ÉQUIPE DE FRANCE FUTSAL

Raphaël Reynaud :  « Il faudra désormais compter avec la France »

mercredi 29 juin 2022 - 12:52 - Jérôme MILLAGOU
Equipe de France Futsal Raphaël Reynaud

Nommé en août au poste de sélectionneur, Raphaël Reynaud fait le bilan d’une saison 2021-2022 qui a vu les Bleus franchir de nouveaux paliers et mettre en place les bases d’un projet ambitieux à l’horizon de l’Euro 2026.  

« Démarrée en septembre à Paris contre la Norvège à huis-clos en pleine pandémie Covid, et achevée à Toulon dans une salle pleine, contre les quintuples champions du monde brésiliens, cette saison a vu l’Équipe de France remporter dix des douze matches qu’elle a disputés. Quelles enseignements en tirez-vous ?
Déjà que le bilan est très positif. On a un ratio de matches joués et de victoires très intéressant. Si on nous l’avait proposé en début de saison, on aurait signé tout de suite. On a commencé par deux victoires contre la Norvège (1-0 et 6-2). Ensuite on est allé gagner en Italie (3-2), ce n’est pas rien. On a gagné le Tournoi des 4 nations puis un autre tournoi en Croatie (l'Umag Nations Cup), en janvier. Et on a terminé notre saison par la Slovénie et le Brésil avec deux prestations de qualité. Les résultats sont satisfaisants, c’est le premier point. Je trouve aussi que le bilan est positif du point de vue du contenu puisqu’on a pu mettre en place et proposer une évolution, un projet de jeu identifié à toutes les sélections. On a reçu un accueil très favorable de la part des joueurs avec une appropriation assez rapide de leur part. Donc, que ce soit en terme de résultats ou en terme de contenu, on ne peut être que satisfait de ce que l’on a pu proposer et du déroulé de la saison.

Dès votre prise de fonction, vous avez exposer votre projet ambitieux d’ici l’Euro 2026 et les étapes pour y parvenir. Après cette première saison, l’Équipe de France est-elle dans les temps de passage, en avance, en retard ?
« On est dans les temps de passage. On avait identifié, en effet, les différentes étapes. Cette saison, on était sur une première étape de construction, que ce soit en termes de renouvellement de groupe, en termes d’état d’esprit, d’ambitions. L’un des objectifs, aussi, de la saison était d’être capable de se construire d’un point de vue athlétique et d’un point de vue structurel. C’est ce que l’on a fait. Donc, aujourd’hui, oui je peux dire qu’on est dans les temps de passage par rapport à tous ces éléments-là.

Cette saison, une victoire a marqué les esprits, celle en Italie, la première fois que l’Équipe de France battait une nation aussi bien classée. Y’a-t-il eu ainsi des moments charnières dans la saison ?
La victoire en Italie (3-2, le 18 novembre à Salsomaggiore Terme) est pour moi essentielle. Au-delà de la réaction qu’a montré l’équipe après la défaite de la veille (6-1). Elle est essentielle à mes yeux parce qu’elle valide les intentions. On aurait pu venir en Italie en défendant dur, en étant attentistes, en ayant un projet de jeu minimaliste. Cela n’a pas été le cas. Cette victoire a validé nos intentions et notre projet de jeu. Et derrière, c’est plus facile de travailler, justement, en s’appuyant sur cette victoire et sur le jeu proposé. Ce succès nous a permis de jouer, ensuite, face à des nations relevées telle que la Slovénie ou le Brésil en ayant les mêmes intentions de jeu et en ayant un groupe, un staff qui adhèrent totalement à l’orientation que l’on souhaitait donner. Cette victoire en Italie a été un vrai déclencheur. Elle a libéré une force sur laquelle on peut désormais s’appuyer. 

10
victoires en douze matches pour les Bleus cette saison, pour deux défaites
53
buts marqués, pour 34 encaissés en douze matches joués

Kévin Ramirez, le capitaine, lors de la victoire en Italie en novembre (photo Ludovic BRUNEAU/FFF).

Quelle importance accordez-vous au premier trophée glané dans le cadre du Tournoi des 4 nations en décembre ?
Dans l’envie d’avoir un état d’esprit conquérant, cette victoire est importante. Aux Pays-Bas, qui se préparaient à organiser leur Euro, avec la Belgique, qu’on avait pas souvent battue, et l’Allemagne, qui elle aussi a un projet ambitieux dans le futsal, on a produit un futsal offensif, spectaculaire. Ce tournoi valide aussi nos intentions de jeu et l’idée aussi de faire passer un message : il faut désormais compter sur la France comme nation émergente du futsal. Bien sûr, on sait très bien que l’apprentissage et la progression seront longs et compliqués, qu’il y aura aussi des moments difficiles. En revanche, on sait où on veut aller et comment y aller. Cette étape-là, cette première ligne au palmarès de ce Tournoi des 4 nations, marque vraiment, je me répète, nos intentions en termes d’état d’esprit, de conquête et elle donne un indicateur fort aux grandes nations du futsal. 

L’Équipe de France n’a pas été vraiment mise en difficulté cette saison, hormis en Italie. Quelle réflexion cela vous inspire t’il ?
Cela confirme juste qu’on a un potentiel. Le potentiel joueurs est là, on le sait. Mais le haut niveau, c’est une constance. Le haut niveau, c’est arriver à être sûr des ses forces et à valider collectivement le potentiel individuel. On n’a pas été mis vraiment en difficulté cette saison c’est vrai mais c’est dû à notre état d’esprit et au fait, aussi, que l’on sait où l’on va.

On a été respecté par le staff brésilien et l’ensemble de l’équipe brésilienne. On a été respecté par cette grande nation, par la plus grande nation du futsal mondial.

 

La saison aurait pu se terminer en apothéose. Vous n’êtes pas passés loin d’accrocher le numéro 1 de la discipline, le Brésil (2-3 le 6 avril à Toulon)...
Attention, on est encore loin de cette équipe-là qui était diminuée, il faut pas l’oublier, privée de ses deux meilleurs joueurs, certainement, Pito et Ferrao. Il faut rester lucide par rapport à cela. On est encore loin du Brésil même si ca reste un match de futsal et qu’en l’occurrence, il a été plutôt équilibré. On méritait peut-être un petit peu plus ce jour-là, mais il nous reste beaucoup de travail à faire, un vrai travail de construction, de consolidation. Le deuxième point à souligner est que l’on a été respecté par cette grande nation, par la plus grande nation du futsal mondial. On a été respecté dans les intentions de jeu, on a été respecté par le staff brésilien et l’ensemble de l’équipe brésilienne. À l’issue du match, on a vraiment senti que les choses étaient en train de changer, que la France aujourd’hui se positionne, qu'elle est respectée et sera respectée à l’avenir. Pour moi, ce sont les deux points intéressants à retenir et qui doivent nous encourager dans notre projet.

Une image du France-Brésil perdu 2-1 par les Tricolores en avril au Palais des Sports de Toulon (Photo Sulyvan MANFROI/APL/FFF).

La France est revenue dans le Top 20 mondial cette saison (19e). Est-elle à sa place ?
Oui, oui, on est à notre place dans le Top 20. Après, je pense qu’il y a encore quelques places à gratter notamment au niveau européen pour rentrer dans les dix et puis ensuite on franchira les étapes petit à petit. On est sur une constante progression et on compte bien progresser encore. Mais aujourd’hui, on est à notre place.

Sur quels axes estimez-vous que l’Équipe de France a le plus progressé cette saison ?
On a d’abord progressé dans notre identité, dans le fait de définir quelle est notre ligne. Chaque joueur, aujourd’hui, sait précisément ce qu’il a à faire par rapport au projet de jeu qu’on a affiché et que l’on souhaite mettre en place. Chaque joueur sait exactement quels sont les points qu’il peut et qu’il doit apporter au groupe et au projet. Et chaque joueur, enfin, est fixé sur les points qu’il doit encore améliorer et les points de vigilance. C’est pour moi essentiel pour construire l’avenir. On a progressé aussi d’un point de vue athlétique, avec l’apport du préparateur physique (Arnaud Gaillard) qui est de plus en plus en lien avec les clubs. C’est une donnée très intéressante. On a progressé aussi dans notre relation globale avec les clubs. Ce n’est pas encore parfait mais on s’y attache et il est important pour nous de progresser sur cette relation. Les clubs progressent et on progresse avec eux. On a progressé aussi, il me semble, mentalement, dans notre approche des événements. Aujourd’hui, on est sûr de pouvoir aborder n’importe quel match avec l’idée de le gagner.

A contrario quels sont les secteurs où vous estimez que la marge de progression est conséquente ?
Très clairement, dans l’amélioration du collectif. C’est la deuxième étape du projet. La saison prochaine, on va resserrer un petit peu le groupe pour construire un vrai collectif vraiment huilé. On va aller vers beaucoup plus de complémentarité, vers plus de connaissance des uns par rapport aux autres. On va aller vers l’affinage, dans le détail et j’estime que c’est dans le détail que la marge de progression est énorme.

26
joueurs ont été convoqués lors de la saison 2021-2022
9
joueurs ont connu leur première cape internationale*
9
Abdessamad Mohammed est le meilleur buteur avec 9 réalisations**

*Lokoka, Marquet, Alla, Benslama, Faupin, Medjahed, Tchaptchet, Touré (Paris ACASA), Menendez.
** Devant Souheil Mouhoudine (6 buts), Landry N’Gala et Ronny Zakehi (5 buts(. Nelson Lutin et Mamadou Touré (4 buts)...

Votre projet de jeu est transversal. Il englobe, vous le disiez, l’ensemble des sélections. Quel regard portez-vous sur la saison des U19 et des U21 ?
Je pense sincèrement que c’est ça la force fédérale, la force du projet de jeu qu’on a proposé. On l’a présenté aux sélections régionales U15, aux sélections U18, au Pôle France Futsal. C’est le projet des sélections, c’est le projet du pôle, le projet des U19, des U21. C’est une synergie, une vision commune qui doit amener notre Équipe de France à être super performante dans le cadre et avec ce projet de jeu fédéral. Ce n’est pas nouveau : avec les U19 et les U21, c’est une identité que l’on travaille depuis des années. Là, c’est vrai, on est récompensé avec les U19 qui se sont qualifiés pour la première fois pour un championnat d’Europe (la phase finale est programmée du 4 au 10 septembre à Jaén en Espagne). Cette équipe est aujourd'hui respectée, forte et avec des ambitions élevées. Les U21 ont réalisé aussi une belle saison avec une victoire au Portugal notamment. On peut vraiment féliciter les sélectionneurs Clément Lerebours et Pierre-Etienne Demillier. 

Vous avez profité du dernier stage de la saison au Centre technique Henri-Guérin en Bretagne pour basculer sur la saison prochaine. Quelles en seront les grandes lignes ?
Ce qui nous attend, c’est un resserrement du groupe, un investissement total dans le futsal des joueurs qui vont constituer cette équipe et un calendrier copieux avec des échéances importantes : les qualifications à la Coupe du monde 2024 (dates et lieu à déterminer), le Tournoi des 4 nations avec un titre à défendre et pourquoi pas un tournoi très relevé aussi à l’étranger. On est dans l’attente du tirage des éliminatoires la Coupe du monde prévu le 7 juillet (au siège de l’UEFA à Nyon à 13h30) pour pouvoir peaufiner notre calendrier et tout mettre en place pour se donner le maximum de chances de faire une bonne première partie de qualifications, et retrouver la saveur des matches de compétition. Ce sont des choses que l’on n’a pas encore travaillées en temps réel : le jeu et l’enjeu. Pour l’instant, au niveau du jeu, on est bien. Maintenant, comment va-t-on allier le jeu avec l’enjeu ? On le saura en septembre. Mais j’ai confiance dans le groupe. Les joueurs, mentalement, sont des guerriers et on va relever ce challenge avec délectation.

À titre personnel, quelle est l’image, l’émotion qui vous reste en tête à l’issue de cette première saison à la tête de l’Équipe de France Futsal ?
Je retiens essentiellement la solidarité et le plaisir de travailler avec le staff, de très grande qualité, constitué cette saison autour de l’Équipe de France pour porter notre projet. S’il fallait retenir une image, ce serait peut-être le match contre la Slovénie. Parce que, là aussi, c’était la première fois que l’on réussissait à battre cette nation. Donc l’image que je retiendrai, c’est la fin de ce match contre les Slovènes. C’est donc tout ça que je veux retenir : un projet collectif avec les joueurs et aussi avec le staff. »

Le groupe France après la victoire à l'Umag Nations Futsal Cup (photo Jérôme MILLAGOU/FFF).

 

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