U18

Bernard Diomède : « Préparer les jeunes aux enjeux »

jeudi 22 juin 2023 - 14:24 - Richard LOYANT
Bernard Diomède sélectionneur U18 2023

Au sortir d’un tournoi Maurice-Revello 2023 conclu à la quatrième place, le sélectionneur national des U18 dresse le bilan de la saison écoulée et situe les enjeux de celle à venir.

« Que retenez-vous de ce tournoi Maurice-Revello terminé à la quatrième place ?
De la frustration plus que de la déception car le contexte était très particulier. Les catégories d’âge allaient de 2001 à 2004 selon les équipes et nous, on est venus avec les 2005. Il était important de donner rapidement aux joueurs de l’expérience et de la maturité car de plus en plus d’équipes viennent sur ce type de compétitions avec des générations plus âgées. Dans les cinq que l’on a rencontrées*, on a croisé dix joueurs ayant déjà des sélections en A, dont l’Australien Garang Kuol qui était à la Coupe du monde six mois plus tôt. L’Australie et l’Arabie saoudite n’avaient pas caché être là pour préparer leurs qualifications aux Jeux olympiques, en septembre, le Mexique a mixé avec son équipe Espoirs qui jouait au même moment… Pour la première fois, les cinq continents étaient présents sur ce tournoi, ce qui en dit long par rapport à cet événement qui prend de l’ampleur à l’étranger. 

6
Victoires en douze rencontres disputées cette saison (trois nuls, trois défaites)
27
Buts marqués au total (moyenne 2,25), 18 encaissés (moyenne 1,5)
6
Buts inscrits en huit apparitions par Ilyes Housni, meilleur buteur de la saison

Qu’a-t-il manqué à vos joueurs ?
Forcément un manque d’expérience et de maturité. On a de fortes individualités mais dans ce genre de compétitions, le collectif l’emporte toujours. Même si on a eu des distinctions individuelles pour Eliesse (Ben Seghir, élu meilleur joueur du tournoi) et Mathys (Tel, co-meilleur buteur), il nous a peut-être manqué un petit peu de lien collectivement et aussi de fraîcheur. On a également souhaité répartir les temps de jeu et fait tourner pour limiter les riesques de blessure. Cela aurait pu changer la donne sur certains matches en gardant les mêmes. On a la balle pour gagner 3-2 à la dernière minute en demi-finale mais on perd aux tirs au but. Il est toujours difficile d’être éliminé sans avoir perdu de match mais cela fait partie du jeu et des éléments que les joueurs doivent prendre en compte pour s’y exercer à l’entraînement, quand ils le peuvent. 

Eliesse Ben Seghir (photo Guillaume BOITIAUX/Tournoi Maurice-Revello).

Quel était votre objectif de départ ?
L’objectif en sélection est toujours d’arriver dans le dernier carré, il a donc été atteint. Mais avec les joueurs, on voulait aller plus loin, jusqu'à la finale. La génération 2004 de Lionel (Rouxel) devait disputer ce tournoi initialement mais comme elle était engagée dans le tour Élite de l’Euro U19, on a commencé à le préparer avec les 2005. On s’est interrogé après l’élimination des U19 avant de décider de poursuivre avec les 2005, tout en sachant que ces jeunes devaient passer le bac avec donc des allers-retours à la clé. Quand on considère ce contexte, notre tournoi a dans l’ensemble été une réussite. Dans l’intensité, dans l’engagement, dans les courses et dans la maturité tactique, il restait des différences avec nos adversaires mais pas si importantes. Les matches auraient pu basculer différemment, notamment la demi-finale contre le Mexique. C’est encourageant pour l’avenir.

Tous les joueurs sont fiers et ont envie d’aller en sélection, ils veulent le meilleur et nous le meilleur pour eux.

 

Ce tournoi servait donc déjà à préparer la saison prochaine ?
Il était important de mobiliser un maximum de joueurs et tous ont pu venir, sauf un. Quand on a démarré l’aventure, on savait déjà que l’on était dans la réflexion pour la saison prochaine. Il était important d’impliquer les joueurs dans la volonté de venir en sélection, même si on connaît les problématique de calendrier et du nombre de matches joués. Cela reste une équipe de France et quand on voit comment les joueurs sont fiers et ont envie d’aller en sélection, il était important pour l’intérêt général que les clubs acceptent de les libérer, surtout pour une compétition organisée en France. Il faut les remercier d’avoir joué le jeu pour permettre à leurs joueurs de disputer ce tournoi, et pas seulement pour y figurer. Tous les joueurs qui viennent en sélection veulent le meilleur, et nous le meilleur pour eux. On travaille pour les Espoirs, qui eux-mêmes travaillent pour les A et plus un joueur a de l’expérience et un nombre de matches importants en sélections de jeunes, plus il peut espérer monter en sélections supérieures. Cette génération aura peut-être un championnat d’Europe U19 à disputer en 2024, l’objectif était aussi de la préparer à cet enjeu, à la pression et à la façon de la gérer sur un match et sur un tournoi. 

Photo Guillaume BOITIAUX / Tournoi Maurice-Revello

Quel bilan tirez-vous de cette saison et quelles sont les perspectives pour la suivante ?
Un collectif et un groupe se sont créés depuis un an, voire un peu plus puisque onze des joueurs présents ont été champions d’Europe U17 2022. On a déjà commencé à travailler sur le prochain rassemblement de septembre en Serbie en sachant qu’à tout moment, des joueurs peuvent être appelés à évoluer plus haut. C’est pourquoi il est important aujourd’hui pour un entraîneur et son staff d’être capables de s’adapter aux joueurs dont ils disposent. Sans parler de monter en Espoirs voire des JO, l’échéance sera déjà de passer le tour qualificatif pour l’Euro U19 en novembre, ensuite le tour Élite si cette première étape est franchie, avant l’éventuelle phase finale du championnat d’Europe. C’est pour cela que j’ai dit aux joueurs de bien se reposer et de récupérer, parce que la saison prochaine peut être très longue. » 

*Sélections U23 d’Arabie saoudite, Costa Rica, Venezuela, Mexique et Australie.

La fiche de Bernard Diomède

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