Abdessamad Mohammed : « Impatient de lancer la saison »

L'Équipe de France Futsal lance sa saison par un match amical contre la Croatie samedi à Laval (19h00). Le pivot des Bleus parle de ce premier rendez-vous, des progrès de la sélection et de ses objectifs.

« On se trompe si on vous dit que le groupe France a des fourmis dans les jambes avant ce premier rendez-vous de la saison ?
Non, vous ne vous trompez pas. On le voit dans la préparation, elle a été très intense cette semaine à Clairefontaine. Tout le monde a fait une bonne préparation, tout le monde a envie d’être présent et acteur du projet qui a été mis en place depuis un an maintenant. On a vraiment hâte de jouer ce match contre la Croatie, en plus à Laval (sourire). C’est une bonne chose de se retrouver en sélection. On sait qu’on a un objectif à moyen-long terme avec cet Euro 2026 en ligne de mire. Voilà, c’est une nouvelle saison qui démarre ce week-end. Les qualifications à la Coupe du monde arrivent vite et même très très vite [le 8 octobre contre la Norvège à Laval et le 12 octobre en Serbie]. L’idée est de très bien se préparer contre la Croatie et ainsi pouvoir entamer ces qualifications de la meilleure des manières parce que nous sommes dans une poule compliquée. Mais on a toutes nos chances donc une bonne prestation contre les Croates nous permettrait d’aborder le premier match de qualification dans de bonnes dispositions.

Mentalement, on aborde les matches avec beaucoup plus d’assurance et d’optimisme, beaucoup moins d’appréhension et de peurs.

 

Cette impatience palpable est-ce le signe que vous étiez sevrés de matches à enjeu ?
C’est un mélange de pas mal de choses. C’est d’abord le fait de pouvoir tester ce nouveau projet dans une adversité à enjeu en effet, dans le cadre de « qualifs », d’autant que nous avons hérité d’ adversaires compliqués à jouer. On a rencontré la Norvège l’année dernière dans un contexte un peu particulier puisque que c’était l’après-Covid. Je n’avais pas été sélectionné pour ces deux matches à Paris mais je les avais suivis. Cela n’avait pas été simple mais on les avait gagnés [1-0 et 6-2]. On part donc quand même confiants mais humbles. Ensuite la Serbie est un adversaire qui ne nous réussit pas jusqu’à présent. C’était pareil avec la Slovénie qu’on est enfin parvenu à battre en avril à Toulon [2-1]. C’est le bon moment pour renverser la tendance mais c’est vrai que le premier match en Serbie va être costaud. On a cette feuille de route en tête et aujourd’hui, c’est un mélange d’impatience, de pouvoir mesurer nos progrès, et aussi de se confronter à la compétition. Les matches amicaux c’est bien mais la compétition c’est unique. 

Ce match contre la Croatie se présente donc comme une répétition générale ?
Comme le sélectionneur l’a dit, c’est effectivement une répétition générale. La Croatie est une nation qui a fait belle figure au dernier championnat d’Europe. C’est quand même un mastodonte du futsal européen [15e au classement mondial]. C’est une nation que l’on a battue il y a presque cinq ans jour pour jour, dans un match resté dans la toutes les mémoires puisqu’il avait permis de nous ouvrir les portes de l’Euro 2018, de qualifier l’Équipe de France Futsal pour la première phase finale de son histoire. C’était mémorable. Si ça peut raviver des souvenirs et nous pousser encore un peu plus à aller dans la direction où on a l’ambition d’aller, on signe tout de suite.

Les Bleus fêtant leur victoire à l'Umag Futsal Cup en janvier dernier (photo Ludovic BRUNEAU/FFF).

La saison dernière, vous avez remporté le Tournoi des 4 nations, l’Umag Futsal Cup, battu l’Italie, la Slovénie et tenu tête au numéro 1 brésilien (défaite 2-3). Cela vous a donné beaucoup de confiance ?
La saison dernière a apporté beaucoup de choses. Elle a rebattu déjà les cartes pour tout le monde. Cela nous a permis à tous de nous remettre en question, de rétablir des objectifs personnels, individuels et collectifs bien sûr. Le coach est quelqu’un de très exigeant. Il nous suit en club, il suit nos performances, il regarde tout. En tant que joueur, même en club, en championnat, on n’a pas vraiment le droit de se relâcher. La moindre faille on est examiné et c’est une bonne chose. 

En quoi, précisément, l’Équipe de France a progressé la saison dernière ?
Déjà premier point je dirais mentalement : c’est un facteur qui est très important en futsal. Mentalement, on aborde les matches différemment, avec beaucoup plus d’assurance, beaucoup plus d’optimisme, beaucoup moins d’appréhension et de peurs. Ca a été un énorme progrès. Nos qualités sont toujours là. Après, je dirais que l’on s’est amélioré athlétiquement. L’arrivée d’Arnaud [Gaillard, préparateur athlétique] a vraiment fait du bien. On voit qu’en un an l’équipe s’est transformée  physiquement. On bosse pour continuer, bien sûr. Et tactiquement j’ai l’impression également que tout le monde connait son rôle dans l’équipe et sait ce qu’il a à faire. Donc au final, ça fait pas mal de progrès et ça s’est vu aussi sur le contenu et les résultats tout au long de la saison.

Si je dois rester à 52 buts et que l’on se qualifie pour la Coupe du monde, le record je m’en contrefiche.

 

Comment décririez vous ce groupe France qui est en train de se façonner ?
Plus la compétition approche et plus le groupe va être resserré. C’est normal. C’est la concurrence. Pour l’instant ça n’a pas beaucoup bougé car il n’y a pas encore eu beaucoup de matches de championnat mais ça ne veut pas dire que ça va rester comme ça toute l’année. En tous cas ceux qui sont là vont tout faire pour garder leur place.

Vous avez marqué 52 buts en Équipe de France, le but c’est une obssession ?
Ce n'est pas une obsession mais c’est quand même un objectif personnel tant que cela respecte le jeu et que cela respecte l’équipe. C’est sûr que j’ai envie de marquer à chaque fois que je joue. Normal. On ne marque pas de but si on ne pense pas à marquer. Le record de buts d’Alexandre Teixeira [voir ci-dessous] ? Franchement cela viendra avec le temps, si ça doit venir. C’est dans un coin de ma tête parce que je n’en suis pas très loin mais si je dois rester à 52 buts et que l’on se qualifie pour la Coupe du monde, le record je m’en contrefiche.

Déjà coéquipiers en sélection nationale, Abdessamad Mohammed et Souheil Mouhoudine (au centre) le sont aussi de nouveau en championnat à Laval, comme à ACCS de 2017 à 2021 (photo Ludovic BRUNEAU/FFF).

Avec Louis Marquet et Souheil Mouhoudine, vous serez comme à la maison à Laval. Parlez-nous de ce nouveau projet…
On est lavallois d’adoption avec Souheil maintenant. C’est vrai que Louis nous a très bien accueillis. Tous les Lavallois aussi. On a senti beaucoup d’affection. Vraiment c’est un département qui respire la bienveillance, qui est passionné de futsal. C’est une chose que j’ai remarquée en arrivant. Même en déposant les enfants à l’école, on voit des petits avec le survêtement de l’Étoile lavalloise. On est vraiment très heureux, et moi à titre personnel je suis ravi d’avoir atterri là-bas. On a hâte de jouer devant notre public. Le projet lavallois est un projet que je suis depuis pas mal d’années. Je suis en contact avec le président assez régulièrement. Moi, j’avais besoin d’un projet qui me permette de concilier une vie familiale de qualité avec un projet sportif ambitieux. C’est ce que j’ai trouvé là-bas. Les présidents sont très investis, l’entraîneur aussi est un gros bosseur. Si là-haut ça bosse, forcément à tous les étages ça suit.

Je ne sais pas si la France a sa place à la Coupe du monde, en tous cas on va tout faire pour s’en faire une.

 

L’Espace Mayenne affichera complet, à Toulon la salle était comble aussi en avril dernier face au Brésil, le public répond présent…
On sent beaucoup plus d’engouement autour de notre équipe. Déjà on remercie tous ceux qui nous suivent, qui ne peuvent pas être présents au match mais qui nous suivent régulièrement. On sent un élan autour de cette Équipe de France. À Laval, les matches de l’Étoile lavalloise sont combles aussi. Les gens ont été sevrés de futsal depuis la fin de la saison dernière donc ils ont hâte qu’on arrive, et moi aussi parce que pour l’instant, la salle de l’Espace Mayenne, je ne l’ai vue que vide. Le bâtiment est magnifique, la salle est très belle, l’agencement, les supporters sont assez proches. C’est vraiment une arène et j’espère qu’on va s’approprier cet endroit le plus vite possible parce que c’est un outil fantastique pour nous les joueurs. C’est vraiment de bon augure pour la suite. 

L’objectif cette saison, on l’a compris, est de franchir le premier tour de qualification pour la Coupe du monde. La France est actuellement 19e au classement mondial : a-t-elle sa place aujourd’hui à la Coupe du monde ?
Je ne sais pas si la France a sa place, en tous cas on va tout faire pour s’en faire une. En tant que compétiteur on veut aller à la Coupe du monde, c’est un objectif qui est clair. Maintenant, on n’a jamais été qualifié donc ce serait prétentieux de dire qu’avec des bons résultats depuis un an qu’on a notre place ou non. La place, il faut aller la chercher, toujours avec humilité et respect envers les nations qui sont régulièrement qualifiées et qui ont l’habitude d’y être. On est vraiment motivés, optimistes. On a hâte que ça commence, je le répète. »