RÉTRO EURO FÉMININ

Sandrine Soubeyrand : « On aurait pu mieux faire »

mercredi 6 juillet 2022 - 13:25 - Philippe MAYEN
Equipe de France Féminine

L'Euro 2009 féminin en Finlande permet à la France d'accéder pour la première fois aux quarts de finale d'un grand tournoi international. Il laisse néanmoins des regrets à la capitaine tricolore de l'époque.

Entraîneure depuis octobre 2018 du Paris FC, qu'elle a hissé cette saison sur la troisième marche du podium de la D1 Arkema, avec une place en Ligue des Champions féminine à la clé, Sandrine Soubeyrand (48 ans) a disputé le championnat d'Europe à cinq reprises avec les Bleues. Pour le quatrième, en 2009 en Finlande, le sélectionneur Bruno Bini en a fait sa capitaine. Charge à elle de conduire ses coéquipières pour la première fois en quarts de finale. Mais si l'objectif sera atteint, Sandrine Soubeyrand garde encore des regrets de cet Euro. Avec 198 sélections, l'ancienne milieue de terrain internationale détient toujours le record absolu de capes en Équipes de France. 

La fiche de Sandrine Soubeyrand

Quels souvenirs gardez-vous de votre parcours de qualification pour cet Euro 2009 ? Dans quel contexte se situait-il ? 

« L'équipe n'avait pas réussi à obtenir son billet pour la Coupe du monde 2007 et une participation au championnat d'Europe suivant était presque devenue impérative, sur un plan sportif mais également pour aider au développement de la pratique féminine. Nous avions joué notre qualification directe sur notre dernier match, contre l'Islande. Je me souviens du stade (stade Henri-Desgranges de La Roche-sur-Yon), de la rencontre, mais le score... 2-0 ou 2-1 ? C'est ça, 2-1 ! J'avais marqué le premier but, d'une frappe lointaine sur un retour de corner. Les Islandaises nous avaient battues à l'aller (1-0) et nous sommes restées à la lutte jusqu'au bout, y compris sur ce match retour. Finalement, elles se sont également qualifiées en passant par les barrages et nous nous sommes retrouvées au premier tour de l'Euro !

Retour sur l'Euro 2009

Cet Euro est alors votre quatrième sur un plan personnel, le premier en tant que capitaine. Comment l'avez-vous vécu ? 
Ce n'est pas l'Euro qui m'a le plus marqué. Je garde de meilleurs souvenirs de 2013, même s'il a coïncidé avec la fin de ma carrière en bleu. En termes de spectateurs, le public finlandais n'avait pas répondu en nombre, l'ambiance dans les stades étaient un peu décevante. Il n'y avait pas beaucoup de journalistes, non plus. En France, on attendait de nous une performance probante et surtout de sortir des poules. Il s'agissait du premier Euro à douze équipes, contre huit auparavant, et participer pour la première fois aux quarts de finale a permis de montrer que l'on pouvait avoir une carte à jouer sur les compétitions futures. D'ailleurs, la vraie révélation est survenue deux ans après, à la Coupe du monde 2011 (la France s'est classée quatrième du Mondial organisé en Allemagne).

Comment se présentait la sélection constituée pour cette compétition ? 
Le groupe était plutôt aguerri sur le plan international. Beaucoup de joueuses avaient pris part à la campagne des éliminatoires de la Coupe du monde 2007. En fait, la sélection ressemblait pour une bonne part à celle sur laquelle s'appuyait précédemment Élisabeth Loisel, à part quelques jeunes incorporées (Gaëtane Thiney, Laëtitia Stribick) ou rappelées (Ophélie Meilleroux) par Bruno Bini, à son arrivée en 2007, des joueuses qui avaient performé avec lui en U19. Puis d'autres sont arrivées un peu avant l'Euro, comme Eugénie Le Sommer et Amandine Henry qui ont ainsi découvert le haut niveau international. 

4
En 2009, la France participe à son quatrième Euro après 1997, 2001 et 2005
1
En Finlande, Bruno Bini vit le premier de ses deux Euros au poste de sélectionneur (2009, 2013)
29
Depuis leur défaite en Islande (1-0) en juin 2007, les Bleues sont invaincues en éliminatoires de l'Euro (28 succès, 1 nul)

(Photo Pierre MINIER/ONZE/ICON SPORTS)

Avec l'Allemagne et la Norvège comme adversaires au premier tour, sans oublier l'Islande, la qualification pour les quarts de finale n'était pas donnée...
Le groupe était relevé, en effet. On savait que l'on devait prendre des points à l'occasion de notre premier match contre l'Islande (3-1), car derrière, l'Allemagne et la Norvège étaient des équipes très difficile à battre. On s'en est aperçu en prenant une correction face aux Allemandes (1-5) au deuxième match. Le lendemain de la défaite a été compliqué. Je crois que l'on nourrissait un complexe d'infériorité contre ces sélections. On a eu du mal à commencer nos trois rencontres, on a concédé un but à chaque fois dans les premières minutes. Finalement, on a pris le point qu'il nous fallait contre les Norvégiennes (1-1)

On a tout pour bien faire. Pour l'instant, toutes les planètes ne se sont pas encore alignées. Il faut y croire !

 

En quarts de finale, les Pays-Bas, seulement 17es FIFA à l'époque, ne semblaient-ils pas à votre portée ? 
On aurait pu le remporter, oui. Je garde le souvenir d'un match bizarre (0-0 et 4 tirs au but à 5). On a eu plusieurs fois la possibilité de gagner, y compris pendant les tirs au but. Nous leurs étions supérieures mais nous n'avons pas été en mesure de le montrer et de l'exprimer sur le terrain. Il nous a manqué un peu de folie, d'allant, mais surtout de maturité et d'expérience dans la manière d'aborder un quart de finale, un match à élimination directe, même si les Lyonnaises venaient d'atteindre les demi-finales de la Coupe d'Europe. Il nous a manqué un peu d'ambition et de confiance en nous. Certaines joueuses n'étaient pas encore à leur apogée. Dans la production du jeu, dans l'expression de l'équipe, on découvrait le très haut niveau. On était un peu timorées. Ce championnat d'Europe a été un peu un tremplin pour la suite. Il a permis au sélectionneur de s'évaluer et d'évaluer les forces dont il disposait. 

Un mot sur l'Euro 2022 qui commence dimanche pour la France. Les Bleues sont citées parmi les favorites. 
Je leur souhaite le plus beau parcours possible, jusqu'au titre. J'espère que l'équipe va performer. Cela ne sera pas facile, car il y a de sérieux prétendants. Depuis 2009, beaucoup de choses se sont passées. La France est devenue une nation forte sur le plan international. Elle a prouvé qu'elle méritait de faire partie des favoris d'une compétition. C'est logique. Elle est numéro 3 mondial, elle figure régulièrement sur le podium de la FIFA depuis une dizaine d'années. La régularité des résultats fait que l'on aspire à un trophée majeur. On est impatient, on est déçu de ne pas avoir déjà remporté un titre. Les garçons ont dû attendre 1998 pour être champions du monde. Quand on considère l'ensemble des palmarès, il y a peu de nations titrées. C'est pareil chez les filles. Pendant que l'on se rapprochait du gratin, les autres ont continué de se développer. L'écart s'est réduit, mais il reste du travail. On a tout pour bien faire. Il faut du travail, de la réussite, de la chance, du talent. Pour l'instant, toutes les planètes ne se sont pas encore alignées. Il faut y croire ! »

5
Sandrine Soubeyrand a joué cinq fois l'Euro avec l'Equipe de France (1997, 2001, 2005, 2009 et 2013)
140
Le quart de finale contre les Pays-Bas (2009) marque la 140e sélection de Sandrine Soubeyrand
fédération française de football - FFF
Crédit Agricole logo EDF logo Nike logo Orange logo Uber Eats logo Volkswagen logo