1966, une semaine à Londres
Huit ans après la Suède, l’Équipe de France retrouve la Coupe du monde en Angleterre. Elle va disputer deux matches à Wembley, dont un face au pays organisateur, futur vainqueur. Elle est éliminée au premier tour.
Les années 1960 sont difficiles pour l’Équipe de France. La seule phase finale disputée en dix-huit ans est la Coupe du monde en Angleterre, après une qualification obtenue face à la Norvège, au Luxembourg et à la Yougoslavie. Mais la sélection emmenée par Henri Guérin, qui ne dispose que de 48 heures entre ses deux premiers matches, est accrochée d’entrée par le Mexique (1-1) avant de s’incliner deux fois face à l’Uruguay (1-2) puis l’Angleterre (0-2) malgré une prestation plutôt encourageante. Elle restera sans lendemain car il faudra attendre 1978 pour revoir les Bleus en Coupe du monde, en Argentine. Les phases éliminatoires des éditions 1970 et 1974 leur seront fatales.
LE TOURNOI
C’est sans grands repères que l’Équipe de France arrive en Angleterre, en juillet 1966, après une longue préparation à Peebles, en Écosse. Aucun des 22 joueurs sélectionnés par Henri Guérin n’a l’expérience de la Coupe du monde, que les Bleus n’ont plus jouée depuis huit ans. Le tirage au sort les a placés dans un groupe très difficile avec l’Angleterre, l’Uruguay et le Mexique. Une victoire face à ce dernier est donc impérative dès le premier match, mais l’Équipe de France ne fait pas mieux qu’un nul (1-1) face à un adversaire qu’elle avait pourtant battu précédemment, en 1930 et 1954. Contre l’Uruguay, la France ouvre le score sur un penalty d’Hector de Bourgoing, joueur né en Argentine, avant que la Celeste ne renverse le match en cinq minutes. Il faut désormais battre l’Angleterre à Wembley devant près de 100 000 spectateurs. Diminués par la blessure de Robert Herbin, les Français font pourtant jeu égal avant de s’incliner sur un doublé de Roger Hunt.
LES MATCHES
Premier tour
- Mercredi 13 juillet : France-Mexique, 1-1
- Vendredi 15 juillet : Uruguay-France, 2-1
- Mercredi 20 juillet : Angleterre-France, 2-0
Roger Hunt double la mise pour l'Angleterre face à la France (photo PA Images / ICON SPORT).
LES STATISTIQUES
► Sixième participation à une phase finale
► Classement final : 13e (sur 16 participants)
► 1 nul et 2 défaites
► 2 but marqués, 5 buts encaissés
► 14 joueurs utilisés sur 22
► Lucien Muller, Edmond Baraffe et Hector de Bourgoing ne joueront plus en sélection après la Coupe du monde. Johnny Schuth, lui, ne compte aucune sélection.
► Le match nul contre l’Uruguay est le premier de l’Équipe de France en Coupe du monde. Lors des 14 rencontres précédentes, elle avait gagné 7 fois pour 7 défaites.
► Le penalty d’Hector de Bourgoing est le quatrième sifflé pour la France en Coupe du monde, après ceux de Georges Verriest (1934) et de Raymond Kopa (1954 et 1958). Tous ont été marqués.
► Les deux clubs les plus représentés en 1966 sont les Girondins de Bordeaux et le FC Nantes, avec 4 joueurs chacun.
► L’Équipe de France ne mène au score que pendant 9 minutes, lors du deuxième match face à l’Uruguay, après le but de Hector de Bourgoing.
La liste des joueurs retenus (*)
- 1. Marcel Aubour (Lyon)
- 21. Georges Carnus (Stade Français)
- 22. Jean Schuth (Strasbourg)
- 2. Marcel Artélésa (Monaco)
- 5. Bernard Bosquier (Sochaux)
- 6. Robert Budzynski (Nantes)
- 7. André Chorda (Bordeaux)
- 11. Gabriel De Michèle (Nantes)
- 12. Jean Djorkaeff (Lyon)
- 18. Jean-Claude Piumi (Valenciennes)
- 15. Yves Herbet (Sedan)
- 16. Robert Herbin (Saint-Etienne)
- 17. Lucien Muller (Barcelone)
- 4. Joseph Bonnel (Valenciennes)
- 3. Edmond Baraffe (Toulouse)
- 8. Néstor Combin (Varèse)
- 9. Didier Couécou (Bordeaux)
- 10. Hector De Bourgoing (Bordeaux)
- 13. Philippe Gondet (Nantes)
- 14. Gérard Hausser (Strasbourg)
- 19. Laurent Robuschi (Bordeaux)
- 20. Jacques Simon (Nantes)
(*) Le numéro figurant est celui qu'ils portaient. Entre parenthèses, le club où ils évoluent.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Le match contre l’Uruguay est le premier que l’Équipe de France joue en maillot blanc en Coupe du monde (et en manches courtes).
Le gardien remplaçant mexicain Antonio Carbajal était titulaire face à la France douze ans plus tôt, lors de la Coupe du monde 1954 en Suisse.
Deux Français évoluent à l’étranger en 1966 : Lucien Muller au FC Barcelone en Espagne et Nestor Combin à Varèse en Italie.
Comme en 1930, la Coupe du monde se joue au mois de juillet. Mais si les deux premiers matches sont calés aux mêmes dates (13 et 15), le troisième face à l’Angleterre en 1966 est le plus tardif joué par les Bleus dans cette compétition (20 juillet).
L’affluence du match Angleterre-France le 20 juillet à Wembley constitue un record pour un match des Bleus en Coupe du monde. 98 270 spectateurs étaient présents.
Un 23e joueur avait été convoqué lors de la préparation à la Coupe du monde. Il s’agissait de l’attaquant nantais Bernard Blanchet. Blessé à un genou, il a déclaré forfait avant le début de la compétition.
À Wembley, devant 98 270 spectateurs, le Français Robert Budzinski intervient devant l'Anglais Bobby Charlton sous le regard de son gardien Marcel Aubour (photo PA Images / ICON SPORT).
1966, C’EST AUSSI…
18 avril : début de la Révolution culturelle en Chine, proclamée par Mao Zedong. Elle durera dix ans et entraînera des millions de morts.
1er juillet : la France se retire des commandements intégrés de l’OTAN, comme l’a décidé Charles de Gaulle, président de la République.
5 août : sortie au Royaume-Uni du septième album des Beatles, Revolver, qui inaugure le début de l’ère psychédélique en musique.
8 décembre : La grande Vadrouille, film de Gérard Oury avec Bourvil et Louis de Funès, attire 17 millions de spectateurs en France jusqu’en 1975. C’est le film français le plus vu en salles jusqu’en 2008.
15 décembre : décès en Californie du dessinateur Walt Disney, à 65 ans. Le long-métrage Blanche-Neige et les sept nains, sorti en 1937, est le premier produit par les studios Disney.
Le témoin
Marcel Aubour : « Mazurkiewicz nous a tué le match ! »
