Le parcours des Bleus à l'Euro 1996

Bâtie sur de solides fondations défensives, l'Équipe de France entrevoit son renouveau en Angleterre, où elle va se hisser jusqu'en demi-finale.

  Les Bleus donnent le ton  

Pour leur entrée dans la compétition, les Bleus ont droit à du lourd : la Roumanie, quart-de-finaliste de la Coupe du monde 1994, que la France a suivie devant la télévision. Emmenée par le milieu offensif du FC Barcelone Gheorghe Hagi, alors surnommé le « Maradona des Carpates », mais aussi par Gheorghe Popescu, son coéquipier en Catalogne, Dan Petrescu, défenseur du Chelsea FC…

Zinédine Zidane n’aborde pas la compétition dans les meilleures dispositions, lui qui doit se remettre d’un accident de voiture. De fait, l’Équipe de France entre prudemment dans la rencontre.

Bien organisée, solide, compacte, elle va ouvrir la marque par Christophe Dugarry. À l’entrée de la surface, sous la pression de deux défenseurs, le Bordelais profite du long centre de Youri Djorkaeff mais aussi de la sortie imprudente du gardien Bogdan Stelea pour placer sa tête dans le but vide. Plus rien ne sera marqué. À défaut de briller, la France a réussi son entrée.

Duel de capitaines entre Didier Deschamps et Georghe Hagi (photo archives FFF).

  Juste un contretemps, vraiment ?  

Et si les Bleus avaient perdu l’Euro à Leeds ? Un succès sur l’Espagne et la qualification pour les quarts de finale aurait d’ores et déjà été atteinte dès le deuxième match. Ce qui aurait permis à Aimé Jacquet de faire tourner son effectif lors du troisième, ce qu’il fera d’ailleurs deux ans plus tard à la Coupe du monde 1998, avec le bonheur que l’on sait…

Entreprenants, bien organisés, en confiance également après leur succès inaugural face aux Roumains, les Français placent les premières banderilles, à l’image de cette frappe vicieuse de Vincent Guérin détournée difficilement par Andoni Zubizarreta. Au retour des vestiaires, l’ouverture du score signée Youri Djorkaeff, d’une subtile frappe de l’extérieur du pied droit, débloque la rencontre.

Tenue en échec par la Bulgarie (1-1), l’Espagne se retrouverait dans une très mauvaise posture en cas de revers face à la France. Dugarry n’est pas loin de doubler la mise de la tête mais à cinq minutes de la fin, Caminero reprend un ballon mal dégagé et sa frappe trompe Bernard Lama. Face à la Bulgarie, qui a battu et éliminé la Roumanie un peu plus tôt (1-0), la défaite sera interdite pour les Bleus !

  La Bulgarie, sans trembler    

Quand ils pénètrent sur la pelouse de St-James’ Park, les Bleus savent à quoi s’en tenir. Une victoire et c’est la première place du groupe B assurée. Un nul et ils seraient qualifiés puisqu’ils devanceraient la Roumanie mais aussi la Bulgarie à la faveur d’un meilleur coefficient UEFA calculé sur la base des qualifications à la Coupe du monde 1994 mais aussi aux Championnats d’Europe 1992 et 1996. En revanche, une défaite et l’Espagne, qui affronte la Roumanie à la même heure à Leeds, risque fort de leur chiper la deuxième place.

Affronter la Bulgarie, c’est convoquer un très mauvais souvenir. En novembre 1993, c’est cette équipe qui avait écarté les Bleus de la Coupe du Monde 1994 aux USA. Mais Emil Kostadinov, leur bourreau, est sur le banc et Luboslav Penev, seul au second poteau, rate l’immanquable sur un service de Yordan Letchkov. A la 20e minute, Laurent Blanc s’élève plus haut que tout le monde pour reprendre victorieusement de la tête un corner de Youri Djorkaeff. 

Les esprits s’échauffent et Hristo Stoïtchkov n’est pas le dernier à mettre de l’huile sur le feu. Borislav Mihailov, le gardien bulgare, maintient les chances de son équipe en repoussant un lob délicieux de Christophe Dugarry, parti en contre, juste avant la mi-temps. Mais il doit à nouveau s’incliner sur une tête de son coéquipier Penev, sous la pression de Laurent Blanc (2-0, 63e).

Un coup-franc somptueux de Stoïtchkov, six minutes plus tard, permet aux Bulgares d’entretenir l’espoir. Mais les Bleus vont tenir et à la dernière minute du temps réglementaire, Patrice Loko, qui avait remplacé Dugarry, profite d’un service de Christian Karembeu, son ancien coéquipier à Nantes, pour aller dribbler Mihailov et ponctuer la qualification française, d’une frappe du gauche (3-1, 90e). Premiers de leur groupe, voici les Bleus en quart de finale.

  Et Lama bondit...  

En ce samedi 22 juin 1996, dans le mythique Anfield, théâtre de ce match intense et indécis, les Bleus, sur le papier et dans les têtes, sont favoris : avec une défense de fer et une série en cours de vingt-six matches sans défaite, la confiance règne. De leur côté, les Pays-Bas viennent de s’incliner lourdement (1-4) face à l’Angleterre lors de leur dernier match de poule.

Mais la rencontre est fermée. En première comme en seconde mi-temps, les occasions sont rares et il faut attendre la 84è minute pour voir ce match s’emballer avec une main indiscutable de Marcel Desailly dans la surface. L’arbitre espagnol n’accorde toutefois qu’un coup franc aux Néerlandais qui faillit être décisif puisque le puissant tir de Philipp Cocu est détourné sur le poteau, sauvant Bernard Lama et ses coéquipiers. Lire la suite...

L’équipe de France a laissé beaucoup de forces pour se hisser jusqu’en demi-finale. Trop ? Privée de Didier Deschamps, touché à un mollet, mais aussi de Christophe Dugarry, blessé également et de

  Frustant du début à la fin...  

 Christian Karembeu, suspendu, elle n’a jamais été en mesure de percer le mur tchèque Un mur amoindri, lui aussi, puisque Bejbl, Kuka, Latal et Suchoparek sont également suspendus.

Les tribunes seulement à moitié pleines d’Old Trafford ne poussent pas les vingt-deux acteurs à se lâcher. Les initiatives sont rares. En première période, les essais de Youri Djorkaeff frôlent à deux reprises les montants de Kouba.

Le temps passe, arrive la séance de tirs au but. Les dix premiers tireurs, cinq Français et cinq Tchèques, transforment leur essai sans trembler. Reynald Pedros, lui, choisit de frapper en force, à terre, du pied gauche. Kouba a senti le coup de repousse son tir. Kadlec, son capitaine, finit le travail. Les Bleus ne retrouveront pas l’Allemagne en finale.

Sabri Lamouchi et Lilian Thuram (à terre) à la lutte avec le capitaine tchèque Vaclav Nemecek (photo archives FFF).

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