’avais décidé de faire tourner lors des deux premières rencontres afin de donner du temps de jeu à tous et de gérer les états de fatigue ou les méformes. On a pu le faire et on a été opérationnels dès le troisième match contre l’Argentine.

« On leur a dit : ‘‘Vous êtes la génération 2002, celle qui risque de disputer les Jeux Olympiques 2024 organisés en France. Remporter le Tournoi de Toulon va vous donner beaucoup d’énergie positive et montrer à vos clubs que vous avez des qualités et envie de vous imposer »

 

Quel bilan dressez-vous de cette saison de reprise après des exercices tronqués par la situation sanitaire et marquée par des matches nuls ou défaites pour aboutir à ce succès final ? 
Le travail paie, il ne faut rien lâcher. On avait confiance en ce groupe. Au niveau du staff, on commence à avoir une petite expérience ensemble. On restait sur une défaite à l’Euro U19 2018 avec la génération 1999 (0-2 contre l'Italie) et un revers contre les États-Unis en Coupe du monde U20 2019 (2-3) qui n’est toujours pas digéré. On avait à cœur de mettre dans les meilleures conditions les joueurs qui, eux, restaient sur deux demi-finales U17 et U19. On leur a dit que s’il y avait une victoire, ce serait une première pour eux, pour nous, une première ensemble. Oui, cette saison, on a perdu des matches. Oui, il y a eu le COVID. Malheureusement il n’y a pas eu de compétition U19 pour eux mais c’était l’occasion d’écrire leur histoire et d’oublier cette période difficile. On leur a dit : ‘‘Vous êtes la génération 2002, celle qui risque de disputer les Jeux Olympiques 2024 organisés en France. Remporter le Tournoi de Toulon va vous donner beaucoup d’énergie positive et montrer à vos clubs que vous avez des qualités et envie de vous imposer''.


Sekou Mara, meilleur buteur et deuxième meilleur joueur du Tournoi (photo Twitter @TournoiMRevello).

Ils l'ont fait en dépit d'un temps de jeu réduit en club pour certains.
En effet, ils ont réussi à livrer des prestations de très haute qualité à l’image de Tanguy Kouassi, Chrislain Matsima, Sekou Mara… Adil Aouchiche est arrivé en provenance de Saint-Étienne où il avait vécu une saison compliquée. Il sortait d’un match difficile et a apporté son envie et ses qualités. Le petit Maghnes (Akliouche) ne joue pas à Monaco et a terminé deuxième meilleur buteur derrière Sekou et troisième meilleur joueur du tournoi. On avait un groupe de qualité avec vingt-deux compétiteurs. On est fiers d’eux. Quand on voit ce résultat ou celui de José Alcocer (champion d’Europe U17), cela récompense le travail réalisé depuis deux ans. Pendant la période COVID, on a multiplié les réunions de sélections, on a mis à profit ces moments pour échanger sur le projet de jeu des sélections jeunes… Je souhaite la même réussite à Landry (Chauvin) et Sandrine (Ringler), qui vont disputer très vite les Euros U19 masculin (18 juin-1er juillet) et féminin (27 juin-9 juillet) ainsi qu'à Sonia (Haziraj) à la Sud Ladies Cup (22 au 28 juin). »

La fiche du sélectionneur Bernard Diomède

 

Les 22 vainqueurs

  • Gardiens (2) : Hugo Barbet (EA Guingamp), Melvin Zinga (Angers SCO)
  • Défenseurs (8) : Thierno Baldé (Le Havre AC), Maxime Estève (Montpellier HSC), Tanguy Nianzou Kouassi (FC Bayern Munich, ALL), Ziyad Larkèche (Fulham FC), Chrislain Matsima (AS Monaco), Kiliann Sildillia (SC Fribourg, ALL), Brandon Soppy (Udinese Calcio, ITA), Robin Voisine (FC Nantes)
  • Milieux de terrain (6) : Mohamed Achi (FC Nantes), Lucien Agoumé (Stade Brestois), Adil Aouchiche (AS Saint-Étienne), Théo Le Bris (FC Lorient), Johann Lepenant (SM Caen), Michael Amir Richardson (Le Havre AC)
  • Attaquants (6) : Maghnes Akliouche (AS Monaco FC), Yoann Cathline (EA Guingamp), Yanis Cimignani (AC Ajaccio), Hugo Ekitike (Stade de Reims), Sékou Mara (Girondins de Bordeaux), Nathanaël Mbuku (Stade de Reims).

 L'équipe type du tournoi 

fédération française de football - FFF
Crédit Agricole logo EDF logo Nike logo Orange logo Uber Eats logo Volkswagen logo