Hugo Lloris : « Le tenant du titre est forcément attendu »
Excité à l’idée de disputer la Coupe du monde 2022 – sa quatrième à titre personnel –, le gardien et capitaine des Bleus mesure l'attente autour des champions du monde.
« Lors de l’annonce de liste, le sélectionneur Didier Deschamps a confirmé le retour à une défense à quatre durant la Coupe du monde. En avez-vous discuté avec lui ?
(Sourires) Il y a des discussions entre les joueurs et le sélectionneur. Les décisions sont prises ensuite par le sélectionneur et son staff. Il est fidèle à ses principes et il pense collectif avant tout : il veut mettre les joueurs dans les meilleures dispositions. L’objectif est de retrouver une certaine solidité lors de ce tournoi. On a été un peu trop exposés ces derniers temps et c’est certainement sa réflexion. J’ai l’habitude de dire : quel que soit le système mis en place, l’utilisation qui en est faite par les joueurs est essentielle à travers l’envie, la qualité des passes, des transmissions…. On a cette responsabilité sur le terrain de faire ce qu’il faut pour que l’énergie soit positive et que les résultats soient là.
Les trois derniers champions du monde ont été éliminés dès le premier tour…
On ne peut pas ne pas y penser ! Si cela arrive une fois, deux fois, trois fois c’est qu’il y a des raisons et des réponses à ces questions. Le sélectionneur et son staff ont préparé en amont la meilleure équipe possible. Même s’il y a eu des concours de circonstance avec des blessés connus il y a quelques semaines, des blessés de dernière minute, ce groupe fera tout pour défendre les couleurs françaises. Le tenant du titre est forcément attendu. Depuis le sacre en Russie, on sent des adversaires encore plus motivés pour faire tomber les champions du monde. Il y a aussi le danger du premier match, en lien avec la fraîcheur, des accidents peuvent arriver. On sait l’importance de bien commencer une compétition afin de lancer la dynamique.
Ce premier match contre l’Australie, le mardi 22 novembre, va vite arriver. En tant que capitaine, ressentez-vous le besoin d’échanger d’ici là avec les plus jeunes ou les joueurs moins expérimentés ?
Lorsqu’on parle d’une compétition, on parle aussi d’une aventure humaine. Il y a ce qu’on vit sur le terrain et ce qu’il se passe en dehors. Quand un groupe vit bien, cela rejaillit sur le collectif et le terrain. En tant que leader d’équipe, cadre, on se doit de mettre tous les joueurs dans les meilleures conditions. Le talent est là, on n’a aucun doute là-dessus. Il faut trouver la bonne énergie, que tout le monde se sente bien, trouver de la confiance sur le plan individuel et collectif afin d’être prêts pour chaque bataille.
« Il va être important de retrouver un peu de fraîcheur car on peut se sentir un peu émoussés par l’enchaînement des matches. »
Que perdez-vous avec l’absence de Presnel Kimpembe, contraint de déclarer forfait aujourd’hui ?
Des blessés de dernière minute, ce n’est jamais évident à gérer et on ne peut qu’avoir une pensée pour eux. Pour Paul (Pogba) et « NG » (Kanté), on était préparés car cela avait été annoncé il y a quelques semaines. Pour Mike (Maignan) et Presnel (Kimpembe), c’est beaucoup de déception. Quand il y a des absents, cela donne des opportunités à d’autres joueurs de se montrer, à eux de prendre leurs responsabilités et du plaisir à représenter leur pays. On aime le football, le jeu, la compétition et on a envie de se confronter aux meilleurs. Lorsqu’il y a un succès, ce n’est pas lié à un, deux ou trois joueurs mais à un collectif. Peu importe le choix du coach sur la charnière centrale, les joueurs présents ont la qualité pour répondre présent lors de cette échéance.
Le forfait de Paul Pogba va-t-il renforcer votre leadership au sein du collectif, vous poussez à prendre davantage la parole ?
Je ne peux pas calculer. Cela se fera sur le moment en fonction du ressenti. Je ne vais pas en faire plus ni moins. Il y a d’autres joueurs importants qui prennent de la place et qui s’expriment ou non. À chacun son leadership. À partir du moment où ça tire l’équipe vers le haut, cela va forcément dans le bon sens.
« Marcus Thuram ? Je me souviens que sur une séance de penalty, il a pris ses responsabilités à l’Euro et a marqué face à la Suisse (3-3, 4-5 aux t.a.b. en huitièmes de finale). Il a joué des bouts de match. C’est un joueur talentueux. Il est souriant, heureux d’être parmi les 26 »
Vous vivez votre 17e saison comme professionnel : comment vous sentez-vous ?
Comme l’ensemble de mes coéquipiers : excité à l’idée de jouer une Coupe du monde ! Sur les premiers jours du rassemblement, il va être important de retrouver un peu de fraîcheur car on peut se sentir un peu émoussés par l’enchaînement des matches. On est assez contents de sortir de cette période et sans bobos. On va essayer de répondre présents, au plus haut niveau, pour aider l’équipe.
Marcus Thuram a été appelé pour compléter la liste. Qu’avait-il amené lors du dernier Euro dans la vie de groupe ?
Je me souviens que sur une séance de penalty, il a pris ses responsabilités à l’Euro et a marqué face à la Suisse (3-3, 4-5 aux t.a.b. en huitièmes de finale). Il a joué des bouts de match. C’est un joueur talentueux et qui est toujours performant avec son club. Il est souriant, heureux d’être parmi les 26 et sera prêt si le coach a besoin de lui.
Avec Alphonse Areola et Steve Mandanda, vous serez donc les trois gardiens au Mondial…
On se connaît très bien et on a vécu une compétition ensemble qui a abouti sur un sacre. Les aléas d’une carrière font qu’aujourd’hui Mike (Maignan) ne sera pas parmi nous même s’il a tout fait pour y être. On est déçus pour lui mais on est heureux de retrouver Steve. On se suit depuis de nombreuses années, ça fait plaisir de le voir toujours avec le sourire et il est encore compétitif. Il réalise de très belles choses avec le Stade Rennais. Steve a aussi une légitimité au sein du groupe, il est écouté, prend de la place et a toujours été là dans les moments un peu plus compliqués, c’est un battant et on aura besoin de toutes nos forces pour les échéances à venir. »
