France-Maroc, soir de gala

Pour leur deuxième demi-finale de Coupe du monde en trois éditions, les Bleus de Didier Deschamps se mesurent mercredi à une incroyable équipe du Maroc, meilleure défense du tournoi et tombeuse de l’Espagne puis du Portugal (20 heures, TF1).

 LE CONTEXTE   
Portés par la qualif’ 

La nuit de samedi à dimanche a été courte au camp de base de l’Équipe de France où joueurs et membres du staff ont été accueillis par la désormais traditionnelle haie d’honneur du personnel de l’hôtel. Gala crachait fort dans la sono et les Bleus, à l’image d’un Antoine Griezmann rayonnant, ont savouré leur qualification contre l’Angleterre (2-1) à défaut de sommeil. « En pleine forme ? Je ne sais pas car hier c’était un match difficile qui nous a beaucoup demandé physiquement, a répondu dimanche matin sur le plateau de Téléfoot, le milieu Aurélien Tchouaméni, auteur de l’ouverture du score en quarts de finale. Au retour, on a mangé et on s’est retrouvé en chambre pour débriefer. Après les matches, c’est souvent compliqué de dormir, surtout dans une Coupe du monde où il y a davantage d’adrénaline. » « C’est magnifique, il faut savourer ces moments-là », confiait au coup de sifflet final le sélectionneur Didier Deschamps, conscient de devoir laisser une respiration à son groupe avant de basculer sur la demi-finale face au Maroc. C’était donc repos et récup’ avec une légère séance à huis clos avant le retour sur les terrains lundi puis mardi, déjà en veille de match. Certains, dont les corps ont été bien sollicités, sont restés aux soins (Upamecano lundi et mardi, Tchouaméni lundi, Rabiot mardi).

 L’ENJEU   
Dernière marche avant la finale

Hugo Lloris, Olivier Giroud et Raphaël Varane, ici contre l'Angleterre, vont tenter de conduire la France en finale (photo ANP / ICON SPORT). 

L’Équipe de France aborde cette troisième demi-finale en six ans avec l’habitude des rendez-vous à ces altitudes, contrairement au Maroc. Le raccourci avec le statut de favori est vite fait mais Didier Deschamps le balaie d’un revers de la main : « C’est du 50-50, le Maroc a autant de chances que nous de jouer la finale. » « Les deux équipes ont tout à perdre, il s’agit d’une demi-finale de Coupe du monde, une occasion unique, prolonge le capitaine Hugo Lloris. C’est déjà une réussite pour eux d’en être arrivés là mais croyez-moi ils en veulent plus. Ils auront envie de passer en finale pour devenir des héros dans leur pays. » Les Bleus de 2022 aussi en rêvent. Dans leur bulle depuis le début de la compétition, encadrés par les membres du staff, ils sont attentifs au moindre détail. Entraînement, récupération, alimentation, préparation des matches et moments plus légers de vie de groupe, voici le quinté gagnant jusqu’ici. « Plus on avance dans la compétition, plus on se rapproche de quelque chose de fort et de grand, plus on a envie de poursuivre l’aventure, glisse le capitaine. On est tous excités. » Un grand défi les attend mercredi soir. Et pour gagner le droit de défendre son titre contre l'Argentine au stade Lusail, dimanche, l’Équipe de France pourra compter sur l'expérience de ses cadres et la fougue de sa jeunesse. « Il faudra de la patience mais aussi attaquer fort et essayer de percer ce mur marocain le plus tôt possible tout en gardant un équilibre pour éviter les contre-attaques, détaille Lloris. Et après, se faire plaisir ensemble, dans l’effort et la difficulté, et se surpasser en équipe. » Pour n’avoir aucun regret.

 L’ADVERSAIRE  
Le Maroc, une page d’histoire 

La délivrance pour les Marocains, qualifiés pour les quarts de finale à l'issue des tirs au but face à l'Espagne (photo PA Images / ICON SPORT).

Première nation du continent africain à se hisser dans le dernier carré d’une Coupe du monde, le Maroc, 22ème au classement FIFA, réalise une performance majuscule. Il y a, bien sûr, le fait de figurer parmi les quatre dernières équipes en lice pour le titre tant convoité mais aussi et surtout le superbe parcours réalisé. Dans le groupe F, les Lions de l’Atlas ont accroché la Croatie, finaliste de l’édition 2018, pour leur entrée en lice (0-0), battu la Belgique (2-0), 2e nation FIFA et troisième il y a quatre ans, et le Canada (2-1), s’offrant ainsi la première place. Les joueurs de Walid Regragui ont ensuite éliminé deux prétendants : l’Espagne conduite jusqu’à la séance de tirs au but (0-0, 3 tab 0) puis le Portugal de Cristiano Ronaldo, samedi dernier (1-0). « Si le Maroc en est là, ce n’est pas un hasard », juge le défenseur Raphaël Varane. « On ne peut qu’avoir de l’admiration et du respect pour son parcours, reconnaît Hugo Lloris. C’est une équipe qui a beaucoup de qualités. »

Zoom sur le Maroc

Parmi elles, forcément, sa solidité puisqu’elle possède la meilleure défense du tournoi avec un seul but encaissé… contre son camp. « Cette équipe a une capacité à très bien défendre et ses adversaires n’ont pour l’instant pas trouvé la solution pour marquer. Il ne faut cependant pas la réduire à cet aspect défensif car elle n’en serait pas là si elle n’avait pas d’autres qualités, notamment offensives, tempère le sélectionneur Didier Deschamps. C’est l’équipe qui a le mieux défendu avec une organisation rationnelle où ils se trouvent bien et qui leur a permis de bien défendre et de faire mal à tous leurs adversaires. » Solide et solidaire, proposant du jeu, porté par un pays et un stade où près de 14 000 supporters sont attendus, le Maroc croit fort en ses chance. Peu importe que les rencontres passées aient laissé des stigmates sur les corps et que les jambes soient un peu lourdes, les joueurs vont être boostés par l’adrénaline et l’envie. Comme depuis l’ouverture du Mondial.

 L’œil de Guy Stéphan : 

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