L’immense défi

Les Bleues disputent, mercredi à Séville, leur première finale de compétition officielle face aux championnes du monde espagnoles pour ouvrir le palmarès de la Ligue des nations féminine (19 heures, W9). Exaltant. 

 LE CONTEXTE  
Y'a de la joie

Même la pluie n’a pas estompé les sourires sur leurs visages ce week-end et c’est logique. De retour samedi après-midi au CNF Clairefontaine après avoir décroché la veille à Lyon leur billet pour la finale de la Ligue des nations grâce à leur belle victoire contre l’Allemagne (2-1), les Bleues ont savouré. « C’est historique, on avait à cœur de remporter ce match face à une très bonne équipe, agressive et pleine de qualités. On a su répondre présentes pour jouer la finale, se félicitait la défenseure Sakina Karchaoui, seconde buteuse tricolore. Ce sera l’Espagne, une grande nation et un beau match en perspective. » Pour une première finale en compétition officielle de cette Équipe de France féminine qui a coché son premier objectif mais ne compte pas s’arrêter là. Parties lundi après-midi en direction de Séville, avec Vicki Becho qui a remplacé Sandy Baltimore dans le groupe, les joueuses ont poursuivi leur préparation sous le soleil andalou où elles ont découvert mardi la Cartuja de Sevilla, théâtre de la finale, ce soir. Il y a cinq jours, près de 22 000 personnes ont assisté à la demie contre les Pays-Bas (3-0 pour la Roja), nul doute que le public sera encore nombreux.

La célébration des Bleues sur l'ouverture du score vendredi soir en demi-finale contre l'Allemagne (photo Julien BOUARD / APL / FFF).

 LE MATCH   
Un soir pour l'histoire

À Séville, une ville où le football français a écrit l’une des pages les plus douloureuses de son histoire, les Bleues espèrent marquer la leur. Ce choc contre l’Espagne oppose les deux meilleures nations européennes du moment et représente une opportunité inédite d’ouvrir le palmarès tricolore avec un titre dans une compétition qui vit sa première édition. « C’est une compétition importante, c’est nouveau donc les gens ont peut-être encore du mal à en prendre conscience mais pour moi, l’équipe qui gagne (sera) championne d’Europe, explique la meilleure buteuse de l’Équipe de France féminine Eugénie Le Sommer, qui portera le brassard en l’absence de Wendie Renard. On écrit l’histoire de l’Équipe de France, on en est conscientes et très heureuses mais on est venues pour gagner. Passer cette demi-finale nous rapproche de cet objectif. » 

La marche sera haute contre les championnes du monde en titre mais la France aime ce statut d’outsider qui lui réussit plutôt bien. Elle aborde ce rendez-vous avec confiance, forte de son invincibilité dans cette campagne de Ligue des nations (6 succès, 1 nul). « Je nous sens confiantes, reprend l’attaquante des Bleues. On nous a beaucoup parlé de ce plafond de verre avant mais je ne m’en soucie pas et n’ai pas l’impression que ce soit quelque chose qui nous pèse. » « Nous avons un énorme challenge à relever. Jouons nos chances à fond, on a de la qualité, beaucoup de qualités. Croyons en nous, a martelé Hervé Renard en conférence de presse. C’est exceptionnel de vivre ce moment. On pratique le foot pour vivre cette adrénaline. Quand elle est là, il ne faut pas avoir peur. Il faut respecter l’adversaire mais avoir une envie folle de le battre. »

 LES CHIFFRES À CONNAÎTRE 

 L'ADVERSAIRE    
L'Espagne vise le doublé

Il y a un an, la Roja, depuis longtemps promise à un bel avenir, n’avait encore rien gagné. La Coupe du monde en Australie est passée par là et avec ce titre, les Espagnoles se sont installées au sommet du football féminin mondial. « Elles ont pratiqué le plus beau football. Qu’elles soient championnes du monde, ce n’est que justice », estime Hervé Renard qui a analysé le jeu de son adversaire. « Une équipe qui marque beaucoup » (26 buts en Ligue des nations), « encaisse aussi beaucoup de buts » (9), « un collectif redoutable dans la récupération, la projection, la transition ». 

Qualifiées pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 grâce à leur place en finale, Jennifer Hermoso, Aitana Bonmatí, Ballon d’Or féminin 2023, et Ona Batlle, buteuses en demies, voudront confirmer leur statut et enchaîner un deuxième titre six mois après le Mondial et les conséquences de l'affaire du baiser volé (grève des joueuses, changements de gouvernance et structurels...).

Les Espagnoles Salma Paralluelo et Aintana Bonmati lors de la qualification face aux Pays-Bas (photo pressinphoto / ICON SPORT). 

Selon leur sélectionneure Montserrat Tomé, nommée début septembre en remplacement de Jorge Vilda, l’excès de confiance ne les menace pas. « Nous savons que nous avons affaire à un grand adversaire. Nous connaissons les caractéristiques de la France, ses forces et ses faiblesses. L'ensemble du staff est convaincu que l'équipe n'est pas décontractée, a-t-elle déclaré devant les médias. Elle est confiante et préparée. La France possède des joueuses capables de se déplacer très rapidement. Nous devons être très attentifs et très conscients de ces transitions. » La dernière confrontation entre les deux nations, le 31 août 2019 en amical à Clermont-Ferrand, en avait été l’illustration notamment sur le second but tricolore signé Delphine Cascarino (2-0).