Philippe Lafrique : « Le futsal féminin a aussi de l’avenir »

Le référent futsal du Comex revient sur le plan de développement de la discipline, ouvrant la voie à la structuration de la pratique féminine à l’heure de la première finale du Challenge national féminin futsal, samedi 1er avril.

« Vous avez présenté les conclusions des travaux d’élaboration de développement du futsal de la FFF pour la période 2023-2025. Quel est l’objectif de ce plan d’envergure ?
C’est le deuxième étage de notre fusée futsal. Je ne dis pas qu’elle est prête encore à atteindre la lune mais elle va offrir un bel horizon à nos clubs, nos licenciés, nos joueurs et nos joueuses. Sous l’impulsion de Noël Le Graët, on avait mis en place en 2017 un premier plan de développement qui a permis à la fois de renforcer les performances de l’élite, que ce soient les clubs, notre championnat de D1 futsal et, bien évidemment, l’Équipe de France, mais aussi de dynamiser la pratique au sein des territoires. Aujourd’hui, le futsal se développe très fort un peu partout en France, les indicateurs montrent que ses licences sont parmi celles qui progressent le plus, quelles que soient les catégories. Les clignotants sont au vert et il nous semblait nécessaire de changer de braquet. L’objectif de ce deuxième plan est de développer encore davantage le futsal afin qu’il soit reconnu, structuré, compétitif et pratiqué sur l’ensemble du territoire auprès du public le plus large possible. On a encore des zones un peu moins pourvues en compétitions, en équipes… Ce sont elles que ce plan doit nous permettre de toucher, pour motiver l’ensemble des territoires. Ce plan a été construit collaborativement avec Hubert Fournier et ses services de la Direction technique nationale, la Ligue du Football Amateur et les clubs. Il s’articule autour des six thématiques que sont le haut niveau, la formation, le développement de la pratique, les compétitions, la structuration et la promotion. 

Quel sont les axes forts, prioritaires, de ce plan ?
Premièrement, nous voulons poursuivre l’amélioration de la structuration de nos clubs, continuer à les accompagner et à leur fournir des clés pour se développer. Dans ce sens, nous allons entreprendre une refonte de la licence club afin de soutenir la structuration des clubs de l’élite. Il est indispensable de réviser son format et son montant pour un déploiement lors de la saison 2024-2025, avec une phase transitoire lors de la saison prochaine. Le Comité exécutif de la FFF a, également, donné son accord pour la création d’un deuxième pôle futsal. La FFF a été précurseure en 2018 quand elle a ouvert le premier, dirigé par Raphaël Reynaud. Aucune autre fédération en Europe ne dispose d’une telle structure fédérale. Ce pôle France de Lyon est désormais bien installé. Il a permis de former des jeunes qui ont grandement contribué à la qualification de notre sélection nationale U19 pour une première phase finale de championnat d’Europe la saison dernière et de se qualifier à nouveau pour le prochain Euro, en septembre prochain. C’est un levier important pour la formation et le haut niveau, pour nos sélections mais aussi pour nos clubs. Notre objectif est de consolider la pyramide du haut-niveau justement en accompagnant davantage les jeunes joueurs à fort potentiel, en optimisant le maillage territorial, les zones de recrutement et en rendant l’offre d’excellence plus accessible. Preuve que l’on va dans la bonne direction, nombre de ligues sont intéressées et ont manifesté un intérêt pour accueillir ce futur nouveau pôle. Enfin, la troisième mesure phare est la structuration de la pratique féminine. 

La phase finale de la Copa Coca-Cola, en octobre dernier (photo DR).

Comment comptez-vous la développer ?
Le futsal féminin a de l’avenir, nous en sommes convaincus à la FFF. On a jusqu’à présent très peu de licenciées, autour de 2 000, alors que l’on a un potentiel énorme. On le voit aux niveaux scolaire et universitaire. Les jeunes filles adorent – comme les jeunes garçons d’ailleurs – lorsqu’elles découvrent la discipline. Le futsal est le sport collectif numéro 1 en UNSS, chez les filles comme chez les garçons. On le voit aussi dans le football d’animation, dans nos districts et nos ligues, les petites adorent pratiquer : on le constate sur les plateaux organisés à Noël, par exemple. On a aussi une demande légitime de la part des clubs de pouvoir se confronter lors de compétitions nationales. C’est pour cela que l’on avait mis en place depuis 2020, avec notre partenaire Coca-Cola, le premier tournoi de futsal masculin et féminin d’envergure nationale, la Copa Coca-Cola. Cette année, on a franchi une étape supplémentaire avec une nouvelle compétition dont on connaitra l’épilogue ce samedi : le Challenge national féminin futsal (voir le programme ci-dessous). C’est un gros succès avec plus de trois-cents équipes engagées dans chacune de nos treize ligues métropolitaines. C’est une première pierre avec, en finale, des jeunes filles qui ne font déjà que du futsal et d’autres qui viennent encore du football à onze. Cela préfigure un championnat de France féminin à terme, une fois que nous aurons suffisamment de clubs structurés. Cette première compétition nationale futsal servira aussi de socle à la création à très court terme à notre sélection nationale féminine futsal. En adéquation avec nos objectifs, tant pour la pratique féminine que pour sa présence sur la scène internationale, il est indispensable pour la FFF de disposer d’une telle sélection en vue des prochaines échéances (la première édition de la Coupe du monde FIFA en 2024 et l’Euro 2025 féminins). Cette présence à l’international permettra d’engager une dynamique nationale en fédérant les clubs. »