Francis Lokoka : « La France a de bons gardiens »

Le numéro 1 du Nantes Métropole Futsal forme avec Joévin Durot et Louis Marquet le trio de gardiens des Bleus actuellement au Maroc pour un tournoi international amical. Avant d'affronter le Japon samedi soir (23h00), il évoque son parcours, son rôle et ses ambitions.

« À quel type de match vous attendez-vous ce samedi soir contre le Japon ?
On doit réagir après la défaite contre la Croatie (4-5, jeudi soir). Contre le Japon, il est impératif pour nous de gagner si on veut espérer remporter ce tournoi au Maroc. Cette équipe du Japon est une très belle équipe, classée au 12e rang mondial. J’attends de notre part une réaction, car cela faisait quasiment un an (France-Brésil, 2-3 à Toulon) que l’on avait pas connu la défaite. Je m’attends à un match très intense. Pour avoir vu la double confrontation des U23 contre le Japon dernièrement, c’est une nation très disciplinée, qui met beaucoup de rigueur, beaucoup d’intensité dans ses matchs, donc je m’attends à ce type d’opposition. C’est ce qu’on est venu chercher ici dans ce tournoi, des nations qui participent très souvent à la Coupe du monde. C’est ce pourquoi on est là aujourd’hui, on veut se frotter aux meilleures nations mondiales. La qualité principale de notre groupe c’est sa soif d’apprendre. On a encore du chemin et du travail pour atteindre le très très haut niveau mondial. Cela passe par ce type de confrontations régulières. On est en constante progression, même au classement mondial on a progressé. On est aujourd’hui au 15e rang. Cela prouve qu’on fait du bon travail en France aujourd’hui, que ce soit les clubs ou la sélection surtout. On avance en commun, main dans la main, et je trouve que les résultats reflètent cette progression et notre ambition.

France-Japon en direct sur FFFTV (23h00)

Vous avez commencé par le football à onze avant de basculer vers le Futsal. Peut-on parler de révélation ?
Oui, j’ai commencé au football traditionnel, au Red Star, dans le 93. J’étais gardien de but déjà. Ensuite j’ai continué ma progression au Paris FC jusqu’en séniors avec des joueurs comme Karl Toko Ekambi que j’ai côtoyé en U19. J’ai découvert le Futsal grâce à un ami et coéquipier en Équipe de France Landry N’Gala. Il m’a dit que ça irait bien avec mes qualités. J’ai donc commencé le Futsal au Sporting Club de Paris (2016). J’ai commencé en réserve là-bas en Régional 1. Tout de suite, j’ai vraiment apprécié la discipline parce qu’au Futsal, quand tu es gardien de but, tu es constamment sollicité. J’ai aimé avoir toujours des ballons à jouer pendant le match, de n’avoir jamais de temps d’arrêt. C’était vraiment différent sur cet aspect-là. J’ai continué sur cette voie-là. Je suis parti ensuite à Garges Djibson (Val-d'Oise, 2016-2019), là où j’ai commencé à découvrir le haut niveau en Division 1. J’ai remporté mon premier championnat (2016-2017), puis ensuite je suis parti au Kremlin-Bicêtre pendant une saison (2019-2020). Et depuis 2021, je suis à Nantes Métropole Futsal avec qui a gagné la Coupe nationale en 2022. 

Pouvoir marquer un but, c'est une sensation un peu particulière que j'espère pouvoir vivre un jour en Équipe de France.

 

Quels gardiens de but t’ont inspiré ?
Dans le football traditionnel c’était Fabien Barthez. J’aimais bien sa personnalité et ses immenses qualités. Gianluigi Buffon aussi m’a inspiré. Et quand je suis arrivé dans le Futsal, j’ai beaucoup regardé Djamel Haroun qui est la référence au poste avec Joévin (Durot) et aussi des gardiens espagnols comme Jesus Herrero et Luis Amado.

Quelles sont les qualités d’un bon gardien de Futsal ?
Aujourd’hui un gardien de Futsal doit avoir un très bon jeu au pied, être très explosif et bien lire le jeu. Même les relances sont primordiales dans le Futsal moderne et dans le projet de jeu de l’Équipe de France. Le jeu au pied n’était pas ma qualité première au départ. C’est quelque chose que j’ai beaucoup travaillé en club et en sélection. Ma qualité première moi, c’est l’explosivité. Je suis un gardien explosif, très fort sur la ligne. J’arrive à bien lire le jeu également. Un gardien de Futsal participe beaucoup au jeu. Il lui arrive aussi de marquer des buts, beaucoup plus qu’un gardien de football traditionnel en tous cas. J’ai eu la réussite de pouvoir marquer quelques fois en club en championnat. Quatre buts pour être précis. J’ai pour habitude de noter beaucoup de statistiques dans un petit carnet. Pouvoir marquer un but c’est une nouvelle sensation un peu particulière en tant que gardien mais agréable (sourire). J’espère pouvoir vivre cette sensation en Équipe de France un jour mais je n’oublie surtout pas que le rôle principal d’un gardien, évidemment, c’est de garder sa cage inviolée et c’est déjà pas mal de le faire. J’ai réussi à le faire une fois en sélection et c’est une fierté.

Avec Steve Bendali, son coéquipier chez les Bleus et au Nantes Métropole Futsal, lors de la victoire tricolore à l'Umag Nations Cup 2022 (photo Ludovic BRUNEAU/FFF).

Parlez-nous de la relation que vous entretenez entre vous gardiens de but de l’Équipe de France…
On a un groupe de trois gardiens sur ce stage mais il y a d’autres gardiens qui sont dans le groupe et qui ont déjà été appelés en sélection. Avec Joévin (Durot), on se connaît depuis un petit moment, depuis 2019. C’est un gardien très expérimenté, très bon, très complet en tous cas. Il a un très bon jeu au pied. On a une bonne relation. Avec Louis (Marquet), on est de la même génération, nés en 1993, on se côtoie en championnat, ça se passe super bien, sous la houlette de Thomas Bartolini (l’entraîneur des gardiens de but de l’Équipe de France). C’est un coach très exigeant, mais c’est pour notre bien. Il nous fait progresser dans beaucoup d’aspects du jeu pour qu’on atteigne un jour le top niveau international.

L’Équipe de France c’est une histoire de patience ?
J’ai commencé en Équipe de France en septembre 2019, ma première convocation contre la Finlande à Sélestat, et ma première sélection je l’ai eue en novembre 2021, en Italie. Il a fallu attendre deux ans. Il y avait Djamel Haroun, il y avait Joévin. Il fallait s’armer de patience et apprendre d’eux surtout. J’ai beaucoup appris de ces deux grands gardiens. En France, on a de bons gardiens. J’ai pu faire mon petit trou. Aujourd’hui, j’ai huit sélections. Les gens pourraient dire que ce n’est pas beaucoup mais moi je trouve que c’est déjà pas mal. J’apprends petit à petit le niveau international.

On va tout faire pour décrocher d’ici la fin de l’année une première participation à une phase finale mondiale.

 

Quelle est votre ambition pour l’Équipe de France ?
Notre ambition est croissante. L’ambition c’est de participer aux tournois majeurs que ce soit la Coupe du monde ou le championnat d’Europe. Après, à titre individuel, mon ambition c’est de continuer à être performant quand on fera appel à moi en sélection, et un jour pourquoi pas d’être gardien numéro 1, de pouvoir porter fièrement la formation française et pouvoir dire que j’ai réussi, par mes qualités, à m’imposer.

Vous êtes actuellement au Maroc qui organisera la prochaine édition de la Coupe du monde. Y participer, c’est un rêve ?
C’est un rêve, oui. Moi j’ai coché dans mon calendrier la date de septembre 2024. J’espère que l’Équipe de France y sera. C’est même plus un objectif désormais qu’un rêve. Avant c’était plutôt lointain, on voyait la Coupe du monde à la télévision. Aujourd’hui, on sait que l’on a les capacités pour se frayer un chemin. Les qualifications sont un long parcours. On est qualifiés pour le Tour Élite, c’est d’ailleurs à ce jour mon meilleur souvenir en Bleu. On va tout faire pour décrocher d’ici la fin de l’année une première participation à une phase finale mondiale. »