U18

Jean-Luc Vannuchi : « Décidés à ramener le trophée »

vendredi 1 décembre 2023 - 11:54 - Philippe MAYEN
Jean-Luc Vannuchi

Une finale contre l'Allemagne sépare les U18 tricolores du titre de champion du monde U17 2023. Une finale que le sélectionneur national et ses joueurs ont bien l'intention de remporter, samedi 2 décembre en Indonésie (13h00).

L'heure H approche pour l'équipe de France U18. Samedi à 13h00 (heure française), elle disputera la finale de la 19e édition de la Coupe du monde U17 de la FIFA. Face à elle, l'Allemagne, sur la pelouse du Manahan Stadium de Surakarta, en Indonésie (en direct sur La Chaîne L'Équipe). Une finale en forme de retrouvailles pour les Bleuets, privés du titre de champion d'Europe U17 par la sélection allemande, en juin dernier. Une finale en forme de chance, surtout. Celle de décrocher un deuxième trophée mondial pour la France dans cette compétition, et de rejoindre ainsi leurs prédécesseurs de 2001 (voir ci-dessous). Les joueurs de Jean-Luc Vannuchi se sont offert cette occasion en signant un parcours sans faute dans ce Mondial, avec cinq succès et un nul, ne concédant qu'un seul but. Le sélectionneur et son groupe doivent maintenant apporter la touche... finale.

« Jean-Luc, vous êtes à quelques heures d'une finale mondiale. En arrivant en Indonésie, pensiez-vous votre équipe capable d'un tel parcours ? 
On est venu ici en étant ambitieux, en tant que vice-champions d’Europe, et on voulait assumer ce statut, être dans la continuité. La première étape était de sortir des poules, ensuite on voulait égaler la génération 2002, demi-finaliste au Brésil, en 2019. On voulait être dans le dernier carré. Maintenant, on veut égaler ceux qui ont gagné cette Coupe du monde en 2001. Ils avaient perdu la finale de l’Euro (défaite 1-0 contre l’Espagne, le 6 mai 2001 à Newcastle sur un penalty de Fernando Torres à la 76e minute), avant de remporter celle du Mondial (voir ci-dessous). Je signe tout de suite pour répéter ça. En tout cas, on a la ferme intention de ramener le trophée à Paris. 

Votre groupe, invaincu dans la compétition, vous surprend-t-il  par ces performances ? 
L’équipe élève son niveau de jeu en fonction de l’importance des événements. Contre le Mali, elle a fait, selon moi, son meilleur match depuis le début du tournoi. Sur nos six matches, on en a joué trois contre des équipes africaines -Burkina Faso, Sénégal et Mali- et ça n’est pas rien quand on sait l’intensité que mettent ces équipes. Ce sont des matches très difficiles à jouer, fortement énergivores. Mais les joueurs parviennent à élever leur niveau, pour mener au score, pour passer aux penalties, ou pour revenir au score. Ils répondent présents mais ça n’est plus une surprise pour moi, non. Samedi, on va jouer une équipe similaire à la nôtre.

Le palmarès de la Coupe du monde U17

Un dernier défi attend les Bleuets sur la route du titre mondial. (Photo GETTY IMAGES/FIFA).

Pour la première fois, vous avez été menés au score en demi-finale contre le Mali, après avoir concédé votre premier but. Vous dîtes pourtant ne pas avoir été inquiet. 
Oui, j’ai eu ce ressenti-là, à la pause. On avait fait une bonne première mi-temps, meilleure que celle face au Sénégal, j’ai trouvé. On avait fait ce que l’on avait prévu de faire. Certes, on avait été un peu chahutés mais on jouait tout de même une belle nation et c’était une demi-finale. On était dans la même situation qu’en demi-finale de l’Euro contre l’Espagne, qui menait au score à vingt minutes de la fin, et on avait renversé la situation. Beaucoup de joueurs avaient ce vécu et connaissaient cet exercice. On s’est basé là-dessus. J’en ai discuté avec le staff, on a juste fait quelques réglages. Donc oui, pas d’inquiétude de notre côté. Évidemment, je ne sais pas du tout comment cela se serait passé sans l'expulsion d'un joueur du Mali, mais même à onze contre onze, je sentais que l’on pouvait revenir.

Il n’y a pas de revanche à prendre. Nous sommes dans une autre compétition, un autre contexte. On est passé à autre chose.

 

À l'image de cette demi-finale, les derniers matches, Sénégal, Ouzbékistan, ont été exigeants, physiquement et mentalement. Comment va le groupe avant cette finale ? 
Le groupe va bien. Il a eu droit à une bonne nuit de sommeil après la qualification contre le Mali. La matinée de mercredi a été consacrée à la récupération active, avec étirements, bains froids et massages. Encore une bonne sieste l’après-midi, puis étirements en piscine. Quand on bénéficie de quatre jours entre deux matches, on fait en sorte de sortir physiquement et mentalement de la compétition, de sortir de notre quotidien. Le staff et les joueurs laissent les tenues officielles pour des tenues plus détendues et on a organisé un repas au bord de la piscine, pour vraiment faire une cassure dans la compétition avant de se plonger dans la préparation de cette finale. On a eu un entraînement jeudi soir, on aura une autre séance vendredi soir. Je pense que l'intégralité de l'effectif ou presque sera disponible pour la finale mais il faudra peut-être attendre samedi pour pouvoir définir le onze de départ. 

L’Allemagne se présente désormais devant vous. Vous avez eu l'occasion de les observer ? 
J’ai revu à la vidéo leur match contre l’Argentine (succès 3-3 et 4 tab 2 de l’Allemagne en demi-finale) et celui contre l’Espagne (victoire 1-0 en quarts de finale). Mais on les connaît par cœur pour les avoir affrontés à deux reprise au dernier Euro, en phase de groupes (défaite 3-1) et en finale (défaite 0-0 et 5 tab 4). Il leur manque un joueur, Assan Ouedraogo, blessé en début de compétition, sinon c’est la même équipe, c’est du connu. On ne sera donc pas surpris de ce qu’ils vont nous proposer. Malgré ça, le match sera compliqué, difficile, mais autant pour nous que pour eux car ils nous connaissent aussi. Ils sont restés pour observer notre demi-finale contre le Mali et prendre des informations. Cela va faire une belle finale.

5
Après 6 matches dans ce Mondial, la France compte 5 succès pour 1 résultat nul
10
Les Bleuets ont marqué 10 buts contre 1 seul encaissé.
11
Les U18 sont invaincus en 11 rencontres cette saison (10 G, 1 N, 19 bp, 1 bc).

Le parcours des Bleuets

1er tour - Groupe E

- Dimanche 12 novembre 2023 : France-Burkina Faso 3-0
- Mercredi 15 novembre 2023 : France-Corée du Sud 1-0
- Samedi 18 novembre 2023 : États-Unis-France 0-3

La France termine en tête du groupe avec 9 pts, devant les États-Unis (6 pts), le Burkina Faso (3 pts) et la Corée du Sud (0 pt).

- 8es de finale (mercredi 22 novembre 2023) : France-Sénégal 0-0 (5-3 aux tab)
- Quarts de finale (samedi 25 novembre 2023) : France-Ouzbékistan : 1-0
- Demi-finales (mardi 28 novembre 2023) : France-Mali 2-1
- Finale (samedi 2 décembre 2023) : Allemagne-France (Surakarta Manahan Stadium, 13h00)

Les Allemands vous ont privés d'un titre européen en juin dernier. Cette finale a pour vous des allures de revanche ? 
Non, pas du tout, je n’en fais pas un levier de motivation. Il n’y a pas de revanche à prendre. On a fait 0-0 dans le temps réglementaire en finale de l’Euro. Nous sommes dans une autre compétition, un autre contexte. On est passé à autre chose. Je ne suis pas dans ce registre-là, je suis dans la préparation d’une finale de Coupe du monde contre l'Allemagne et je l’aborde ainsi.

L’expérience de cette finale européenne va tout de même vous servir ? 
L’expérience de l’Euro a déjà servi. L'équipe s'est qualifiée aux tirs au but contre le Sénégal alors qu'elle avait perdu ainsi à l'Euro, elle a inversé le score face au Mali comme contre l'Espagne. Mais oui, avoir l’expérience d’une finale UEFA est une chose importante. On en connaît l’environnement, on sait comment cela va se passer avant avec la FIFA. Déjà la presse est là, plus nombreuse, avec beaucoup de sollicitations à la clé. Donc, on ne va pas perdre d’énergie à découvrir tout cela.

On attend des joueurs qu’ils soient bien à l’écoute de ce que l’on va mettre en place, et si on fait le nécessaire, cette finale, on la gagnera.

 

Quelles seront les clés de cette finale, selon vous ?
Je m'attends à un très beau match, entre deux équipes qui se respectent, mais aussi à un match sérré, difficile, âpre, comment on en a l'habitude contre l'Allemagne. L'Allemagne a fait un très beau parcours de son côté, dans une partie de tableau relevée. Il va falloir rester hermétique, comme on sait bien le faire, bien défendre pour ne pas prendre de but, surtout sur leurs attaques rapides, les phases de transition sur lesquelles ils sont performants. Donc être solide, et ensuite on aura des opportunités. On ne marque pas beaucoup de buts mais on a réussi à marquer à des moments très importants dans nos matches, de manière un peu chirurgicale. S'il faut encore en passer par-là demain, on signe tout de suite. Chacun aura ses temps forts et il faudra être performants dans ceux que l'on aura. On se prépare à ça, on met des choses en place, défensivement et offensivement. L'aspect énergétique va aussi beaucoup jouer sur la durée du match. C'est le septième en vingt jours, c'est une charge pour les garçons, et avec la chaleur ça n'est pas simple à gérer. 

Vous êtes au pied de la dernière marche, la plus importante, la plus difficile ?
Être en finale d’une Coupe du monde invite déjà à profiter de l’événement car cela n’arrive pas tous les matins. Cela ne nous est plus arrivé depuis vingt-deux ans dans cette catégorie, c'est la deuxième fois en quarante ans, on ne l'a gagnée qu'une fois. C'est un événement. Alors on va tout faire pour ne pas rater cette dernière marche. On ne doit pas jouer ce match différemment en pensant qu'il est plus important que les autres, on doit le jouer en pensant au moment présent, pas à l’après, en profitant pleinement de tout. On attend des joueurs qu’ils soient bien à l’écoute de ce que l’on va mettre en place, et si on fait le nécessaire, cette finale, on la gagnera. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs.

3
Avec 3 buts, Joan Tincres est le meilleur buteur tricolore dans ce Mondial.
3
Ismaïl Bouneb est le meilleur passeur des Bleuets avec 3 passes décisives.
53
Le nombre d'arrêts réalisés par Paul Argney dans cette Coupe du monde.

(Photo GETTY IMAGES/FIFA).

Vos joueurs réalisent-ils vraiment ce qu'ils sont en train de vivre ? 
On vit quelque chose d’extraordinaire, mais on est dans notre bulle et quand on est ainsi, on travaille énormément, on switche très vite d’une journée sur l’autre, on profite peu, on savoure peu. On reste focus sur l’essentiel, sur le jeu et les matches. Même nous, le staff, on ne se rendra compte de tout cela qu’en rentrant chez nous, en regardant les matches avec la vision de la télé et non plus la vision du terrain. Les joueurs apprécieront plus tard, aussi. La richesse de cette Coupe du monde, avec des adversaires différents, européens, africains, asiatiques, leur aura permis de découvrir différentes cultures tactiques, différentes cultures foot. Pour leur progression, c'est vraiment ce qu'il y a de mieux. 

Votre épopée ne passe pas inaperçue dans l'Hegaxone, vous le ressentez malgré l'éloignement ? 
J’avais 120 messages sur WhatsApp à la fin du match contre le Mali. J’ai répondu à tous. C’est allé crescendo au fil de la compétition et je l’ai dit aux joueurs : cela a commencé par un petit encart dans le journal L’Équipe et aujourd’hui on est pleine page. Près de 300 000 téléspectateurs ont suivi en direct notre demi-finale. C’est top. Le travail des joueurs est récompensé par cette lumière mise sur cette génération et sur ce qu’elle accomplit depuis un an et demi maintenant. Ce sont de sacrées performances. Je suis très fier du groupe et du staff. »

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La France joue sa deuxième finale de Coupe du monde U17 après celle gagnée en 2001.
21
Le nombre de trophées UEFA/FIFA remportés par les sélections tricolores de jeunes.

Il y a vingt-deux ans...

Le 30 septembre 2001, l'équipe de France U17 soulève pour la première et seule fois à ce jour la Coupe du monde de sa catégorie, dans la nuit de Port of Spain, à Trinité-et-Tobago. Quelques mois plus tôt, la troupe conduite par Jean-François Jodar s'était hissée en finale de l'Euro (défaite 0-1 contre l'Espagne). D’abord battus par le Nigeria (2-1) lors de ce Mondial, les Bleuets se qualifient pour le 2e tour grâce à des succès sur les Ėtats-Unis (5-3) et le Japon (5-1). Puis ils éliminent le Brésil (2-1), tenant du titre, en quarts de finale, et se jouent de l’Argentine (2-1) en demi-finales. De nouveau opposés au Nigeria en finale, les Tricolores s’offrent une victoire (3-0) en guise d’apothéose, avec des buts de Florent Sinama-Pongolle, Anthony Le Tallec et Samuel Piètre. 

Les champions du monde 2001
- Gardiens : Florent Chaigneau (Stade Rennais), Mickaël Fabre (Bologne FC).
- Défenseurs : Jérémy Berthod (Olympique Lyonnais), Julio Colombo (Montpellier HSC), Kevin Debris (Le Havre AC), Laurent Mohellebi (AS Monaco), Jacques Faty (Stade Rennais, cap.).
- Milieux : Stéphen Drouin (FC Nantes), Emerse Faé (FC Nantes), Gaël Maïa (Girondins de Bordeaux), Mourad Meghni (Bologne FC), Samuel Piètre (Paris SG), Hassan Yebda (AJ Auxerre).
- Attaquants : Chaouki Ben Saada (SC Bastia), Luigi Glombard (FC Nantes), Kevin Jacmot (Olympique Lyonnais), Anthony Le Tallec (Le Havre AC), Florent Sinama-Pongolle (Le Havre AC).
- Sélectionneur : Jean-François Jodar

Les souvenirs de Jean-François Jodar

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