Étienne Mattler : « Je me souviendrai toujours des fruits de Santos »
Le défenseur international français (46 sélections entre 1930 et 1940) raconte, dans L'Auto en mai 1938, ses souvenirs du grand voyage en Amérique du Sud. Sa première Coupe du monde avant de vivre celle de 1934 et 1938.
En 1930, Étienne Mattler n’est pas encore le défenseur expérimenté qui conduira l’Équipe de France pendant ses trois premières phases finales. Il ne comptait alors qu’une seule sélection et fut aligné à droite, alors qu’il était arrière gauche à Sochaux. En mai 1938, dans L’Auto, il raconte ses souvenirs du grand voyage en Amérique du Sud.
« Quel beau voyage ! Quatorze jours de mer, escales à Barcelone, puis à Rio et enfin à Santos. Je me souviendrai toujours des fruits de Santos. Pour vingt sous, les indigènes nous vendaient un panier entier d’oranges, un régime de bananes ou un ananas gors comme ça. Jamais l'Équipe de France n’avait fait une telle consommation de fruits ! »
Le tournoi commence par une victoire encourageante sur le Mexique (4-1). « Chantrel, qui avait pris la place de Thépot dans les buts, fit un match remarquable et nous sidéra tous ! Nos avants étaient déchaînés puisque Maschinot marqua deux buts, Langiller et Lucien Laurent chacun un. »
La défaite face à l’Argentine (0-1) ne laisse finalement pas beaucoup de regrets. « Quel match, mes amis ! Bien entendu, les Argentins étaient les grands favoris. Mais je crois bien que l’Équipe de France, dans toute sa carrière, avait rarement joué une rencontre aussi héroïque. Aussi homérique, pourrais-je dire. »
Après l’incident de la fin de match sifflée prématurément, les six minutes manquantes rejouées furent plutôt tendues : « Cette décision ne fit pas l’affaire des joueurs argentins. Leur capitaine piqua même une crise de nerfs et dut être emporté hors du terrain ! Inutile d’ajouter que ces six minutes pathétiques furent à notre avantage. L’incident nous avait littéralement galvanisés. Mais nos avants eurent beau multiplier leurs efforts, Delfour eut beau envoyer un bolide sur la barre, nous ne pûmes égaliser. »
Le dernier match face au Chili (0-1) a laissé moins de souvenirs marquants à Mattler, qui par contre n’a pas oublié le match amical joué au retour face au Brésil : « En nocturne, au stade de Fluminense à Rio, si nous nous inclinâmes finalement (3-2), nous avions mené 2-0 dans le courant du match. À ce moment, la foule du Brésil qui, un mois plus tôt, nous avait prédit des râclées invraisemblables, n’en croyait pas ses yeux ! »
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